
5 choses que Jean Paul Gaultier a apporté à la mode
Hommage à ce créateur unique qui fête aujourd'hui ses 73 ans
24 Avril 2025
”Ce sont toujours les personnes mal habillées qui sont les plus intéressantes” disait un jour Jean Paul Gaultier. Pourtant Dieu sait que s’il y a bien une figure aussi bien habillée qu’intéressante, c’est l’Enfant terrible de la mode. 5 ans après son départ de la direction créative de sa marque éponyme, et quelques jours seulement après l’annonce de l’arrivée de son successeur Duran Lantink, JPG fête aujourd’hui ses 73 printemps. 73 printemps auxquels on croit difficilement vu l’énergie infinie et la peau qui ne cède pas aux lois de la gravité de notre taureau ascendant balance préféré. Pourtant, ils sont bien vrais, et ont vu grandir, se développer et se consolider une carrière aujourd’hui internationalement reconnue et appréciée. Profitons donc de cet anniversaire pour faire un retour en arrière sur 5 choses que Jean Paul Gaultier a apporté à la mode, des pièces devenues de grands classiques à des changements profonds dans les codes de la couture et de la société.
La marinière
Qu’elle soit bleue, noire, rouge, à lignes épaisses, fines, très serrées ou très éloignées, la marinière est présente dans n’importe quelle garde-robe. Pourtant, la vraie marinière, l’originelle, celle aux rayures indigo que portaient les marins au XVIIIème siècle doit le succès dont elle jouit aujourd'hui encore au seul et unique Jean Paul Gaultier. Si elle plaisait déjà beaucoup à Coco Chanel, à Brigitte Bardot avec son look iconique dans Le Mépris composé d’une marinière portée sous un gilet bleu et d’un bandeau assorti, ou encore à Yves Saint Laurent, qui l’emmena sur les podium en 1966 avec sa collection “Matelot”, elle devint très vite la signature de JPG. Obsédé par ce motif depuis sa plus tendre enfance, il transformera la marinière en véritable emblème de la mode dès 1978, lors de son premier défilé masculin. Présentée tantôt en simple t-shirt, tantôt en robe dégradée, tantôt en trompe-l’œil, on peut dire que Jean-Paul Gaultier a décliné la marinière de toutes les façons possibles, et l'a présentée sous toutes ses formes et toutes ses coutures. Et quand le couturier décida de lancer son premier parfum Le Mâle en 1995, quoi de mieux pour décorer le flacon qu’une marinière qui semble ne faire qu’un avec le fameux buste iconique des parfums de la marque? Bref, inutile de dire qu’aujourd’hui, quand on pense Jean-Paul Gaultier, on pense grand sourire et cheveux rasés, mais on pense surtout marinière.
Les iconiques soutiens-gorges coniques de Madonna
L’une des caractéristiques les plus intéressantes de l’Enfant terrible et de sa mode est sa volonté de montrer ce que le monde essaye d’habitude de cacher. En est l’exemple le plus parlant le soutien gorge conique de Madonna, devenu célèbre en 1990 tandis que la star de la pop débute sa tournée “Blond Ambition” en partant du Japon. Conçu à l’origine non pas pour Madonna mais bien pour la peluche du créateur Nana, le soutien-gorge conique devient très vite un symbole de liberté, d’émancipation, mais surtout de la couture de Gaultier. Si la pièce fait sa première apparition dès 1983, dans la collection Barbès FW84 de la marque, c’est surtout la version satinée portée par la chanteuse qui la rendra mondialement connue et reconnue. Dès lors, le fameux soutien gorge n’a cessé d’être revisité maintes et maintes fois par le créateur, parfois copié (non non collection SS25 de Dolce&Gabbana promis on ne parle pas de toi), jamais égalé. En 2012, Gaultier en proposait une version revisitée pour l’ouverture de la tournée “MDNA” de la chanteuse, tandis qu’en 2018, c’était Madonna elle même qui rendait hommage au vêtement lors de sa performance au Met Gala, vêtue d’un corset et bien sûr du fameux soutien gorge, dans un camaïeux de blanc pur, simple mais pourtant si complexe.
Les tenues de scène les plus mémorables de Mylène Farmer
Mais Madonna n’est pas la seule artiste à avoir fait chavirer le cœur et l’aiguille de Gaultier. L’autre muse incontestée du grand JPG se trouve elle aussi Outre-Atlantique: la brûlante Mylène Farmer, originaire du Canada. Leur histoire d’amitié commence en 1991, alors que le couturier l’habille pour le clip de Je t’aime mélancolie, dans lequel elle est vêtue d'un porte-jarretelle, d'une guêpière et d'une ceinture, le tout en cuir noir. Cette première collaboration entre les deux artistes marquera le début d’une longue série: en 1996, la chanteuse portera de nouveau du JPG pour son clip de Comme j’ai mal, suivi des kimonos pour le clip de L'Âme-Stram-Gram en 1999, de la robe de Optimistique-moi en 2000, ou encore des deux tenues du clip Lonely Lisa en 2011. Mais bien évidemment, la chanteuse ne se limite pas à porter les créations de Gaultier devant une caméra. Non, elles méritent bien plus. Elles méritent de briller sous la lumière artificielle des projecteurs, elles méritent d’être observées en mouvement par des milliers de spectateurs. La star confia donc à Jean Paul Gaultier la création des costumes de ses trois derniers shows, le Tour 2009, Timeless 2013 et la résidence à Paris La Défense Arena en 2019. Parmi ces costumes, on retrouve par exemple le costume écorché, semblable à un corps humain dont la peau à été arrachée, des ensembles corset/jarretelle dangereusement glamour et splendides sur une femme libérée, une combinaison en velour tout aussi sexy ou encore une combinaison futuriste blanche portée par la star entourée de robots danseurs. Une histoire de mode, mais aussi d’amour et d’amitié belle et profonde, qui mènera même jusqu’au (faux) mariage des deux artistes à la fin du défilé FW12 de Jean Paul Gaultier.
La réinvention de la parisienne et l'apparition de la bourgeoise encanaillée
Vous l'aurez compris, des silhouettes de Madonna à celles de Mylène Farmer en passant par celles qu'il présente sur les podiums de la Fashion Week de Paris: Jean Paul Gaultier n'aime pas beaucoup les filles sages. Ou plutôt les filles sages ne le restent pas très longtemps en compagnie de l'Enfant terrible et de ses créations. Mais s'il y a bien une chose que le créateur aime, c'est la France, Paris, sa liberté outrageuse, son chic inné, ses danseuses de French Cancan et sa folie réprimée. Et cette ville qu'il aime tant, il lui rend hommage à travers des robes et des accessoires décorés d'une Tour Eiffel, des bas résilles accompagnant des tenues à plumes rappelant l'âme joueuse de Pigalle, ou encore la revisite d'élégantes pièces appartenant à la garde robe de chaque parisienne qui se respecte. Des Champs Élysées à Montmartre en passant par le Marais, la femme Gaultier est profondément libre, sûre d'elle, belle, et fière d'être Française.
Mais aussi des silhouettes androgynes, une mode unisexe, et des jupes pour tous
Si Jean Paul Gaultier n’avait pas peur des corsets bien serrés, de la lingerie apparente, et de mettre en avant une féminité sans limite, assumée et débordante, le monde de la mode et le monde tout court doit aussi à l’Enfant terrible une ouverture d’esprit fracassante et avant-garde, communiquée à travers des silhouettes androgynes et une mode pour tous. En 2025, grâce à des figures influentes comme Jules Koundé ou encore des marques progressiste comme Thom Browne, imaginer un homme avec une jupe ne semble pas si dingue que cela. Mais dans les années 80, quiconque de sexe masculin aurait osé dévoiler ses jambes à l’aide d’une jupe bien coupée aurait été pointé du doigt, critiqué et pris pour un fou. Mais alors qu'est-ce qui s’est passé entre-temps ? Et bien la réponse tient en 3 mots: Jean Paul Gaultier. Les jupes de Gaultier font leurs premières apparitions dans sa collection FW85, dans laquelle il présente une jupe tailleur portée par un homme, accompagnée d’une chemise blanche et de mocassins. Mais pas de jaloux. Les corsets eux-aussi sont adaptés aux bustes masculins, et sont déclinés de toutes les façons possibles, parfois transparents, parfois en jean, parfois uni.