
Le Mâle de Jean Paul Gaultier s’expose dans une rétrospective sensorielle
La Maison propose une exposition immersive gratuite, entre marinières, libération des corps et parfums iconiques
13 Juin 2025
Du 12 au 15 juin, Jean Paul Gaultier nous emmène en voyage. Un voyage olfactif, mais aussi un voyage dans le temps. 30 ans après la sortie de son parfum Le Mâle, créé en collaboration avec le parfumeur Francis Kurkdjian en 1995, la Maison Gaultier ainsi que le groupe Puig auquel il appartient nous portent aujourd'hui dans une rétrospective visuelle et parfumée, avec l’exposition Et Gaultier créa l’homme - Le Mâle : Passé, Présent, Futur. Une exposition gratuite, organisée au sein du QG de la Maison (situé 325 Rue Saint-Martin dans le 3ème arrondissement), qui promet déjà de faire vibrer tous nos sens. La rétrospective s’articule en plusieurs parties, comme le parfum et ses notes de tête, de cœur et de fond. L’exposition commence dans le passé, un passé empreint d’une nostalgie aigre-douce avec la présence de créations inspirées de l’emblème de Jean Paul Gaultier: la marinière. En plus d’avoir imprégné les collections du créateur, le motif à rayures a également décoré le flacon de Le Mâle, dans un hommage indirect à Cocteau, Genet, Fassbinder et tous ces hommes qui ont fantasmé sur les corps des marins. Symbole de la déconstruction de la masculinité traditionnelle, la marinière s’oppose aux normes conventionnelles, et devient très vite l’uniforme de créateur, mais aussi sa signature. Au premier étage, les visiteurs découvrent ensuite un espace conçu par Pepo Moreno et son “studio pipi”, une réplique de son atelier en hommage aux célèbres messieurs et dames pipi des toilettes parisiennes présentant une accumulation de corps, de graffitis et de muscles. Une rencontre torride dans la salle de bain d’un vestiaire, dans des toilettes publiques, dans un environnement où le corps désinhibé règne en maître et où des parfums nouveaux se créent et se respirent.
L’expérience continue avec la découverte de 3 ambiances qui se succèdent comme les notes d’un parfum et ses notes de tête, notes de cœur, et notes de fond. La note de tête représente la première rencontre avec le parfum, la partie la plus immédiate de la pyramide olfactive, incarnée par un environnement immersif, ludique et surréaliste. cette partie de l'exposition présente l'expérience de l'essence originelle et brûlante du Mâle : la transgression. Le lexique théâtral cher au créateur s'enroule autour de ses créations les plus emblématiques, montrant comment l'enfant terrible de la mode n'a cessé de défier, déconstruire, mélanger, jouer avec les codes de la « masculinité » depuis sa première collection de vêtements pour hommes en 1984 et ses hommes-objets. Si l’exposition s’articule autour du parfum, la mode androgyne célébrant tous les corps, sans honte et sans limite, de l’enfant terrible est également mise à l’honneur. Des bustiers en métal aux corsets pour hommes en passant par les jupes unisexes, tout se mélange : les genres, les cultures, le chic et le populaire, le passé, le présent et le futur. Nous continuons notre épopée avec « Le Festival de Can », une installation monumentale créé par des artiste diplômés de l'École Cantonale d'Art de Lausanne, utilisant le vocabulaire d'un espace industriel et d'un échafaudage urbain comme toile de fond pour présenter des photographies qui réinterprètent Le Mâle.
Après la note de tête arrive la note de coeur, la plus voluptueuse, celle qui donne à la composition son caractère, sa personnalité, son émotion globale. Une note qui est incarnée dans l’exposition par l’environnement immersif « Tu sens bon, tu sais », dédiée à l’exploration de la construction olfactive du Mâle. Ce qui nous amène à la note de fond, le socle de sa composition, la partie la plus dense et intense de la pyramide olfactive, également appelée signature. Une signature qui s’incarne dans « Le Mâle Factory », une dernière installation qui invite les visiteurs à explorer l’héritage laissé par le couturier et à pénétrer dans un environnement performatif et provocateur. Elle le fait à travers un fil conducteur clair et défini: la culture que Jean Paul Gaultier a défendue avec éloquence et liberté tout au long de sa carrière, l'homoérotisme, la séduction, le métissage culturel, la rue et l'histoire queer. Le Mâle Factory met en lumière des artistes contemporains qui perpétuent l'esprit transgressif qui a défini et rendu célèbre l'enfant terrible de la mode. On y retrouve notamment le travail de l'artiste iranien Alireza Shojaian, dont le travail remet en question les préjugés de la société à l'égard des identités masculines non hétéronormatives, celui de l'artiste germano-égyptien Mahmoud Khaled, qui présente une série de vingt photographies en noir et blanc en gros plan révélant des scènes de strip-tease; ou encore l'artiste-cinéaste Léolo Victor-Pujebet, figure de proue de la jeune scène gay arty-porn européenne, qui présentera un film projeté lors de l’exposition. Dans un mélange de mode, parfumerie, histoire, patrimoine, masculinité à l’état pur mais surtout authenticité, Et Gaultier créa l’homme - Le Mâle : Passé, Présent, Futur est une incroyable occasion non seulement pour Jean Paul Gaultier de célébrer une carrière iconique pleine de succès, mais surtout pour le public de découvrir gratuitement un petit bout de son histoire, peut-être encore inconnu de certains.