
Pinault pourrait-il abandonner la direction de Kering?
Selon les rumeurs, c'est une possibilité, mais le PDG actuel conserverait la présidence
13 Juin 2025
Les manœuvres de Kering pour rétablir sa situation non seulement se poursuivent, mais s’accélèrent. Désormais, selon un rapport de Challenges relayé aussi par AFT et MF Fashion, François-Henri Pinault, actuel président et CEO du groupe Kering envisagerait de céder la direction opérationnelle de la société, tout en conservant la présidence du conseil d’administration. Une abdication qui marquerait la fin d’une ère entamée en 2005, lorsqu’il succéda à son père François Pinault à la tête de l’ex-PPR (devenu ensuite Kering), le transformant en le deuxième plus grand empire du luxe au monde. Un changement de pilote qui resterait néanmoins sur le plan de la stratégie opérationnelle, car Pinault resterait président, et parce que les rumeurs ne semblent pas concerner le Groupe Artemis, soit la holding familiale des Pinault qui “contient” Kering, mais aussi Puma, Courregès et Giambattista Valli ; la maison de vente Christie’s et la Pinault Collection ; six producteurs de vin dont Château Latour et Puligny-Montrachet ; une compagnie de croisières, deux journaux, une maison d’édition, la Creative Artist Agency à Hollywood, un club de football de Ligue 1 française ainsi qu’une société d’investissement tech et plusieurs start-up. Bref, si Kering a des problèmes, la puissance des Pinault est loin d’être menacée dans son existence.
Le possible passage de relais intervient, comme nous le disions, à un moment délicat pour Kering. Au premier trimestre 2025, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 3,88 milliards d’euros, en baisse de 14 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ce chiffre s’inscrit dans une tendance négative qui depuis des mois inquiète analystes et investisseurs : les ventes continuent de chuter à deux chiffres et le titre a perdu environ 45 % de sa valeur en bourse sur l’année écoulée. Dans ce contexte, la pression des actionnaires s’est intensifiée, poussant Pinault à envisager une réorganisation à la tête pour relancer l’activité d’un groupe désormais grevé de 10,5 milliards de dettes. Les difficultés du groupe, au-delà de celles causées par la crise du luxe, proviennent de la forte dépendance de Kering à Gucci, qui représentait à un moment donné 40 % ou plus des ventes totales, et qui, en chutant, a entraîné tout le reste. Pour échapper à cette dépendance, Kering a massivement investi générant ainsi des dettes qui ont désormais fragilisé le groupe même sur les marchés – au point que ces deux derniers mois, les informations sur les manœuvres du groupe pour se libérer de ses difficultés financières en se séparant d’actifs immobiliers de prestige se sont multipliées.
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Selon les sources, pour gérer la sélection du nouveau CEO, Kering s’est appuyée sur la société de chasseurs de têtes Jouve qui mène la délicate tâche d’évaluer un successeur. Fidèle à une longue tradition du groupe de promouvoir les talents internes, la méga-manager Francesca Bellettini, déjà directrice générale adjointe de Kering, responsable du développement des Maisons et de la coordination des directeurs généraux de toutes les Maisons. (ce qui signifie qu’elle supervise l’ensemble du département mode du groupe), ainsi que Jean-Marc Duplaix, également vice-CEO et actuel directeur des opérations. Tous deux sont des dirigeants ayant travaillé aux côtés de Pinault pendant des décennies, avec d’importants succès à leur actif. La présence d’une société de chasseurs de têtes montre toutefois que Kering envisage également des profils externes. Ce qui aurait du sens, étant donné que le groupe doit peut-être essayer de faire les choses différemment avec une perspective nouvelle.