Shein a reçu l'approbation du gouvernement britannique pour faire son entrée en bourse

Il y a quelques jours, le géant chinois de la fast fashion Shein a reçu l’approbation de la Financial Conduct Authority britannique pour son entrée à la Bourse de Londres. C’est une étape majeure pour l’entreprise, qui avait entamé le processus en juin dernier. Comme pour toute affaire récente, les plans de la marque devront également surmonter les obstacles posés par les tarifs de Trump, le président américain qui, depuis son investiture en janvier dernier, a imposé de lourds droits de douane sur toutes les exportations. Sur les marchandises chinoises, les États-Unis imposent actuellement une incroyable taxe de 145 %, en plus de règles plus restrictives sur les expéditions duty free du pays. Shein a confirmé au gouvernement chinois l’approbation de la FCA et doit maintenant attendre que la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières soutienne également son entrée en Bourse. Avant les tarifs de Trump, l’entreprise connaissait une période florissante, avec des ventes dans plus de 150 pays et une valorisation qui, en 2023, s’élevait à 66 milliards $. Le problème maintenant, ce sont les tarifs imposés sur les envois vers les États-Unis (l’un des marchés les plus importants pour Shein), qui risquent d’éliminer la caractéristique même qui a permis à la marque de devenir un phénomène : les prix bas.

Bien que Shein ait déplacé son siège à Singapour en 2022, elle doit désormais attendre le feu vert des autorités chinoises car la majorité des centres de production avec lesquels elle collabore se trouvent en Chine. Aucun de ces centres n’appartient à l’entreprise, et il s’agit de milliers d’usines, environ 5800 fournisseurs tiers, ce qui a obligé Shein à demander l’approbation de Pékin pour son introduction en Bourse. La décision suivra donc les règles de Pékin pour les entreprises chinoises opérant à l’étranger, a expliqué une source extérieure à Routers, appliquées sur une base de « prévalence de la substance sur la forme ». Sur cette base, des autorités extérieures à la CSRC telles que la Commission nationale pour le développement et la réforme ou l’autorité de régulation de la cybersécurité pourraient influencer la décision finale de la Chine concernant l’entrée en Bourse de l’entreprise, car ce sont elles qui supervisent les participations étrangères dans les entreprises locales.

Le principal problème pouvant entraver la course de Shein à la Bourse de Londres concerne Trump et sa signature pour l’abrogation du de minimis. À partir du 2 mai, les petites expéditions (d’une valeur totale inférieure à 800 $) en provenance de Chine et de Hong Kong ne pourront plus entrer aux États-Unis sans frais de douane – un facteur qui influençait radicalement les prix bas de Shein en Amérique. En réponse à ce changement, Shein a commencé à rechercher des fournisseurs hors du pays, au Brésil, en Turquie et au Vietnam, mais le gouvernement chinois, craignant que le transfert n’impacte trop le taux de chômage, s’oppose à ce déménagement. L’introduction en Bourse de l’entreprise à Londres pourrait être encore repoussée à la seconde moitié de 2025, rapportent plusieurs sources à Reuters. L’an dernier, Shein avait même tenté une introduction en Bourse aux États-Unis, un projet qu’elle a dû rapidement abandonner car les législateurs du pays auraient enquêté sur des accusations présumées de travail forcé et de travail des enfants dans la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise. Face à tous ces obstacles, Shein était prête en février dernier à réduire sa valorisation à 50 milliards $, soit 16 milliards de moins qu’il y a deux ans. Pour savoir ce que l’avenir réserve à Shein, il faudra attendre la décision de la CSRC (et des autres autorités concernées).