
La France pense que l’Italie vit un "miracle économique" Un argument sans fondement qui séduit une partie de l’électorat du pays
Au cours des derniers mois en France, l’idée – erronée – s’est partiellement répandue selon laquelle l’Italie vivrait une sorte de « miracle économique » sous le gouvernement Meloni. Cette narration circule surtout dans les milieux conservateurs et radicaux, où certains soutiennent qu’avant de mettre en garde la population française face à une possible ascension de l’extrême droite, il serait plus sensé d’évaluer les résultats des gouvernements qui en partagent l’orientation – comme précisément celui de l’Italie.
C’est une position qui, en France, attire une partie de l’électorat, surtout dans un moment historique caractérisé par une méfiance croissante envers les institutions. L’actuel Premier ministre français Sébastien Lecornu traverse une période de grande instabilité politique : il était entré en fonction une première fois début septembre, mais avait démissionné de manière inattendue après moins d’un mois faute d’un soutien suffisant. Macron – en tant que Président de la France – l’avait ensuite nommé à nouveau le 10 octobre, mais deux partis (La France Insoumise, de gauche radicale, et le Rassemblement National, d’extrême droite) avaient présenté des motions de censure, toutes deux ensuite rejetées.
Ce qui ne va pas dans la politique économique de l’Italie
Domani, in prima pagina di @libe:
— nonleggerlo (@nonleggerlo) November 16, 2025
Giorgia Meloni: il miraggio economico.
Elogiata dalla destra e dall'estrema destra per i suoi risultati, la premier italiana cavalca le riforme dei suoi predecessori e beneficia di massicci aiuti dell'Unione europea.
Il vero-falso miracolo… pic.twitter.com/R4o6bFwoR6
La France n’a jamais connu une majorité d’extrême droite, mais utiliser l’exemple italien pour soutenir qu’un tel gouvernement serait en soi inoffensif, ou même efficace dans certains domaines (comme celui de l’économie), constitue une distorsion non négligeable. Le déficit italien est effectivement mieux géré que le déficit français, à ce jour, mais la dette publique du premier reste bien plus élevée et la croissance économique est essentiellement stagnante depuis longtemps – malgré une stabilité gouvernementale assez atypique pour les standards italiens.
Le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni, et en particulier le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti, se voit généralement attribuer le mérite d’avoir maintenu une gestion prudente des finances publiques : les dépenses ont été contenues et le déficit réduit afin de respecter pleinement les règles européennes, suivant dans certains cas une ligne encore plus rigoureuse que celle suggérée par la Commission. Mais il y a un bémol. Après la quatrième loi de finances signée par le gouvernement Meloni, un autre aspect de la stratégie économique de l’exécutif apparaît avec une clarté croissante : l’absence quasi totale de réformes structurelles ou de mesures capables de stimuler la croissance du pays – et c’est un problème majeur.
D’où vient la théorie du « miracle économique » italien
La narration, devenue populaire en France, autour du prétendu « miracle économique » italien provient surtout du fait que le gouvernement Meloni a fait preuve d’une grande prudence dans sa politique budgétaire. Toutefois, la question est plus complexe : ce qui manque dans l’approche économique de l’exécutif, ce sont des réformes ambitieuses en faveur des entreprises (petites comme grandes), de la productivité et des investissements. Confindustria a qualifié la croissance du pays d’« anémique », et la même position a été exprimée par d’autres institutions publiques chargées de surveiller la politique économique du gouvernement, comme la Banque d’Italie ou la Cour des comptes. De plus, selon de nombreux observateurs, les prévisions déjà limitées de croissance du PIB italien (0,5 % en 2025, 0,7 % en 2026 et en 2027) risquent d’être même trop optimistes.
Selon ce qu’affirme le quotidien français Libération, le gouvernement Meloni aurait bénéficié des mesures approuvées par les gouvernements précédents, en particulier celui de Mario Draghi, ainsi que des contributions européennes, décisives pour éviter que le pays ne tombe en récession. Ce que la majorité met en œuvre n’est donc pas un modèle économique réussi et n’offre aucune raison de penser qu’une éventuelle ascension de l’extrême droite en France serait sans douleur, même si elle suivait l’exemple italien.
























