
Qu'est-ce qu'une "bakery rave" et pourquoi deviennent-elles si populaire en France ?
Les discothèques sont out, faites places aux DJ sets croissant à la main en plein milieu de l'après-midi
16 Avril 2025
Un croissant à la main, un matcha latte dans l’autre, et se déhancher sur du EDM? Voici la nouvelle tendance des "bakery rave" qui est en train de redéfinir les codes de la fête. Le concept est simple: des DJ s’invitent dans les boulangeries et mixent en plein après-midi, devant un public sobre qui carbure aux viennoiseries et au jus d’orange. Les extraits de ces sets font un carton sur les réseaux sociaux, accumulant des centaines de milliers de vues. Il semble que les soirées les plus tendances ne sont plus dans les boîtes de nuit traditionnelles mais dans des cafés, glaciers, boulangeries ou encore musées. Plus l’endroit est insolite, plus il attire cette nouvelle génération de fêtards en quête d'alternatives. Mais comment expliquer ce succès retentissant? Autant la Gen Z que les Millennials sont fatigués de la routine traditionnelle des soirées dans les clubs: payer des prix d’entrée exorbitants, faire la file dans le froid, essayer de respirer dans les foules compactes et se réveiller avec une gueule de bois de la mort qui dissuade de réitérer l’aventure. De plus en plus de jeunes privilégient désormais des expériences soigneusement pensées, décalées, qui ne nécessitent pas spécialement de se saoûler pour pouvoir profiter. Comme plusieurs études l’ont prouvé, les jeunes boivent de moins en moins d’alcool, soucieux de leur santé physique et mentale, ce qui naturellement bouscule les manières de faire la fête.
@paulabran8 Quand @Aazar et @Tchami posent les platines au milieu des croissants et pains au chocolat, et lâchent des bangers
De Paris à Mumbai, les organisateurs ont bien compris cette nouvelle mode et cumulent les soirées insolites dans les endroits les plus inattendus. L’an dernier, macLyon (musée d’art contemporain de Lyon) a organisé l’Open Museum Festival, transformant les salles d’exposition du musée en pistes de danse, où des DJ sets ont résonné jusqu’aux petites heures. Les marques profitent également de la tendance. Comme par exemple, Oatly, la marque de lait d’avoine, qui avait organisé l’an dernier, des raves en journée dans quelques boulangeries bruxelloises. Un café Oatly était offert pour toutes les personnes qui achetaient une viennoiserie. Un concept simple mais qui avait réussi à faire du bruit. Les raves de journée ne profitent pas seulement aux gérants de cafés ou musées mais également aux artistes émergents. En effet, pour beaucoup de DJ en herbe, il est difficile de décrocher un spot dans les lieux nocturnes classiques. Dans ce cadre, les petits espaces comme les boulangeries du coin, sont plus faciles d’accès et permettent aux jeunes artistes de tenter leur chance. Mais il faut noter que les bakery rave attirent également les plus grands noms de la scène, tels que Bob Sinclar, qui a mixé dans une boulangerie parisienne il y a à peine quelques semaines.
@bobsinclar THE FRENCH BAKERY DANCE @Palo #pourtoi #trend #tiktokmusic @HUGEL Bob Sinclar Hugel Mi Pum Pum - Bob Sinclar
Tout ceci s’inscrit également dans la crise de la vie nocturne. Depuis les années 80, la France a perdu 70% de ses boîtes de nuit, dont 30% rien que depuis le covid, selon Radio France. Inflation, sentiment d’insécurité, conséquences des confinements… les raisons qui expliquent ce déclin sont diverses. La réalité est que, l’ère des grosses boîtes de nuit ainsi que son modèle de consommation (table VIP, service de bouteilles etc.) est terminée. Mais ce n’est pas pour autant que les gens ne veulent plus danser ou rencontrer de nouvelles personnes. C’est pourquoi, les cafés ont particulièrement le vent en poupe comme lieux de fête car ce sont des lieux abordables, sociaux et locaux. Tout ce dont recherche la nouvelle génération. Ajouté à cela, le Brat summer de Charli XCX a rendu mainstream la culture du rave, grâce à notamment sa collaboration avec H&M comme l’explique coldestjoel dans un TikTok. Décidément, après le monde du travail, la Gen Z continue de bousculer les codes établis pour privilégier leur bien-être autant mental que physique, obligeant la société à redéfinir la notion de fête. Leur quête de sens, de lien social et d’expériences originales poussent les limites de la nuit classique qui se réinvente chaque jour.