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Le nettoyage social en amont des Jeux Olympiques

Au lendemain du démantèlement du plus grand squat de France, quel avenir pour les plus précaires?

 Le nettoyage social en amont des Jeux Olympiques  Au lendemain du démantèlement du plus grand squat de France, quel avenir pour les plus précaires?

Les Jeux Olympiques n'ont pas encore débuté que déjà, un sentiment de lassitude et d'horreur s'installe, particulièrement parmi les habitants d'Île-de-France. Que ce soit en raison de leur omniprésence dans les médias, de la révélation incessante de restrictions et de mesures de plus en plus liberticides, ou simplement parce qu'ils perturbent notre quiétude, chacun a son opinion sur la question et n'hésite pas à l'exprimer sans retenue. Dans le tableau presque idyllique que le gouvernement tente de peindre, une sombre réalité persiste : la crise du logement et la précarité qui en découle. Ces derniers mois, des expulsions massives ont marqué le quotidien des franciliens, touchant toutes les catégories sociales. En septembre dernier on apprenait avec horreur que 3000 étudiants devaient se séparer de leurs logements CROUS monnayant 100 euros et deux tickets pour la compétition. Tandis qu’hier, le plus grand squat de France à Vitry Sur Seine se voyait démanteler à coups de bélier, par 250 officiers des forces de l’ordre. 

@news.fra Le plus grand squat de France évacué à Vitry-sur-Seine #CapCut #news #france #russia son original - actualités du jour

Le démantèlement du squat à Vitry-sur-Seine révèle une tendance alarmante qui s'est manifestée à plusieurs reprises dans la région parisienne au cours de l'année écoulée. Les expulsions répétées indiquent clairement une politique de "nettoyage social" en prévision des Jeux olympiques de Paris 2024. À titre d'exemple, en juillet de l'année précédente, 150 personnes ont été expulsées d'une maison de retraite abandonnée à Thiais, dans le Val-de-Marne, dans des circonstances similaires. Tout comme les 500 migrants qui se sont vus expulsés de l'ancien siège désaffecté d'Unibéton sur l'Île-Saint-Denis, le 26 avril dernier. Cette tendance s'inscrit dans un contexte où les autorités cherchent à embellir l'image de la ville en prévision de l'événement sportif mondial. Cependant, derrière cette façade de "ville propre" se cachent les réalités d'une exclusion sociale croissante et d'une marginalisation des populations les plus fragiles. Les conséquences de ces expulsions dans la région parisienne vont bien au-delà de la simple perte de logement. Elles ont un impact dévastateur sur les personnes déjà marginalisées, aggravant leur situation et les laissant dans une grande vulnérabilité. Paul Alauzy, du collectif "Le revers de la médaille", résume cette réalité en déclarant : «On expulse des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat.»

@lucauffret Une partie des migrants évacués du squat de Vitry-sur-Seine sont transférés en province en car. #Vitry #vitrysurseine #migrants #police #Paris #Paris2024 #JO2024 Vengeance - iwilldiehere

L'impact de cette politique de nettoyage social sur les populations précaires est profondément préoccupant. D'une part, les populations en situation de vulnérabilité se retrouvent démunies face à une politique urbaine qui privilégie l'esthétique au détriment de la justice sociale. D'autre part, les solutions de relogement qui leur sont proposées par les autorités sont souvent floues et insatisfaisantes. Les squats évacués restent souvent vides, et les propositions de relogement dans des centres d'accueil temporaires, tels que les "sas" à Bordeaux et en Val de Loire, ne sont pas adaptées aux besoins des personnes concernées. Mathilde Panot, députée de La France Insoumise, souligne cette réalité en déclarant : «Il est inacceptable que des centaines de personnes se retrouvent à la rue dans notre pays, surtout à l'approche d'un événement aussi prestigieux que les Jeux olympiques.»


Face à cette situation, la mobilisation sociale s'intensifie. Des manifestations et des actions concrètes sont organisées pour défendre les droits des plus vulnérables et exiger des politiques de logement plus équitables. Un exemple poignant de cette mobilisation est la vague de soutien en faveur des Jeunes du Parc de Belleville, un collectif composé de 244 mineurs isolés occupant la Maison des Métallos à Paris. De même, des associations telles que United Migrants et Utopia56 jouent également un rôle crucial en fournissant un soutien direct aux personnes touchées par les expulsions. Elles organisent des distributions de nourriture, des séances d'orientation et des actions de sensibilisation pour faire entendre la voix des sans-abri. En parallèle, des initiatives citoyennes voient le jour pour sensibiliser l'opinion publique et faire pression sur les autorités. Des pétitions sont lancées, des rassemblements sont organisés et des campagnes de sensibilisation sont menées sur les réseaux sociaux pour exiger des solutions durables et inclusives pour lutter contre la précarité. Dans ce contexte, les militants insistent sur la nécessité pour les pouvoirs publics d'agir de manière urgente et proactive. Comme le souligne le collectif "Le revers de la médaille" : «Il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités et garantissent un logement décent pour tous. Les Jeux olympiques ne doivent pas être une excuse pour marginaliser davantage les populations précaires.»