A Guide to All Creative Directors

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Pourquoi la mode est autant fascinée par les poupées

Entre nostalgie, obsession et substituts

Pourquoi la mode est autant fascinée par les poupées Entre nostalgie, obsession et substituts

Le cas des Labubu et des collaborations de l’entreprise créatrice Pop Mart avec les marques de mode fait fureur, même si nous assistons probablement déjà à son déclin. Au-delà des tendances consuméristes, la célèbre petite peluche aide à mieux comprendre la relation entre mode et jouets : comme le montrent études, recherches, mais aussi expositions et documentaires passés, des poupées comme les Labubu ont le pouvoir de devenir de véritables substituts affectifs. Peut-être cherche-t-on du réconfort dans la réplique, dans le petit, dont la mode elle-même n’est pas exempte. L’exposition Surrogati. Un amore ideale, qui s’est tenue à l’Observatoire de la Fondazione Prada à Milan en 2019, constitue un parfait point de départ pour aborder le sujet. Après tout, l’être humain a toujours été obsédé par la création de ses propres répliques ou, plus généralement, d’objets fétiches aux traits humains. L’exposition de l’Observatoire de la Fondazione Prada célébrait ainsi le substitut comme une poupée prête à agir en tant que remplaçant de l’être humain, avec les images de Jamie Diamond et d’Elena Dorfman racontant les histoires de ceux qui avaient décidé de vivre avec un jouet pour faire face à une perte ou remplacer une affection. Le catalogue lui-même s’ouvre sur le rôle du mannequin dans le surréalisme – pour ce mouvement, il représentait la quintessence du commerce – offrant une parfaite transition vers le langage de la mode. Depuis la fondation de la haute couture française, les poupées ont été utilisées pour la confection des vêtements, avec de petits mannequins en bois qui faisaient circuler les nouveaux modèles dans les cours européennes. Elles furent également des outils précieux pour des créatrices visionnaires comme Madeleine Vionnet, qui expérimentait les drapés directement à l’échelle pour en observer la réponse tridimensionnelle du tissu. Mais, avec un saut temporel, les poupées ont aussi inspiré des collections entières, comme ce fut le cas pour le créateur belge Martin Margiela.

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« Quand j’étais petit, je m’amusais à changer les vêtements des poupées », raconte le designer dans le documentaire Martin Margiela : In his own words. Un jour, il demanda à sa grand-mère de l’aider à reproduire une robe Courrèges vue à la télévision pour sa Barbie, une étude sur le corps en miniature qui l’amena, des années plus tard, à concevoir l’une de ses collections les plus populaires. La FW 1994-1995, intitulée Clothing reproduced from a doll’s wardrobe, utilisait les proportions anormales des jouets comme fondement d’une esthétique déconcertante. Boutons surdimensionnés, fermetures éclair exagérées, coupes non anatomiques : tout contribuait à mettre en évidence l’idéalisation irréelle inhérente aux vêtements de poupées. Même Barbie elle-même a entretenu une longue relation avec les créateurs contemporains : l’historique entreprise de fabrication a collaboré au fil des ans avec plusieurs marques pour produire des séries limitées, de Balmain à Berluti. Mais c’est en 2009 que sortit la Barbie la plus rare, la première habillée par Rei Kawakubo dans le cadre de la collection Jingle Flowers de Comme des Garçons, pensée pour les fêtes de fin d’année. Une robe en soie, sans manches, décorée d’un imprimé floral inspiré de la collection, avec une jupe évidemment asymétrique. Cette Barbie faisait partie de la ligne Barbie Collector Platinum Label, et peut encore se trouver sur le marché de seconde main à des prix bien supérieurs aux 225 livres d’origine.

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Le duo Viktor & Rolf a travaillé en 2008 sur l’une des rétrospectives de mode les plus surprenantes jamais accueillies au Barbican de Londres : The House of Viktor & Rolf, conçue comme une véritable maison de poupée. Réalisées par un fabricant belge spécialisé, les poupées combinaient des éléments typiques des jouets européens du XIXe siècle comme les visages en porcelaine biscuit à la française, dotés de cheveux humains, et les corps en papier mâché à l’allemande. La maison s’intégrait parfaitement dans les espaces brutalistes de la galerie, faite de volumes à double hauteur et de pièces réparties sur une mezzanine complexe. À l’intérieur, le duo néerlandais avait disposé des mannequins miniatures reprenant les traits des poupées victoriennes, vêtues de vêtements reproduits à échelle réduite avec une précision de couture impeccable. À l’étage supérieur, les proportions s’inversaient : les mêmes figures semblaient grandir jusqu’à taille humaine, ce qui produisait chez le public un effet déroutant, un jeu de perception entre légèreté féerique et inquiétude surréaliste.

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Enfin, pour la SS24, Marc Jacobs a transformé son défilé en un gigantesque jeu de proportions : tout – des mannequins aux vêtements, jusqu’aux faux cils et au mobilier – semblait sorti d’une maison de poupée. Les silhouettes rigides, les jupes cloches et les volumes exagérés rappelaient les vêtements en papier découpables, réinterprétés toutefois dans une clé couture, avec une esthétique à mi-chemin entre le kawaii dérangeant et l’hommage pop. Le maquillage accentué, les perruques cartonnées, les mini-shorts et les pulls oversize composaient des figures suspendues entre innocence enfantine et icônes post-humaines. En somme, qu’il s’agisse de peluches à accrocher au sac, de mannequins maquillés comme des poupées ou de poupées habillées comme des mannequins, l’esthétique « dollified » et ses dérives sociales nous ramènent une fois encore à une seule grande question : la mode n’est-elle qu’un grand jeu pour adultes ?