
Les droits de douane de Trump sont un coup dur pour le Made in Italy Confindustria calcule des pertes pour 20 milliards d’euro et 118 mille postes de travail
Après de longs mois de négociations, les discussions entre les États-Unis et l’Union européenne sur les nouveaux droits de douane pour les exportations européennes se sont enfin conclues hier. Si jusqu’à il y a quelques jours l’hypothèse d’un taux de taxation de 30 % aurait pu plonger l’économie italienne dans une grave crise, après seulement quarante minutes de négociation, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est dite satisfaite de l’accord conclu : un nouveau régime tarifaire fixé à +15 % sur une large gamme de produits et biens de consommation européens. Comme rapporté par WWD, l’entente entre Washington et Bruxelles, annoncée dimanche par le président américain Donald Trump en Écosse, a été qualifiée par le président lui-même de « le plus grand accord jamais réalisé ». Le nouveau taux de 15 %, que Trump a précisé comme uniforme pour les automobiles et d’autres produits, s’accompagne d’engagements supplémentaires importants. L’Union européenne a en effet accepté d’acheter de l’énergie aux États-Unis pour un total de 750 milliards de dollars et prévoit d’investir environ 600 milliards dans l’économie américaine, bien que les détails spécifiques de ce dernier point restent à clarifier. Le résultat de la négociation est loin d’être réjouissant : c’est avant tout une nouvelle confirmation des hystéries de Trump, qui cependant semblent à chaque fois lui rapporter le résultat escompté. Comme le souligne Francesco Costa, journaliste et rédacteur en chef de Il Post dans son podcast Wilson, nous sommes face à un cas extrêmement rare d’« accord commercial asymétrique », puisque l’UE n’a imposé aucune augmentation des droits de douane ou des tarifs de la part des États-Unis. Mais alors, sommes-nous sûrs que c’était la meilleure solution ?
President Donald J. Trump meets with the President of the European Commission, Ursula @vonderLeyen, in Scotland to discuss trade.
— The White House (@WhiteHouse) July 27, 2025
"We've had a very good relationship over the years, but it's been a very one-sided transaction... & I think both sides want to see a bit fairness." pic.twitter.com/XFxojMJ7EP
En plus du fait que la réunion ne s’est pas tenue dans un cadre institutionnel, mais dans l’un des clubs de golf appartenant au président des États-Unis, Trump a annoncé que Bruxelles accepterait de supprimer complètement ses propres barrières commerciales, ouvrant ainsi ses marchés aux produits américains sans aucun tarif, tout en s’engageant à acheter d’importantes quantités de matériel militaire américain. Von der Leyen a qualifié les négociations de « très dures », mais a souligné que l’accord apporterait stabilité et prévisibilité dans les relations commerciales transatlantiques, récemment marquées par une forte volatilité. Selon la BBC, l’Union européenne s’est en fait soumise à Trump, mais cette stabilisation était extrêmement nécessaire, compte tenu de l’avertissement de la Banque centrale européenne concernant un contexte économique européen particulièrement incertain précisément à cause des tensions commerciales récentes. Derrière la satisfaction apparente européenne se cache une concession significative par rapport au régime tarifaire antérieur, surtout si l’on compare au taux plus bas accordé au Royaume-Uni, fixé à 10 %. Et pour ajoute au poids, Giorgia Meloni — comme le relate le Guardian — a déclaré que malgré tout, l’accord reste positif, en ce qu’il garantit une plus grande stabilité à l’Italie, l’un des principaux exportateurs européens vers les États-Unis, avec un excédent commercial supérieur à 40 milliards d’euros et une nouvelle récession à l’horizon.
@amedeoiasci Parliamo del nuovo patto di commercio tra Stati Uniti e Europa che vanno veramente tanti favori verso l’America che potrà comunque far pagare dei dazi a porter europei si becca 500 miliardi di dollari di investimento e qualche terrone di dollari di business a livello di difesa #EuropaAmerica original sound - jashiproject_italia
Selon les experts, c’est l’Italie qui sera la plus affectée par les conséquences des nouveaux taux, qui frapperont directement et immédiatement de nombreuses filières du Made in Italy. Comme le rapporte Domani, Confindustria avait estimé — dans un scénario optimiste basé sur des droits de douane à 10 % — une perte de 20 milliards d’euros et 118 000 emplois. Avec le taux à 15 %, ces chiffres s’aggravent de 50 %, dessinant un scénario bien plus critique. Parmi les secteurs les plus touchés figure le vin : selon Federvini, l’Italie exporte chaque année vers les États-Unis du vin pour une valeur de 2 milliards d’euros, impliquant près de un demi-million de travailleurs. Selon Coldiretti, des droits à 30 % auraient pu causer des pertes de 2,3 milliards à l’agroalimentaire italien. Avec l’accord actuel, les pertes se réduisent mais restent substantielles, dépassant le milliard d’euros. D’après Svimez, l’accord conclu hier pourrait coûter à l’Italie un quart de point de PIB, soit près de 100 000 emplois en moins, avec des répercussions inévitables sur la dette publique et les finances de l’État. À la lumière de ce tableau, la question incontournable est : quelles seront les répercussions sur le secteur de la mode ? Si l’alimentation et les boissons ont été les premiers touchés, la mode italienne, toujours en tête des exportations vers les États-Unis, pourrait être la prochaine à souffrir. Entre scandales de sous-traitance illégale, les chiffres rouges des grands groupes et une apathie du public généraliste envers le marché du luxe, cela pourrait bien être le coup de grâce pour le Made in Italy ?

























