
La génération Z préfère-t-elle travailler en présentiel ?
Les jeunes qui entrent dans le monde du travail préfèrent les relations réelles sur le lieu de travail plutôt que le smartworking
23 Mai 2025
Ces dernières années, on a beaucoup parlé de la Génération Z. Les jeunes nés entre 1997 et 2012 ont été étiquetés, étudiés, critiqués et loués comme aucune autre génération avant eux. On a dit qu’ils représentaient une génération à la conscience politique et sociale éveillée ; qu’ils avaient été abîmés par la pandémie de Covid et les crises environnementales, politiques et sociales ; qu’ils étaient la génération la plus connectée, esclaves de TikTok ; et aussi qu’ils sont les premiers à considérer la vie privée et la santé, mentale et physique, comme plus importantes que le travail, préférant un salaire plus bas en échange d’un meilleur équilibre entre vie et travail. Justement sur ce dernier point, un récent rapport de JLL a une nouvelle fois analysé la relation entre la Génération Z et le travail, arrivant cependant à une conclusion surprenante : cinq ans après le confinement, c’est justement la nouvelle génération qui conduit la tendance du “return to office”. L’étude, publiée en avril 2025, met en lumière comment, à l’encontre des attentes, les jeunes travailleurs mènent le retour au bureau, montrant une préférence pour les contacts en présentiel et les espaces physiques dédiés au travail par rapport aux appels et au télétravail. L’enquête, menée auprès de plus de 12 000 employés de divers secteurs dans 44 pays, a révélé que la Génération Z est plus encline à travailler au bureau que les tranches d’âge plus âgées.
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Le rapport signale aussi d’importantes différences géographiques dans les tendances de retour au bureau. Dans les pays du Moyen-Orient, par exemple, la moyenne est de trois jours et demi/quatre jours par semaine en présentiel, tandis qu’au Royaume-Uni et au Canada, on descend à environ deux jours. Même aux États-Unis, on observe une préférence pour le travail hybride, avec une moyenne légèrement supérieure à deux jours au bureau. Les jeunes travailleurs (jusqu’à 24 ans) sont présents en moyenne trois jours par semaine, un chiffre supérieur à toutes les autres tranches d’âge. L’étude a également mis en évidence un écart générationnel croissant dans les attitudes envers le travail. Cela représente un défi majeur pour les employeurs, qui doivent essayer de créer des environnements et des cultures d’entreprise capables de répondre tant aux besoins des jeunes travailleurs qu’à ceux des générations plus âgées, qui peuvent offrir plus d’expérience. Bien que les jeunes semblent plus enthousiastes au sujet du bureau, les réponses à l’enquête indiquent qu’ils apprécient également la flexibilité. Il ressort en effet que les travailleurs de moins de 34 ans accordent la priorité à l’équilibre entre vie privée et travail et à la flexibilité, tandis que les plus de 55 ans sont plus attentifs aux conditions physiques du lieu de travail, comme la température, le bruit et la qualité de l’air. Mais ce n’est pas tout. Un autre rapport récent sur le sujet, 2025 Gen Z and Millennial de Deloitte, a révélé que 26 % de l’échantillon de la Gen Z interrogé s’est senti plus engagé et lié à son entreprise après l’introduction, par l’employeur, d’un régime de travail au bureau au moins à temps partiel. D’un autre côté, cependant, 18 % estiment que le retour obligatoire au bureau a entraîné une baisse de la productivité. Contrairement aux stéréotypes sur le travail et aux mèmes qui encouragent le quiet quitting, la Génération Z semble attachée au travail et au lieu physique de travail.
C’est aussi l’opinion de Mark Dixon, fondateur et PDG du groupe IWG, qui a déclaré au Financial Times que la Génération Z «non seulement est en forte progression comme groupe démographique d’influence notable, mais elle est aussi incroyablement travailleuse [et] s’attend à un équilibre sain entre sa vie professionnelle et ses engagements personnels». Cette tendance est également confirmée par de nombreux comptes TikTok de jeunes de la Gen Z qui travaillent dans le monde de l’entreprise et racontent avec fierté leur vie de bureau “9 to 5”. L’une d’elles est Jemima Grace, une employée londonienne qui documente son quotidien en entreprise sur TikTok. L’une de ses vidéos les plus récentes a dépassé les 4 millions de vues et montre sa routine matinale, le choix de sa tenue de bureau, son arrivée dans l’entreprise, les e-mails, la pause déjeuner, le café, les réunions et enfin le retour à la maison. Le hashtag #corporategirlies compte plus de 179 000 vidéos, toutes dans un style similaire à celui de Jemima Grace, qui, interrogée également par le Financial Times, a affirmé que ces contenus aident la Génération Z à s’orienter dans le monde du travail. Les jeunes grandissent et changent d’habitudes, de priorités et de visions du monde. Étudier leurs comportements et leurs besoins est certainement essentiel, mais chercher à en donner une définition définitive et unique risque de se révéler inefficace, surtout si l’on considère la rapidité avec laquelle les nouvelles générations se transforment. Peut-être ne deviendront-ils jamais les employés aliénés de Severance, mais même les jeunes de la Génération Z ont grandi et entrent dans le monde du travail d’une manière plus proche des générations précédentes que beaucoup ne l’imaginaient.