Le tapis rouge de Cannes adopte un nouveau dress code

À pratiquement 24 heures de son ouverture, le Festival de Cannes a annoncé un changement radical dans le dress code du tapis rouge de l’édition 2025, interdisant officiellement les robes transparentes “naked”, ainsi que les tenues trop volumineuses ou avec de longues traînes. Cette décision, que les organisateurs justifient par des raisons liées à la “décence” et à l’“efficacité”, a été formalisée dans la charte officielle destinée aux participants du festival. Bien que cette mesure soit présentée comme un moyen d’améliorer la circulation des invités et de maintenir le décorum pendant les projections de gala, nombreux sont ceux qui ont déjà commencé à s’en plaindre, et Louis Pisano, sur son compte X, s’est demandé si les règles seront appliquées également aux stars des films en compétition. Les nouvelles directives exigent que les invités aux projections de gala, généralement accueillies au Grand Théâtre Lumière à 19h00 et 22h00, portent des tenues de soirée : smoking avec nœud papillon ou robes longues de cérémonie. Sont également autorisées des alternatives comme les petites robes noires, les robes cocktail, les tailleurs-pantalons sombres, ou encore des tops élégants assortis à un pantalon noir. Les chaussures doivent également respecter le ton formel : les souliers élégants ou sandales, avec ou sans talon, sont admis, mais les baskets sont explicitement interdites. De plus, il ne sera plus possible d’apporter sacs à dos, cabas ou sacs de voyage lors de ces soirées.

La charte stipule également que, «pour des raisons de décence, la nudité est interdite sur le tapis rouge et dans toute autre zone du Festival». Il s’agit d’une prise de position nette contre les vêtements transparents ou trop révélateurs, de plus en plus fréquents chez les célébrités ces dernières années, et notamment portés par Bella Hadid sur le tapis rouge l’année dernière, habillée d’une robe Saint Laurent – une autre robe d’archive de Versace portée une autre soirée du Festival dévoilait quant à elle légèrement la poitrine. L’interdiction ne concerne pas uniquement la nudité proprement dite, mais aussi la tendance très populaire des “naked dresses”, ces robes qui dévoilent de larges parties du corps grâce à des tissus transparents. On pense encore à Bella Hadid portant une superbe tenue Haute Couture de Schiaparelli totalement ouverte sur le buste, où sa poitrine était seulement couverte par un collier doré représentant des bronches. On n’a pas encore entendu la réaction des marques et stylistes, car cette interdiction (ou plutôt cette intégration au code vestimentaire existant) est arrivée la veille du tapis rouge officiel, bouleversant les plans de ceux qui avaient déjà choisi un look désormais proscrit. Il est presque certain que les protestations, discrètes ou non, ne manqueront pas.

Ce n’est pas la première fois que le Festival fait preuve d’une certaine rigidité en matière de tenue vestimentaire pour ses invités. En 2015, plusieurs femmes furent refoulées à l’entrée pour avoir porté des chaussures plates, notamment lors de la première de Carol, un film avec Cate Blanchett. En 2023, Blanchett elle-même enfreignit le règlement en retirant ses talons pour marcher pieds nus sur le tapis rouge. Jennifer Lawrence fit également sensation la même année en arrivant en tongs, un geste interprété comme une provocation, même si l’actrice expliqua ensuite que ses chaussures étaient trop grandes et qu’elle ne pouvait pas les porter. Les hommes aussi ont été soumis à des contrôles stricts. En 1960, l’écrivain Henry Miller fut célèbrement refoulé pour avoir refusé de porter un smoking ; en 2023, Zach Weiss de Vogue se vit refuser l’entrée à la projection de Jeanne du Barry pour une tenue jugée “trop colorée”. Sans surprise, stylistes et designers revoient en urgence les tenues prévues pour cette année – il ne serait pas étonnant que certains invités arborent des looks directement issus des défilés plutôt que des créations spécialement conçues. Le dress code formel du Festival de Cannes remonte à 1946. Bien que les styles aient évolué, de nombreuses “règles non écrites”—comme l’obligation de porter des talons pour les femmes—sont restées en vigueur. Avec cette dernière révision, le Festival semble vouloir établir plus clairement et définitivement ses attentes, réduisant les marges d’interprétation personnelle au profit d’une vision plus conservatrice de l’élégance.