
« History of Sound » n’a pas réussi à nous émouvoir malgré la présence de Paul Mescal et Josh O’Connor
Au moins, on a découvert qu’ils savent chanter
23 Mai 2025
Avoir Paul Mescal et Josh O’Connor et ne pas réussir à faire un bon film est un exploit impossible, et pourtant Oliver Hermanus l’a fait. Présenté en avant-première dans la section compétition du festival de Cannes, History of Sound est l’histoire de deux amants et chercheurs en musique qui, pendant une courte période de leur vie, entreprennent un voyage au cœur de l’Amérique rurale pour enregistrer et classer une série de chansons folk afin de tracer une carte du genre musical. Pendant ce temps, les deux vivent leur relation amoureuse entre deux chansons, avant de se séparer sur fond des horreurs de la Première Guerre mondiale qui hanteront le personnage de David White, interprété par O’Connor. En réalité, History of Sound ne fait ni l’un ni l’autre. Certes, on voit le double récit défiler devant nos yeux sur grand écran, mais sans jamais approfondir aucun des deux axes principaux du projet. Hermanus les laisse ainsi sombrer, réalisant un film qui reste désespérément en surface, n’exploitant aucun des éléments disponibles. Problème d’un scénario sur lequel Ben Shattuck, auteur du livre éponyme à l’origine du film, a voulu travailler, oubliant peut-être que, contrairement à un roman dans lequel on peut creuser page après page, mot après mot, le cinéma est un média où il est nécessaire de condenser avec brièveté et images les mondes – extérieurs et intérieurs – des personnages.
i’ll probably love the history of sound because i love when a movie is boring and gay
— noa (@thenoasletter) May 21, 2025
History of Sound prive le spectateur de découvrir davantage la connexion entre David et le personnage interprété par Paul Mescal, le véritable protagoniste Lionel. Sans parler de l’absence totale d’approfondissement de l’étude des chansons folk, qui devient une note en marge d’un film qui préfère la vacuité et les silences, la dilatation au rythme, ne traçant pas une géographie musicale qui rendrait le travail des deux protagonistes (et l’arrière-plan même du film) pertinent – ce que fait pourtant, en un lieu et un temps unique, Sinners de Ryan Coogler avec le blues et la musique noire. Si donc les prémisses de History of Sound reposent sur la relation entre les protagonistes et leur lien avec la musique, il est impressionnant de constater à quel point le film s’efface progressivement devant les yeux du spectateur, qui se retrouve face à une œuvre costumée inoffensive, pâle comme la photographie d’Alexander Dynan, le décor entre l’Europe et les États-Unis, et la relation (trop) chuchotée entre les personnages. On perçoit la volonté de ne pas la rendre criarde, de la garder équilibrée et élégante comme ses deux protagonistes, mais elle finit par sembler inconsistante. Le film exclut l’intimité non seulement des corps, mais aussi des sentiments eux-mêmes, tous deux errants au sein de la pellicule.
L’élément le plus marquant de History of Sound reste donc la découverte des voix de Paul Mescal et Josh O’Connor qui, malgré des performances dont on peut admirer certains détails – les sourires timides et amoureux de l’acteur irlandais, les mains et la posture tendue du collègue britannique – restent enfermés dans le cadre ancien du film de Hermanus. Chant clair et fluide de Mescal, en contraste avec la profondeur et les accents légèrement éraillés d’O’Connor. Espérons qu’au moins History of Sound puisse servir de vitrine pour les voir à nouveau dans des projets mettant en valeur ce talent inattendu. Et surtout, qu’ils aient une nouvelle occasion de collaborer ensemble.