
MM6 Maison Margiela rend hommage à Miles Davis dans FW25
La marque a dévoilé la nouvelle collection à l'occasion du salon Pitti Uomo 107
16 Janvier 2025
Hier, MM6 Maison Margiela quittait l’ambiance nuageuse de Paris et débarquait sur les plates bandes florentines pour y présenter sa collection FW25 à l’occasion de la 107ème édition du Pitti Uomo. C’est sous le toit vitreux de la verrerie Giardino dell’Orticoltura que la maison française a dévoilé une collection fidèle à son identité, mettant en avant son art de déconstruire pour mieux reconstruire et célèbrant une vision de la mode singulière, portée par une approche novatrice et une fascination pour l'altérité, flirtant parfois avec l'étrange. Dès l’entrée des premiers modèles dans cette atmosphère mystique sous le ciel étoilé visible à travers cette boîte de verre, le ton était donné et le thème autour duquel s'articulait la conception entière de cette FW25 était on ne peut plus clair : la bi-polarité, le double jeu, l’apparent et le caché. Avec des pièces allant de la veste en cuir façon matrix à un ensemble à pois terminé par un délicat foulard, la collection n’hésite pas à briser les frontières qui séparent les opposés. L’androgyne domine, le clair-obscur aussi. Le noir et son large spectre de nuance et d’attitudes entre en contraste avec le bleu turquoise en lurex, tandis que les matières rendent explicite l’essence même de la maison à travers une gammes de concepts techniques et avant-gardistes tels que le tricot plastifié, les textures caoutchoutées ou encore le denim décoloré.
Toute cette sensibilité féminine cachée derrière les couches dures et difficilement franchissables du masculin est en fait inspirée du musicien Américain Miles Davis. C’est après être tombé sur une image du musicien que l’idée de cette collection est venue au studio MM6 Maison Margiela, qui s’est basé ensuite sur certaines pièces portées par l’Américain comme ses manteaux en cuir pour concevoir le reste de la FW25. L’exercice créatif est réalisé à la manière de MM6 Maison Margiela : direct, axé sur l’objet et éminemment non narratif, bien que l’histoire qui se cache derrière ces créations soient un point culminant de storytelling. Car si le studio a tiré son inspiration de ce personnage mythique de la musique des années 60, les petites mains a qui l’ont doit cette collection ont décidé de présenter les éléments du vestiaire de l’artiste selon leur propre prisme, en utilisant avec parcimonie les références et inspirations. Entre les costumes, les trenchs, les perfectos, les vestes en jean et les pantalons cigarettes accompagnés d’énormes lunettes similaires à celles de Miles et un sac en forme d’étui de trompette, la Maison a su respecter la frontière entre inspiration et copier-coller dans cette collection man-made alliant la somptuosité à la sobriété.
Après pas moins de 19 ans d’absence sur la scène du Pitti Uomo, la collection FW25 semble rendre hommage pas seulement au musicien mais aussi au show-performance que Maison Margiela avait organisé lors de l’événement à Florence en 2006, avec une collection qui, à l'époque, n'était composée que de looks entièrement blancs. « Venir à Pitti Uomo nous a donné l'occasion de réfléchir à notre offre de vêtements pour hommes à travers une collection créée spécialement pour cette occasion. Il s'agit d'une garde-robe contemporaine qui reflète l'attitude, les concepts et les processus créatifs de MM6. Nos pièces sont conçues pour souligner l'identité des personnes qui les portent. Ici, nous voulions vraiment parler de vêtements pour hommes. Tout en restant très portables, ces vêtements expriment une idée de faste et d'extravagance. Nous avons réfléchi à la manière de créer des vêtements forts et surprenants, faits pour étonner, en travaillant sur les textures, qui sont un élément fondamental pour les hommes », explique le designer de l'équipe créative du MM6 qui a préféré garder l'anonymat. Après cette promenade nocturne d’hier soir, MM6 reviendra à Milan en février prochain avec sa collection féminine, qui sera ponctuée de quelques looks masculins. Car si le féminin a réussi à s'infiltrer hier entre les murs de verre du Giardino dell’Orticoltura, il n’y a aucune raison de refuser l'entrée au masculin dans la prochaine collection féminine.