
Chanel continue d'acquérir des usines en Italie
La Maison française a réalisé un énième investissement en moins d'un mois
08 Avril 2025
On dirait presque que chaque semaine qui passe, une nouvelle annonce tombe concernant les investissements de Chanel dans la filière italienne. Après la participation dans Leo France – partenaire historique de la Maison dans la production de bijoux – et l’acquisition de Grey Mer, entreprise romagnole spécialisée dans la chaussure, le dernier coup du géant français se concentre sur le cœur productif de la soie italienne avec Mantero. Selon ce que rapporte Il Sole 24 Ore, Chanel aurait en effet acquis une part de 35% de l’entreprise de Côme, consolidant une relation professionnelle qui dure depuis plus de cinquante ans. Il ne s’agit pas d’une exception, mais d’une stratégie de plus en plus récurrente dans les relations entre les grands groupes internationaux et les excellences artisanales italiennes : une collaboration de longue date qui évolue vers une prise de participation. Une dynamique déjà observée à plusieurs reprises dans le système mode, où les PME familiales, grâce à leur expertise, leur vision et leur capacité d’innovation, deviennent des points névralgiques pour ceux qui recherchent solidité et qualité de production.
L’entrée de Chanel chez Mantero – l’une des soieries emblématiques du district de Côme, active depuis 1902 – confirme la valeur stratégique que les filières locales continuent de représenter, même dans un contexte global de plus en plus compétitif. Comme l’a expliqué à Il Sole 24 Ore Franco Mantero, président actuel de l’entreprise et représentant de la quatrième génération familiale, ce type d’opération va bien au-delà d’un simple renforcement commercial : « Je pense que Chanel a reconnu notre parcours stratégique et la structure managériale que nous avons choisie. Il est rare, dans une entreprise familiale, de voir une gouvernance aussi structurée et partagée ». De son côté, Chanel a confirmé l’opération par une note officielle, qualifiant l’acquisition de « prolongement naturel » du lien historique avec Mantero, et une preuve de sa volonté de soutenir le développement. La Maison française a également précisé que l’entreprise continuerait à collaborer avec tous ses clients, en maintenant son autonomie opérationnelle, conformément à l’approche déjà adoptée dans d’autres opérations similaires.
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Au-delà de l’aspect économique, l’opération envoie un message important pour le district de la soie et, plus généralement, pour tout le textile italien. À un moment où les volumes de production subissent une contraction – une tendance qui s’est intensifiée ces deux dernières années – des partenariats comme celui entre Chanel et Mantero renforcent l’image de l’Italie comme hub central pour la fabrication haut de gamme. « C’est un message de confiance », a déclaré Franco Mantero, « qui montre que, même dans des phases complexes, les entreprises dotées d’une vision claire et d’outils adaptés peuvent affronter les défis du marché avec plus de conscience ». Le choix de Chanel est aussi fortement stratégique, surtout si l’on considère le contexte mondial actuel marqué par la guerre des droits de douane. L’objectif de devenir une entreprise autosuffisante sur le plan productif représente un levier fondamental pour réduire les coûts liés à l’import-export. Surtout si l’on prend en compte deux facteurs : d’un côté, la crise de la clientèle en Asie de l’Est, de l’autre, la nouvelle obsession “all-American” qui gagne l’autre rive de l’Atlantique. Dans ce contexte, la stratégie la plus efficace pour de nombreux géants du luxe pourrait être de jouer à domicile, en misant davantage sur le marché européen. En même temps, l’implantation de plus en plus présente de la Maison française met en lumière un paradoxe : la présence de “l’Italie” dans le Made in Italy est de plus en plus minoritaire. On en vient presque à se demander si les investissements étrangers ne sont pas désormais la seule voie pour préserver la filière de production italienne.