
De plus en plus d'Américains veulent quitter les États-Unis
A quelques mois de l'entrée en fonction de Trump à la Maison Blanche, ils en ont déjà assez
15 Avril 2025
Pour certains citoyens américains, la victoire de Trump aux présidentielles a été le prétexte pour envisager concrètement l'idée de quitter le pays. Ce n'est pas un phénomène totalement nouveau, mais avec le dernier cycle électoral, il semble avoir regagné en pertinence. La CNN rapporte l'histoire d'une personne qui avait déjà envisagé de partir en 2016, lors de la première élection de Trump, mais qui n’a trouvé la détermination de le faire qu’en 2025 – en s’installant à Paris. Après les élections, plusieurs services de conseil à l’expatriation ont enregistré une forte augmentation des demandes. Le site Bureaucracy.es, spécialisé dans l’aide à l’installation en Espagne, a déclaré une hausse de plus de 300 % des consultations pour obtenir un visa. Le portail Welcome to Portugal a lui aussi constaté un pic de trafic web en provenance des États-Unis après l’élection de Trump.
La fondatrice d’Expatsi – une entreprise qui aide les citoyens américains à s’orienter dans le processus d’expatriation – parle aussi d’un regain d’intérêt collectif : durant les dix mois précédant l’élection, environ 60 000 personnes avaient passé le test proposé par la plateforme pour identifier le pays le mieux adapté à leurs besoins, tandis que dans les quelques jours suivant le vote, plus de 48 000 nouveaux utilisateurs ont rempli le même questionnaire. Même parmi les célébrités hollywoodiennes, la réélection de Trump a favorisé une vague de départs. La chanteuse Courtney Love cherche à obtenir la citoyenneté britannique, tandis que l’animatrice Ellen DeGeneres et sa femme Portia de Rossi auraient déjà déménagé – du moins temporairement – au Royaume-Uni. Les acteurs Ryan Gosling, Eva Mendes et America Ferrera auraient fait de même. Bien que la tendance soit répandue dans tout le pays, célébrités ou non, elle est évidemment plus facile à suivre pour ceux qui ont les ressources nécessaires.
Le mandat chaotique de Trump
Ces derniers jours, de nombreuses villes américaines ont été le théâtre de manifestations contre la présidence de Donald Trump. Les plus importantes ont eu lieu à Washington, Chicago et New York, avec des cortèges et des sit-in également signalés dans de nombreuses villes moyennes. Les protestations ont eu lieu durant le premier week-end suivant immédiatement l’annonce des droits de douane massifs imposés par Trump, une mesure qui a entraîné les pires chutes de Wall Street depuis des années et pourrait provoquer une inflation galopante dans le pays, avec un risque concret de récession mondiale. Les manifestants ne se sont pas mobilisés uniquement pour cette raison : les autres nombreuses et controversées décisions de Trump depuis le début de son mandat ont aussi nourri la colère. Par exemple, les licenciements massifs dans les agences fédérales et la suspension de fonds ont profondément bouleversé ce secteur de travail, pourtant essentiel au pays. À la tête de ces coupes : le Département pour l’Efficacité du gouvernement, surnommé “DOGE” (Department of Government Efficiency), dirigé par Elon Musk.
HAPPENING NOW: A MASSIVE protest is taking place in downtown Chicago for the "Hands Off!" movement against Elon Musk and Donald Trump pic.twitter.com/NVEiTFi8Iy
— Marco Foster (@MarcoFoster_) April 5, 2025
Parmi les dizaines de décrets que le nouveau président américain a signés depuis son investiture – il y a moins de trois mois – certains des plus importants concernent l’immigration. Dans ce domaine, la mesure la plus extrême est celle qui vise à abolir le droit à la citoyenneté pour les enfants d’immigrés en situation irrégulière – dans un pays, les États-Unis, où le principe du jus soli prévaut depuis toujours, conférant automatiquement la citoyenneté à toute personne née sur le territoire. Trump, de plus, est en train de démanteler les programmes gouvernementaux dédiés à l’inclusion et à la diversité, en annulant les mesures mises en place pour protéger les personnes trans sur leur lieu de travail. Face à ces politiques, jugées par de nombreux observateurs comme chaotiques et imprévisibles, il n’est pas étonnant que l’ancienne chancelière allemande, Angela Merkel, ait admis dans ses mémoires avoir commis une erreur en considérant Trump comme une personne et un chef d’État « normal ».