
Après le balletcore vient le bondage ?
La tendance des lacets sur les podiums, de l’innocence à la sensualité
17 Juin 2025
Ficelles et rubans reviennent orner les vêtements des nouvelles collections, abandonnant leur fonction la plus commune pour se transformer en détails stylistiques : noués, croisés et attachés de manière originale, ou dans d'autres cas, défaits et libres. Accessoire fonctionnel par excellence, capable de soutenir et de définir les formes, la mode s’est remise à jouer avec les lacets au cours des deux dernières années grâce à l’ascension de l’esthétique balletcore, qui a remis au goût du jour le rose, le satin, les ballerines et les nœuds. Cette année 2025, de nombreux créateurs ont utilisé cet accessoire dans leurs collections, de Dilara Findikoglu, qui a fait du corset une signature de sa marque, à Dior, avec Maria Grazia Chiuri qui a imaginé des chaussures sophistiquées inspirées des sandales sportives des guerriers grecs.
On peut dire que le retour du corset — utilisé à la Renaissance pour sculpter le corps et contrôler la posture — a été le précurseur de la mode des lacets, avec Dolce&Gabbana qui lui a consacré des looks entiers pour la collection PE25. Dans la même veine que le balletcore et l’esthétique coquette, Simone Rocha a ajouté des rubans roses et rouges à presque tous les éléments de la collection AH25, avec de petits nœuds décorant les épaules, les chaussures et les sacs. Maximilian Davis, directeur créatif de Ferragamo, s’est quant à lui inspiré des looks de répétition des danseurs classiques pour créer des escarpins et ballerines aux brides tressées enroulées autour des chevilles et nouées en nœuds, portés avec des vestes déstructurées aux ceintures défaites. Réfléchissant au concept de féminité contemporaine, pour la collection AH25 de Prada, les directeurs créatifs Miuccia Prada et Raf Simons ont proposé des jupes en cuir couleur crème salies sur les bords, avec les hanches serrées par des cordons usés. Chez Ann Demeulemeester, la collection PE25 s’inspire des tenues boho-gothiques de Stevie Nicks et Patti Smith dans les années 70 et 80. D’une manière bien plus alternative, Demna a revisité la tendance à sa manière en cousant des rubans noirs au dos de certains looks de la collection PE25 de Balenciaga : à l’arrière d’un jean ou dans le dos d’une robe en satin à jupe plissée, de longs lacets en satin formaient des croisillons semblables à une traîne.
Une autre utilisation de cet accessoire est le lacet-ceinture : une tendance adoptée par Sportmax, qui dans la collection Pre-Fall 2025 attache autour des passants d’un jean baggy à boutons latéraux répétés un long cordon blanc tubulaire ; Sunnei, quant à lui, associe dans la collection PE25 un polo rayé à une fine ceinture jaune ressemblant aux lacets utilisés par les grimpeurs. Toujours dans la collection PE25, The Attico coud sur des pantalons cargo des rubans évoquant des ceintures de sécurité. Lors du défilé PE25 de KidSuper, les lacets deviennent de fins fils reliant les mannequins tels des marionnettes vêtues de tenues trompe-l’œil effet bois. Pour raconter le côté plus érotique et pervers de cet accessoire, on retrouve Rick Owens et Dsquared2. Dans le premier cas, un top bijou avec des lacets reliés entre eux par des pépites argentées et des amulettes ; dans le second, les jumeaux Caten présentent pour la PE25 des vêtements à l’esthétique bondage comme une robe voilée entièrement couverte de lacets en cuir croisés et un top à boucles et sangles inspirés de l’univers BDSM.