
Les 5 meilleurs défilés de la Stockholm Fashion Week SS26
La mode scandinave, entre ténèbres et romantisme
06 Juin 2025
L'Europe du Nord, peut-être plus que toute autre région de notre continent, possède son propre ADN et son propre langage. Si l'association la plus immédiate que tout le monde fait en pensant à la Scandinavie et à son style est celle du minimalisme et du normcore, ces dernières années plusieurs marques ont montré au monde pourquoi l'Europe du Nord est, en plus d’un lieu d’ordre et de propreté, aussi l’une des patries du death metal – avec sa ville suédoise, Göteborg, qui a littéralement donné son nom à un sous-genre précis de ce type de musique. Aujourd’hui cependant, nous parlerons d’une autre ville suédoise, Stockholm, où s’est achevée hier une brève fashion week locale durant laquelle un grand nombre de marques très jeunes (ou du moins toutes fraîches) ont présenté une série de collections peut-être moins éblouissantes que celles que l’on voit à Milan et à Paris mais assurément bien plus remarquables pour leur cohérence de vision et leur style pur, intact. Pour porter leur histoire au-delà des frontières peut-être trop étroites du discours mode d’Europe du Sud, nous avons choisi de partager les cinq meilleures de ces marques ainsi que leurs collections.
Voici les 5 meilleurs shows de la Stockholm Fashion Week SS26.
1. Past Tense Studio
Marque née il y a à peine deux ans, fondée par Victor Lindh et Adrien Forray, respectivement directeur créatif et directeur opérationnel, Past Tense est peut-être la plus “classique” des marques présentes dans cette liste. Le directeur créatif Lindh a un pedigree impressionnant : postes de designer homme chez Neil Barrett et Axel Arigato, direction créative de Norse Projects pendant deux ans et, aujourd’hui, le projet co-fondé avec Forray, son partenaire commercial. La collection SS26, intitulée At Least the Sun Shines, est un petit chef-d’œuvre de simplicité et de vision : tant la palette de couleurs que les vêtements montrés sur le podium sont très essentiels, mais dotés de proportions superbes à la fois structurées et détendues ; les sandales présentées, sorte de fusion entre un mule et une relecture post-industrielle du modèle fisherman, ont une modernité vaguement rude mais très convaincante. S’élevant davantage quand elle devient plus radicale, Past Tense est une excellente addition à l’équipe des minimalistes grunge qui rendent la Scandinavie si intéressante ces dernières années.
2. Imaskopi
La dernière collection d’Imaskopi pourrait être décrite comme une rencontre entre les personnages de Where the Wild Things Are et l’esthétique d’une rave. Imaginez des couvre-chefs cornus de diable triste, des jambières et des épais pulls feutrés aux mailles dilatées et tombantes ; des voiles et des capes portés sur des tenues qui auraient parfaitement convenu à Kate Moss à Glastonbury. Fondée en 2020 par Nelly Skog et centrée entièrement sur des vêtements tricotés à la main, tous genderless mais surtout d’un air magnifiquement sombre et décadent, les collections de la marque évoquent un monde presque enfantin, naïf mais indubitablement nocturne et rebelle. Sur le plan du produit, les créations de Skog présentent une inventivité absolument remarquable : ses écharpes-pulls, ses longsleeves en cachemire aussi impalpables que des toiles d’araignée et ses accessoires ont quelque chose d’hypnotique et suggèrent des histoires allant bien au-delà de leurs caractéristiques matérielles.
3. SEAMS
Marque fondée en octobre 2023 par le tout jeune Dustin Glickman, qui en est aussi le directeur créatif, SEAMS naît dans le monde de la joaillerie et pose la question : Que se passerait-il si les White Walkers de Game of Thrones ou les Nazgûl du Seigneur des Anneaux créaient des bijoux ? Cette année, l’intrigue s’est densifiée pour Glickman, qui a présenté sa première collection de vêtements avec d’excellents résultats. La vision créative de Glickman est extrêmement focalisée : deux ou trois motifs récurrents, une attitude magnifiquement punk, une touche décidée et tranchante qu’il est magnifique de voir exprimée avec autant d’honnêteté et surtout sans prétention. La marque a une aura fortement juvénile, et donc quelque chose d’idéaliste, peut-être même de naïf, mais c’est justement cette authenticité qui fait ressentir tout l’enthousiasme de Glickman et sa mesure dans le fait de laisser courir la créativité sans la perdre de vue ni sortir des rails.
4. Jennifer Blom
En passant des collections co-ed au womanswear “pur”, on trouve Jennifer Blom, designer qui a habillé à plusieurs reprises la princesse Victoria de Suède, pour ne citer que la plus illustre de ses clientes. En sortant un instant du monde gothique ou minimaliste dont nous avons parlé jusqu’ici, Blom a présenté une collection tout en légèreté et romantisme, avec des robes fluides et légères aux couleurs vives, des constructions très intéressantes et dotées d’une rare désinvolture et une série d’imprimés, de décorations et de détails presque émouvants. Étant peut-être la marque la plus historique de cette liste, avec 15 ans d’existence, Blom est une designer à la vision plus mature et internationale et pourrait sans hésitation figurer dans le programme de Paris. Assurément, une marque que nous devrions redécouvrir même de ce côté-ci de l’Europe.
5. Fayette/Norling
Nous revenons dans le monde un peu sombre du punk avec Fayette/Norling, marque fondée par Lovisa Norling et spécialisée dans les vestes en cuir végan aux proportions pour le moins fantasques : certaines très courtes avec des cols hauts et droits comme des murs ; d’autres avec des épaules qui feraient pâlir n’importe quel power suit des années 80 ; hoodies en fourrure combinés à des bodies en dentelle façon Lolita ; bombers aux manches tirées vers le haut qui habillent un personnage à mi-chemin entre boxeur et ballerine ; combos de cabans et maxi-jupes noirs comme les vêtements de Nosferatu. Bref, l’âme métal est très forte, le drame est total et le cœur est assurément à la bonne place – le meilleur étant que la marque ne vend pas simplement ces vestes (elle les loue aussi si on veut), mais les personnalise également. Imaginez un atelier de couture mais pour des vestes faites pour aller à une rave. Qui pourrait y résister ?