
Zegna à la recherche de la toison d'or
Une nouvelle collection monumentale qui perpétue l'innovation et l'élégance contemporaine de Zegna
21 Janvier 2025
Alberto Castellano
Le défilé FW25 de Zegna, qui a clôturé, comme le veut la tradition, la Semaine de la mode de Milan, a commencé par une suggestion : des vêtements de la garde-robe d'Ermenegildo Zegna, encore conservés dans les archives de la marque. Un travail de tailleur que le directeur de la création, Alessandro Sartori, a qualifié de « torinois » lors de l'avant-première à la presse, c'est-à-dire agréablement traditionnelle, accueillante dans sa familiarité. Pour suivre cette inspiration, évoquant également la tradition instaurée par le fondateur, Sartori a placé au centre de la collection le Vellus Aureum, la laine la plus fine au monde, que Zegna sélectionne grâce aux emblématiques Wool Trophy Awards. Avec un record de finesse atteint en 2023 de 9,4 microns, cette fibre devient, dans la collection, le symbole d'une recherche sans fin de perfection : plus fine que le cachemire mais plus longue et résistante, la fibre de Vellus Aureum n’a pas été utilisée pour créer des tissus fins et impalpables mais, au contraire, pour façonner des silhouettes épaisses et robustes, déstructurées mais dotées d'un profil et d'une définition uniques grâce au travail important mené, dès 2020, sur les volumes et les épaisseurs. Par ailleurs, la collection inclut des matériaux extrêmement précieux tels que le cachemire, le velours côtelé de coton et le mohair, tandis que le cuir de veau au tannage végétal possède une douceur unique, presque comme du beurre, et une surface qui se modifie et s’altère avec le temps de manière différente pour chaque pièce – une qualité que, en termes techniques, on appelle "scrivenza".
L’idée de la collection, comme toujours, était de créer une garde-robe quasi modulaire, où anciennes et futures collections peuvent s’intégrer librement, permettant non seulement d’être pleinement vécues mais aussi d’être transmises. La silhouette est volontairement déstructurée, avec des volumes enveloppants et des proportions repensées, comme dans le cas des blazers déstructurés et des manteaux oversize avec cols en fourrure de cachemire. Comme mentionné, Sartori a placé au cœur de la collection l’idée d’une garde-robe intergénérationnelle, mélangeant des pièces iconiques appartenant à un passé vécu et réélaboré avec des détails et des finitions résolument modernes – ce n’est pas un hasard si les collections de Zegna ont une gestation très longue, de douze mois, permettant toute sorte d’expérimentation et d’amélioration. Les vestes, les chemises en maille souple et les pantalons taille haute portés sans ceinture, dans une optique de garde-robe aussi simple que possible, deviennent l’expression d’un style élégant mais détendu : épaules tombantes, volumes carrés. Même la construction des vestes a été étudiée pour créer une posture détendue lorsque l’on garde les mains dans les poches. Et justement les poches, basses et diagonales, incitent presque à un geste spontané. Pour leur praticité et leur qualité intemporelle, de nombreuses vestes s’inspirent également des modèles militaires, remarquablement adoucis et conçus avec un design qui met en valeur le décolleté en V présent presque partout dans la collection.
D’autres pièces, notamment celles en velours, ont été lavées pour créer un effet vécu, autre hommage à la garde-robe du “grand-père Zegna” dont la garde-robe a, par exemple, inspiré à Sartori le tweed à utiliser pour un manteau, conçu comme un modèle classique, mais qui possède à l’intérieur un gilet en fourrure de cachemire pouvant être détaché et porté séparément. Ailleurs, les vestes légères mais chaudes en cachemire possèdent des volumes solides et compacts mais toujours extrêmement doux, dotées d’une double épaisseur qui crée une silhouette courte et absolument contemporaine. Une pièce particulièrement intéressante est un pull duveteux créé avec un tissu dit “brosse” en alpaga et laine, gratté et aplati pour créer un effet homogène mais capable de capter la lumière. Toujours en suivant l’idée d’une garde-robe modulaire, la veste classique Conte est devenue un gilet à la texture épaisse et dense, tandis qu’un modèle semblable au bomber classique, en gris chiné, semble doté d’une épaisseur robuste mais se révèle extrêmement doux au toucher grâce à la double épaisseur du matériau à l’intérieur. Certaines vestes, en revanche, sont dépourvues de construction et de doublure interne, se structurant uniquement grâce aux matériaux doux mais résistants à partir desquels elles sont taillées : on revient toujours, associé à celui de la durabilité de la pièce, à l’idée de facilité à la porter, la possibilité d’y glisser. Plus classiques en revanche, les chaussures : représentées pour la plupart par des mocassins classiques avec semelle en cuir et caoutchouc.

Quant aux couleurs, Zegna a choisi une palette qui évoque les paysages australiens, source d’inspiration pour sa recherche continue d’innovation dans le monde de la laine. Une nuance particulièrement intéressante est celle du vin, une sorte de rouge profond mais lumineux rappelant les tonalités du Barolo, tandis que des couleurs comme le fossile, le genévrier, le feuillage sombre, le serra et le castor se mêlent dans un jeu de nuances naturelles, dans une interprétation qui est à la fois un hommage à la nature et un symbole de la tradition Zegna. L’aspect de la tradition est très important car Zegna est l’une des rares marques capables de gérer sa chaîne d’approvisionnement, de l’élevage des moutons jusqu’à la boutique, ce qui donne à la marque un contrôle quasi total sur la production et l’innovation des matériaux. Gildo Zegna, lors de la présentation, a souligné l’importance de "penser lentement, agir vite", une invitation à prendre le temps de réfléchir et de choisir consciemment, tout en concevant un luxe qui n’est pas seulement esthétique, mais aussi éthique. Dans cette collection, Zegna repense le concept de luxe, un luxe qui est "coûteux mais pas cher", un luxe qui dure dans le temps, qui n’est jamais une fin en soi, mais fait partie d’un processus respectant la nature, la tradition et l’artisanat.