Devrions-nous prendre l’éco-anxiété plus au sérieux ? Un problème réel mais avec peu de solutions, qui touche surtout les jeunes

Ces dernières années, on entend de plus en plus parler de « éco-anxiété », une forme particulière de malaise psychologique causée par la conscience des conséquences dévastatrices du changement climatique. Ceux qui en souffrent – à des degrés divers – sont surtout les jeunes, et au-delà du sentiment d’anxiété, beaucoup ressentent de la colère, un sentiment d’impuissance et de frustration. La diffusion de ce trouble n’est pas uniforme dans la population, mais touche principalement ceux qui s’occupent souvent de questions environnementales, ainsi que ceux qui ont vécu directement les conséquences d’événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Il s’agit essentiellement d’une forme d’angoisse liée au sentiment croissant que, à ce rythme, les catastrophes environnementales non seulement continueront de se produire, mais deviendront très probablement encore plus intenses. Bien qu’elle ne soit pas classifiée comme un véritable trouble dans la littérature scientifique (malgré les nombreuses études publiées), l’éco-anxiété – lorsqu’elle est cliniquement reconnue – peut compromettre la capacité à dormir, travailler et socialiser, à tel point qu’elle peut devenir difficile à affronter.

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Le même New York Times a souligné les difficultés rencontrées par de nombreux psychothérapeutes dans le traitement de patients souffrant des effets de l’éco-anxiété. Beaucoup de professionnels se sentent mal préparés à affronter ce type de souffrance, en partie parce que ce sentiment est exacerbé par le fait que la majorité de la société tend à minimiser la crise environnementale, laissant ceux qui sont profondément angoissés sans outils de traitement. Les jeunes représentent la partie la plus active des mouvements écologistes : cependant, face à la lenteur des institutions à répondre au problème, beaucoup éprouvent un tel sentiment d’impuissance qu’ils finissent souvent par assumer la responsabilité de l’inertie collective, amplifiant encore leur malaise psychologique. « Dans ces conditions, et en supposant l’aggravation de la situation dans un avenir proche (il n’existe aucun parti de droite ou d’extrême droite au monde qui ne saupoudre son offre politique d’un peu d’éco-négationnisme), on comprend que l’éco-anxiété est devenue une question presque marginale, voire complètement négligeable », fait remarquer Rivista Studio

Ces dernières années, les chercheurs ont identifié trois types d’effets que la crise climatique peut générer sur la santé mentale. Le premier découle justement de l’exposition directe à des événements météorologiques extrêmes, et se manifeste souvent par des troubles déjà connus de la science – comme le trouble de stress post-traumatique. Le deuxième concerne le sentiment d’incertitude provoqué par la narration médiatique sur les retombées du changement climatique : une exposition excessive peut contribuer à alimenter la peur pour la survie de l’humanité et des autres formes de vie présentes sur Terre. Le troisième, enfin, fait référence aux impacts psychologiques à grande échelle, capables d’altérer le tissu social des communautés individuelles, donnant lieu à des phénomènes difficiles à contenir – comme l’augmentation de la violence envers les soi-disant « migrants climatiques » ou la multiplication des conflits liés à l’accès aux ressources. Le terme « éco-anxiété » est le plus répandu, mais dans le domaine on utilise aussi d’autres expressions pour désigner les conséquences psychologiques du changement climatique, comme « éco-paralysie » ou « solastalgie ».

Ce dernier mot désigne le malaise ressenti par les personnes qui se retrouvent à vivre dans un environnement familier mais désormais profondément modifié par les conséquences des activités humaines – ce n’est pas un hasard si ce terme s’oppose à celui de « nostalgie ». Dans ce contexte, il faut garder à l’esprit que le changement climatique en cours est entièrement causé par l’homme : à partir du milieu du XVIIIe siècle, avec le début de la Révolution industrielle, l’humanité a progressivement rejeté dans l’atmosphère des milliards de tonnes de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre. Jusqu’aux années 1950, on pensait que ces substances pouvaient être absorbées par les océans sans conséquences significatives, mais on s’est ensuite rendu compte qu’elles s’accumulaient en réalité dans l’atmosphère, contribuant au réchauffement climatique. C’est aussi pour cela qu’en 2017, le New York Magazine, dans un long article consacré à la crise climatique et à l’avenir de la planète, a parlé du changement climatique en cours comme d’une apocalypse que – de fait – l’humanité s’était infligée elle-même.

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