A Guide to All Creative Directors

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L'exposition sur Rick Owens vient d'ouvrir ses portes, et elle est déjà un incontournable

Afin d'en comprendre la complexité, nous avons rencontré Alexandre Samson, commissaire du musée

L'exposition sur Rick Owens vient d'ouvrir ses portes, et elle est déjà un incontournable Afin d'en comprendre la complexité, nous avons rencontré Alexandre Samson, commissaire du musée

Iconoclaste, ouverte et tendre. C’est en ces trois mots qu’Alexandre Samson, historien de la mode, commissaire et responsable des collections de 1947 à nos jours au Palais Galliera,  résume Rick Owens, Temple of Love, la rétrospective consacrée à la carrière du créateur de mode américain, dirigée par ses soins. C’est en effet derrière les colonnes du Palais Galliera et ses statues recouvertes d’un tissu sombre pailleté pour l’occasion que les plus de trente ans de travail et de passion du designer sont mis à l’honneur, dans une exposition non seulement iconoclaste, ouverte et tendre, mais aussi complète, captivante, parfois même émouvante. Des silhouettes sélectionnées aux fleurs peuplant le parterre qui devance le musée, l’exposition a été pensée par Rick Owens, pour Rick Owens, qui fort d’une relation étroite et fidèle avec le musée, a obtenu carte blanche de la part de celui-ci pour organiser l’exposition à sa façon. Bercée non pas par la musique rebelle des Sisters of Mercy, mais bien par une alternance équilibrée de musique classique et d’extraits des textes de Joris-Karl Huysmans narrés en français par le designer lui-même, l’exposition est donc une sorte d’autobiographie en image, une lettre ouverte au créateur, à sa mode, mais aussi à la mode pour tous et au pouvoir de l’évolution. Afin de la comprendre et d’en apprécier le contenu en profondeur, sans nous limiter à savourer la beauté des silhouettes présentées mais pour en saisir le sens et la présence, nous avons discuté avec son commissaire, qui a eu la gentillesse de nous dévoiler les secrets de l’exposition, mais aussi de Rick Owens. 

Des secrets qui remontent à bien loin, aux années 80 plus précisément, alors que le jeune Rick Owens commence une carrière de patronier à Los Angeles, sa ville natale, là où il rencontrera quelques années plus tard sa femme, muse, et collègue, Michèle Lamy. De ses débuts aux États-Unis jusqu’à ses récentes collections, l’exposition s’ouvre sur une salle sombre, mais loin d’être lugubre, aux murs recouverts de tissus et décorés de diverses chapelles contenant les looks du créateur, sagement rangés, gentiment organisés. « Nous avons essayé de partir des silhouettes les plus importantes de Rick Owens ces dernières années. De ses défilés parisiens, à partir également des silhouettes qu’il a conservées, car il conserve tout » explique Alexandre Samson. « On a donc décidé de prendre les meilleures, les plus emblématiques, significatives, et on a tenté de fouiller le passé, chercher des choses qu’il n’avait pas conservé mais étaient ses premières silhouettes à Los Angeles, qui furent très compliquées à trouver. Pour ce faire, nous avons reçu l’aide d’anciens collaborateurs, qui avaient conservé ici et là des pièces qu’il a fallu recontextualiser, redater précisément pour essayer de constituer la première salle du Palais Galliera » continue-t-il. L’ombre fait ensuite place à la lumière, lorsque l’on passe la porte de la seconde salle de l’exposition qui, pour la première fois, laisse entrer les rayons du soleil en ouvrant ses rideaux, sans craindre d’abîmer les pièces qui y sont présentées, dans l’idée au contraire d'accepter l’usure, voire de l'accueillir. Une seconde salle marquée par l’évolution stylistique du créateur, présentant ses pièces chronologiquement, de ses premières collections créées à Los Angeles à l’aura sombre et sérieuse, faites de noir, de cuir, et de fer, à ses derniers défilés parisiens, plus colorés, légers, mais aussi architecturaux et structurés. 

« La volonté première de Rick Owens, c’est d’allonger la silhouette au maximum », explique Alexandre. « On le remarque à Hollywood quand il s'inspire des années 30, de leurs jupes, notamment taillées en biais, qui prolongent la silhouette, devenant presque des traînes, mais aussi de vestes en cuir, longues, aux bras étroits, grâce notamment à du jersey, qui est incrusté dans la manche pour l'allonger au maximum. Les premiers pas de Rick Owens dans la mode se font à travers cet allongement » continue-t-il. « Quand il arrive à Paris, une certaine complexité intègre son travail, à travers plusieurs influences qui viennent élargir ses silhouettes, notamment le brutalisme, un courant architectural qui développe le béton, avec l'un de ces artistes architectes phares Le Corbusier, qui leur donne une sorte de consistance monolithique. À cette époque, une recherche de complexité par la forme du patron intègre son travail, issue de la connaissance et maîtrise de patronier de Rick Owens » précise le commissaire. Un passé de patronier qui suivra le créateur tout au long de sa carrière. Rick Owens ne dessine pas, il conçoit. Si l’on se souvient de Christian Dior ou Karl Lagerfeld pour leurs croquis de mode rapides et évocateurs ou bien de Gabrielle Chanel et sa manière d’assembler des éléments avant de commander à ses petites mains d’exécuter ses idées, Rick Owens, lui, attaque le vêtement par sa structure.  

@nssfrance Nous sommes passés par l’exposition au Palais Galliera, intitulée “Temple of Love”, consacrée à une rétrospective de la carrière du designer Rick Owens. #rickowens #rickowensonline #palaisgalliera #fashion #fashioninspo #rickowensdrkshdw #fashionexpo #paris #parisexpo #parisguide Hearing Damage - Thom Yorke

Au fil des salles et des silhouettes, plusieurs thèmes s’imposent tout naturellement, comme le sacré, le mystique, voire le biblique mais aussi la littérature et le cinéma. Que d’éléments qui ont bercés l’enfance de Rick Owens, transmis par son père, comme nous l’explique Alexandre : « Ses origines américaines n’ont pas empêché une immense attirance pour la culture européenne, qu’il a cultivé à travers la littérature, notamment française, la musique classique, que l’on entend en fond tandis que nous découvrons l’exposition, ou encore  les débuts du cinéma, les grands classiques du cinéma hollywoodien. » Sa culture est très érudite. Elle n'est pas seulement intellectuelle, mais aussi religieuse. « Il a également suivi un enseignement catholique, une chose très marginale aux Etats-Unis », précise Alexandre, « Il a donc vécu une sorte de marginalité à travers le catholicisme, l’habit religieux, la représentation du christ en croix, un aspect de la liturgie religieuse. Tous ces éléments ont donc nourri son imaginaire, faisant croître une sorte de fascination pour le mystique et son expression, notamment à travers le rituel. Quelque chose que l’on retrouve dans tous ses défilés finalement, qui se présentent chacun comme une sorte de grande procession religieuse. »

Tout comme ses défilés, présentés depuis quatre ans rigoureusement en face du palais Galliera, l’exposition s'articule elle aussi sous une forme de procession. « Il n’y a pas de pièce centrale dans cette exposition » explique Alexandre, « elles forment toutes un corpus, un tout, qui explique dans la manière dont elles sont disposées, l’évolution, le regard de Rick Owens, la richesse de ses influences. Il est difficile d’indiquer une silhouette emblématique, elles doivent être découvertes ensembles par le public. Elles ont toutes quelque chose à raconter, quelque chose de spécifique, propre à elles. Elles pourront plaire par la couleur, par la matière, par la forme, la silhouette, leurs volumes étonnants parfois, qui transforment le corps. C’est justement cette volonté de transformer la silhouette et le corps, arrivant presque à un résultat très abstrait, qui fait la force de Rick Owens. » Une force difficile à résumer en une centaine de pièces, minutieusement sélectionnées. Pourtant, le pari est réussi pour le Palais Galliera avec cette monographie complète, auto-suffisante. 

@nssmagazine It’s Rick Owens’ birthday #rickowens #fashion #avantgardefashion #rickowensonline original sound - nss magazine

L’exposition, bien plus qu’un simple étalage, est un véritable projet artistique complet, à 360°, exactement comme Rick Owens, ses oeuvres et son approche à la création qui, « par sa richesse, équivaut à bien des égards à la production de beaucoup d'artistes contemporains » confirme notre guide. C’est une ode à ce créateur américain d'origine mexicaine qui depuis 2003, a fait de Paris son écrin, sa maison, son atelier. Une ode complète, qui met en lumière ce designer au côté sombre mais pourtant brillant « dans sa richesse, dans sa complexité, dans les liens très surprenant qu'il a avec la culture française et la culture européenne, dans ses réflexions personnelles, sociales, politiques en faveur de la différence, notamment de genre, des différences créatives, d'origine également, et en quoi justement son travail est un travail militant parfois, mais qui se nourrit d'une très grande douceur, surtout ces dernières années ». D’une ampleur et d’une format inédits, l’exposition Rick Owens, Temple of Love, propose une réflexion sur l’amour, la beauté, et la différence à travers une mise en scène monumentale. « J’espère que le public découvrira de nouvelles choses sur Rick Owens, ou même qu'il découvrira complètement le créateur dans ce qu’il a de théâtral, mais aussi dans la complexité de ses silhouettes, leur beauté également, leur glamour parfois, l’engagement politique qu’il a derrière en faveur de minorités, des artistes. Notre époque en a besoin, c’est aussi pour cette raison qu’on la présente maintenant » conclut Alexandre Samson. Quand à Rick Owens, il « espère que chacun de vous trouvera ici, d’une façon ou d’une autre, un reflet de soi.» 

L'exposition Rick Owens, Temple of Love est ouverte du mardi au dimanche, de 10h à 18h et les vendredis jusqu’à 21h, jusqu'au 4 janvier 2026. Retrouvez toutes les informations pratiques sur le site du Palais Galliera.