
Charlotte Gainsbourg est brillante et décoiffante dans Étoile
L'actrice fait partie des stars de la nouvelle série des auteurs de Gilmore Girls et The Fantastic Mrs Maisel
24 Avril 2025
Cheveux ébouriffés, regard mélancolique, allure française. Ce sont les premières choses qui viennent à l’esprit lorsque l’on prononce le nom de Charlotte Gainsbourg. Viennent ensuite ses parents : Serge Gainsbourg, l’un des auteurs-compositeurs-interprètes et artistes français les plus célèbres du siècle dernier, tout comme sa mère Jane Birkin, disparue seulement en 2023. Pour les cinéphiles, l’association est immédiate : Lars von Trier. Le duo a collaboré sur trois films – plus un, vu la division de Nymphomaniac en deux parties – explorant les thèmes de la dépression et des dépendances destructrices, de Antichrist en 2009 à Melancholia en 2011. Mais elle n’a pas été dirigée que par l’un des réalisateurs les plus sombres et oppressants du cinéma mondial. L’actrice, également chanteuse et, comme sa mère, d’origine britannique et de nationalité française, a travaillé avec des grands noms d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, plongeant dans les profondeurs de l’âme avec les 21 grammes d’Alejandro González Iñárritu et les mystères d’une femme revenue du passé avec Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin. Quand on pense à Charlotte Gainsbourg, c’est un cinéma engagé qui se dessine, où l’on semble la voir habitée par mille tourments intérieurs, parfois plus déchirants, parfois délicats et sensibles comme dans le récent Les Passagers de la nuit de Mikhaël Hers.
C’est pourquoi la retrouver au casting d’un projet si éloigné de l’image que l’on a d’elle, comme la série en huit épisodes Étoile de Amy Sherman-Palladino et Daniel Palladino, est rafraîchissant. Pour l’actrice et pour nous, le public. Ce n’est pas comme si l’interprète n’était jamais sortie de sa zone de confort. Surtout lorsqu’il s’est agi de productions américaines, Gainsbourg ne s’est pas privée de quelques folies comme Independence Day: Resurgence de 2016 signé Roland Emmerich ou de thrillers flirtant avec le gothique (The Pale Blue Eye - Les Crimes de West Point), l’auteurisant (Sundown) ou d’un style plus classique et critiquable (Le Bonhomme de neige). Actrice au parcours éclectique, Gainsbourg explore désormais la comédie brillante, un territoire déjà arpenté notamment en France et qui lui permettra de toucher un public encore plus large, des spectateurs de Prime Video aux fans des créateurs de Gilmore Girls et The Marvelous Mrs. Maisel. Une légèreté jamais frivole, toujours juste dans sa désinvolture, qui en fait une merveilleuse Geneviève dans ce show en streaming. Toujours aussi française, chic et oui, encore une fois ébouriffée, dirigeant Le Ballet National de Paris, confrontée à un projet d’échange culturel où les meilleurs talents de sa compagnie sont remplacés par ceux du Metropolitan Ballet Theater de New York. Une idée pour redonner vie au monde du ballet, ignoré par le grand public et nécessitant un regain d’énergie, cette même énergie qui semble couler dans les veines et les costumes froissés mais élégants du personnage de Gainsbourg.
Étoile s’inscrit ainsi dans une carrière qui, en comédie, l’a vue au côté de son mari Yvan Attal, réalisateur et scénariste de Ma femme est une actrice, dans la version la plus onirique et imprévisible de Michel Gondry lorsqu’il l’a dirigée dans La Science des rêves, ou encore, côté séries, dans le récent Alphonse aux côtés de l’Oscarisé Jean Dujardin. Mais dans ce show de Prime Video, elle brille d’un éclat inhabituel, pétillant comme l’exige la série elle-même, évoluant dans le rythme effréné, excentrique et enjoué d’Amy et Daniel Palladino. Un rythme qu’elle semble apprécier alors qu’elle navigue entre les demandes absurdes de sa troupe de danseurs et une alliance faite de contrats économiques et d’intérêts amoureux entre la France et l’Amérique, et dont elle a activement participé à la création, aidant notamment à rendre les dialogues en français plus crédibles, proposant des idées pour la décoration du bureau de son personnage et rencontrant les directeurs de l’Opéra et du Ballet de Paris. Une ouverture de la part des deux créateurs qui s’est répercutée dans l’engagement de Gainsbourg, récompensé par une performance irrésistible et onirique. Une protagoniste submergée par le travail, mais toujours enthousiaste lorsqu’il s’agit de l’art qui a changé sa vie : la danse. Entre un plié et une chorégraphie, un taureau à dompter (regardez la série, vous comprendrez) et des urgences à gérer, Geneviève est l’un des cœurs battants de Étoile, avec une Charlotte Gainsbourg qui donne envie de se lâcher entre un sourire et une piste de danse.