
La France approuve enfin une loi anti fast-fashion
Bonus-malus, écoscore et taxe colis pour responsabiliser l’industrie
11 Juin 2025
Un an après l’adoption en première lecture de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile, et après des mois de stagnation, le Sénat a finalement décidé d’adopter presque à l’unanimité la fameuse loi anti fast-fashion. Comme l’a dit Jacques Fernique, sénateur et co-rapporteur de la loi à peine approuvée : « on a connu des procédures plus rapides ». Mais même avec un retard accumulé, le résultat est bien là, tout comme une série d’outils et de règles mises en place afin d’endiguer l’expansion de la mode ultra-rapide en France. Entre l’interdiction de publicité, des pénalités pour les entreprises polluantes, des sanctions pour les influenceurs incitant à sa consommation et des certaines obligations pour les plateformes qui la vendent, on pourrait bien assister au début de la fin pour la mode “ultra-éphémère” voire “ultra-rapide”, comme la définie le Sénat.
@matthieubobarddeliere Pensez-vous que ces mesures vont être utiles pour limiter la fast fashion ? #tiktokfashion #fastfashion #shein #temu #stopfastfashion #ecologie #actu #news son original - Matthieu Bobard Deliere
« Ce texte a deux ambitions : protéger notre environnement et protéger notre commerce », explique Véronique Louwagie, ministre de la consommation. « Nous avons tracé une ligne nette entre ceux que nous voulons réguler, l’ultra mode express (…) et ceux que nous voulons préserver : la mode accessible mais enracinée, qui emploie en France, qui structure nos territoires, qui crée du lien et soutient un tissu économique local », continue la sénatrice Les Républicains Sylvie Valente Le Hir, rapporteuse sur le texte. Concrètement, la loi vise à sensibiliser les consommateurs à l’impact environnemental de leurs vêtements, et faire en sorte que les entreprises de mode s’acquittent des éco contributions, en les faisant fonctionner selon un principe de "bonus-malus", ajusté en fonction des critères de durabilité des entreprises et calculé par “l’écoscore”, une sorte de nutriscore pour la mode. Une pénalité qui jusqu’à l’année prochaine s’élèvera à 5€ per article, mais augmentera progressivement au cours des années, atteignant les 10€ par pièce en 2030. Une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies en dehors de l’Union européenne sera également imposée, allant de 2 à 4 euros.
Le modèle de la #fastfashion n’est pas durable.
— Les Indépendants Sénat (@Indep_Senat) June 11, 2025
« Nous ne pouvons pas laisser nos collectivités seules assumer les coûts directs et indirects de cette mode » : collecte croissante de déchets, fermetures d'usines, perte d'attractivité...
En voulant faire des économies nous… pic.twitter.com/E64mOWmDRW
Si des grands noms de la mode rapide comme H&M et Zara sont certainement à limiter, l’ennemi principal de cette nouvelle loin n’est autre que le géant de la fast fashion par excellence : Shein. « Cette proposition de loi risque de faire peser la responsabilité de la durabilité sur les consommateurs, déjà confrontés à des pressions économiques, en réduisant davantage leur pouvoir d’achat », a réagi Shein immédiatement après le vote, après avoir déjà dénoncé ces derniers jours une « loi anti-Shein ». Bien que la nouvelle soit réjouissante, les associations anti fast-fashion préfèrent ne pas crier victoire trop vite, et critiquent le fait que certaines mesures ne concernent que l’ultra fast fashion et épargnent les marques européennes de cette mode jetable. « La prochaine étape, celle des discussions en commission mixte paritaire (CMP), reste cruciale », indique Impact France et En Mode Climat. Affaire à suivre.