A Guide to All Creative Directors

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Les mannequins masculins plus size sont les grands oubliés de la Fashion Week

Des podiums sélectifs et un silence pesant

Les mannequins masculins plus size sont les grands oubliés de la Fashion Week Des podiums sélectifs et un silence pesant

Alors que la question de la représentation des corps féminins revient, avec plus ou moins de liesse, lors de chaque Fashion Week, celle des corps masculins, tient, elle, de l’ordre de la mention furtive, si mention même il y a. Compréhensible, certes, dans un milieu où les femmes sont au-devant de la scène, mais regrettable. Une absence d’autant plus incompréhensible au moment où les défilés menswear se démocratisent, et que l’apparition de modèles masculins au sein même des collections féminines ne fait plus figure d’exception. Et pourtant, le silence demeure. A l’aune des défilés FW25, il est donc temps pour nous, de se pencher concrètement sur la réalité de la non-diversité des corps dans les collections menswear.

 

Collections FW25 : le temps de l'état des lieux 

Les mannequins masculins plus size sont les grands oubliés de la Fashion Week Des podiums sélectifs et un silence pesant | Image 556879

En ce début de mars 2025, alors que la plupart des collections masculines ont été présentées, sur 131 collections, 10 apparitions de mannequins masculins plus size sont à répertorier. A noter : il ne s’agit pas de 11 marques différentes ou 10 mannequins différents. Louis Gabriel Nouchi est l'un des rares à avoir fait défiler 2 mannequins masculins plus size, dont Mathias Kissi qui était présent également chez Rick Owens. Ces deux marques sont d’ailleurs les seules de l’ensemble des 131 collections, à avoir fait défiler non pas un mais bien deux mannequins grande taille. Quelle répartition selon les villes ? L’échantillon étant maigre, les conclusions sont difficiles. Néanmoins une ville se détache: Berlin. Sur 18 collections, 3 font appel à des mannequins masculins plus size. C’est une de moins que Paris, sur, elle, 61 collections. Pourtant la question de la diversité au sens large ne semble plus être un sujet tabou, aussi bien chez les hommes que les femmes. En passant en revue l’ensemble des 131 défilés, la présence d’hommes âgés sur les runways saute aux yeux. Manifestement leur inclusion, pourtant récente semble s’être faite sans réticence. Un exemple : la collection John Alexander Skelton et ses mannequins dont la moyenne d’âge semble se situer dans la quarantaine. Une inclusivité à deux vitesses.

L'effet Pedro Almodovar

Les mannequins masculins plus size sont les grands oubliés de la Fashion Week Des podiums sélectifs et un silence pesant | Image 556877

Au-delà des analyses chiffrées un autre constat apparait, plus déroutant encore. Sur 10 apparitions de mannequins plus size, la moitié d’entre eux sont des artistes reconnus : Luc Tuymans chez Yohji Yamamoto, Wolfgang Bahro, acteur allemand populaire, chez William Fan ou le sculpteur Daniel Chadwick chez Metal Campania. Peut-on donc réellement considérer leur apparition, comme celle d’une démarche veillant à promouvoir la diversité des corps dans la mode, ou simplement la volonté de capitaliser sur leur présence afin de faire se refléter leur éclat artistique sur la marque ? Un autre exemple, plus ancien, semble confirmer cette tendance. La campagne Saint Laurent mettant en scène Pedro Almodovar, comme d’autres réalisateurs émérites tels que David Cronenberg ou Abel Ferrara. Certes Almodovar n’a pas les mensurations du mannequin moyen, mais personne n’a semblé pertinent de saluer un quelconque effort de représentation de la part de la marque.

Ainsi, l’anonymat est moins permis chez les mannequins masculins plus size. Un comble pour le métier de mannequin. Même une marque telle que Sivan, en faisant défiler Posh Heat, lui-même designer et fashion influencer, fait autant défiler une personnalité publique qu’un mannequin plus size. Un tour de passe-passe permettant aux marques de se satisfaire d’une certaine représentation tout en profitant de l’influence de la personnalité. Une question même se pose à celles-ci: la marque aurait-elle ne serait-ce que considéré la présence d’un mannequin de leur taille sur le runway, si lui-même n’avait pas été une personnalité publique ? Il est donc difficile d’applaudir aveuglément les marques. Encore faut-il interroger la dynamique sous-jacente à la présence de ces talents sur les runways. Une simple présence ne peut donc pas satisfaire la plus-que-nécessaire représentation.

 

Les hommes, leurs corps et la mode : la sonnette d'alarme

Les mannequins masculins plus size sont les grands oubliés de la Fashion Week Des podiums sélectifs et un silence pesant | Image 556878

En 2025, ces maigres statistiques n’en sont que plus affligeantes compte tenu du climat actuel. Le rapport des hommes à leur corps, un sujet encore balbutiant, et donc relativement peu étudié, est alarmant. Le terme « bigorexie » ne vous dit rien ? Utilisé pour décrire la dépendance à l’activité physique, il se démocratise aujourd’hui, tant les phénomènes d’addiction à la salle de sport en vue de la prise de muscles prennent de l’ampleur. Tant bien que le dopage – un temps réservé aux athlètes de haut niveau ou culturistes – inquiète désormais au plus haut sommet de l’état. La précédente ministre des sports Amélie Oudéa-Castera avait elle-même identifié le sujet du dopage amateur dans un plan national de prévention. Au-delà de la pratique, la publicité de ces comportements, facilité par des plateformes comme TikTok ou même grâce aux espaces dédiés à la prise de photos dans les salles de sport– influe sur l’image des hommes et de leur corps. La mode, en refusant de participer à l’effort de représentation des corps masculins, doit également être tenue comme responsable.

Un tiktokeur du nom de Brandon Andre, abordait l’année dernière un sujet adjacent dans l’une de ses vidéos : le corps même, hypermusclé, qui pullule actuellement sur la plateforme, n’est pourtant même pas celui que l’on voit défiler sur les runways masculins. Entre corps sveltes, presque androgyne des podiums, et muscles du gymbro, peu de place donc pour ces hommes plus size, dont la présence semble se limiter à de rarissimes apparitions. Pourtant la mode sait combien son rôle est grand lorsqu’il s’agit d’influencer les femmes et leur rapport à leur corps. Se dit-elle que la mode masculine en est exempte ? Dans les années 2000, le monde a pris dramatiquement conscience du lien toxique entre mode et anorexie féminine. Si l’on ne peut que se réjouir du développement de l’intérêt des hommes pour la mode, la mode doit apprendre de ses erreurs et se préparer à s’adapter aux corps masculins comme elle le fait – lentement certes – pour les femmes. La représentation de cette diversité ne peut plus être réduit à une mention anecdotique, c’est une urgence.

@bybrandonandre Male models gotta know this if they wanna get signed to a fashion agency! #malemodel #modelingportfolio #model #modeling #shredded #gymbro #gymlife original sound - Brandon Andre | Photographer

Il y a quelques années Vogue Business publiait un article sur les mannequins masculins grande taille, ou plus exactement sur leur absence, comme un appel à l’industrie du luxe toute entière. Force est de constater que peu de choses ont véritablement changé depuis cet article. Le luxe continue encore et encore à ignorer les signaux, et à se contenter de maigres lots de consolation. Et comment ne pas regretter ces absences, quand de l’autre côté du miroir, les talents se multiplient, prêts à faire leurs preuves sur les runways du monde entier. Un article comme celui-ci peut sembler redondant, tant le sujet prend peu à peu la forme d’un marronnier, mais c’est un marronnier nécessaire. Car, peut-être, à force de le dire, un jour serons-nous entendu.e.s.