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On a oublié l'époque où Tom Ford était chez Yves Saint Laurent

Le drama, les polémiques et les critiques du génie qui a élevé Gucci

On a oublié l'époque où Tom Ford était chez Yves Saint Laurent Le drama, les polémiques et les critiques du génie qui a élevé Gucci

Lorsque Tom Ford a été nommé directeur artistique chez Yves Saint Laurent en 1999, les attentes étaient très hautes. Réduit au succès qu’il avait connu chez Gucci, Ford était perçu comme un révolutionnaire capable de transformer une marque en déclin en une icône mondiale. Cependant, son passage dans la prestigieuse maison française est devenu l'un des chapitres les plus controversés de sa carrière, marqué par des tensions créatives, des divergences philosophiques et le défi d'équilibrer innovation et respect de l'héritage. Yves Saint Laurent, fondateur de la maison et figure légendaire de l'industrie de la mode, avait construit un univers esthétique fondé sur l'élégance et la poésie. L'arrivée de Ford, avec son approche directe et audacieuse, a représenté une rupture évidente. Saint Laurent lui-même n'a pas caché son mécontentement, qualifiant le travail de Ford de dommageable pour son héritage dans une interview à WWD : « Enfin Ford s'en va. J'ai souffert de ce qu'il a fait avec mon nom. Heureusement, les dégâts ne sont pas irréversibles. » Quelles étaient les prémisses de son arrivée ? À la tête de Gucci, Ford avait transformé la marque en un colosse du luxe, alliant séduction et modernité. En 2004, Gucci a atteint un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros, consolidant son statut de leader dans le secteur. Ford et Domenico De Sole, alors PDG du Groupe Gucci, visaient à reproduire le même modèle économique et créatif chez la maison française. En 1999, le Groupe Gucci a acquis Yves Saint Laurent pour 1 milliard de dollars, prenant le contrôle des collections de prêt-à-porter, tandis que le fondateur et Pierre Bergé ont conservé la gestion des lignes de haute couture et de parfums.  

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Le plus grand défi pour Ford était de réinterpréter l'esthétique de Saint Laurent sans en trahir l'essence. Sa première collection, présentée en 2000 au Musée Rodin de Paris, était très attendue : le défilé de l'année. Saint Laurent, parti pour Marrakech, était absent, tandis que Bergé s'est abstenu de faire des déclarations. La critique Cathy Horyn dans le New York Times a écrit : « La collection était bonne, mais pas exceptionnelle ; ce qui compte le plus, c'est que Ford a réussi à trouver une manière, à travers le riche vocabulaire de Saint Laurent, d'exprimer sa propre voix. » Sur le podium, Ford a évité les références évidentes, comme les célèbres chemisiers à nœud, réinterprétant les éléments classiques avec une touche moderne. Les vestes avaient des manches larges et des bandes froncées, évoquant le Saint Laurent des années 80, mais avec une énergie plus contemporaine. Le noir et blanc dominaient avec quelques touches de couleur, créant une toile neutre pour de nouvelles proportions. Les commentaires furent mitigés : « Ce n'est pas la poésie d'Yves », observa Sonia Rykiel, « C'est beaucoup plus fort et direct. »

Un moment emblématique et controversé de l'ère Ford chez Yves Saint Laurent fut la campagne publicitaire du parfum masculin "M7", lancée en 2002. Directe et audacieuse, elle montrait le mannequin Samuel de Cubber complètement nu, évoquant l'image de 1971 représentant Yves Saint Laurent nu. Ce geste symbolisait la volonté de Ford de moderniser le langage de la marque avec une esthétique provocatrice, tout en restant ancrée dans les archives historiques. Malgré les critiques, Ford a laissé son empreinte avec des produits emblématiques comme le sac Mombasa, qui combinait raffinement et sensualité pour devenir un symbole de désirabilité. Cela a démontré la capacité de Ford à créer des accessoires emblématiques dans une maison célèbre pour ses vêtements.  

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Sur le plan économique, cependant, le redressement de Saint Laurent s'est avéré plus complexe que prévu. Contrairement à Gucci, que Ford avait relancé avec une approche audacieuse, Saint Laurent nécessitait une sensibilité différente, liée au respect d'une tradition enracinée. Les résultats économiques tardèrent à décoller : en 2002, Saint Laurent a réalisé un chiffre d'affaires de 671 millions. Dans un panorama parisien dominé par John Galliano, Hedi Slimane et Alexander McQueen, les collections de Ford semblaient manquer de cette étincelle nécessaire pour se démarquer. Comme l'a observé Kal Ruttenstein de Bloomingdale’s : « C'est la vie d'Yves, réinterprétée pour le nouveau millénaire ». Cependant, pour d'autres, le manque de poésie rendait les collections trop “polies”, éloignées de l'ADN de Saint Laurent. La période de Tom Ford chez Yves Saint Laurent, qui s'est terminée en 2004, reste un paradoxe : d'un côté, l'ambition d'innover la marque ; de l'autre, l'incapacité à concilier sa vision avec l'âme de la maison. Ford a créé des produits iconiques, mais n'a pas reproduit le succès économique et créatif de Gucci. Yves Saint Laurent, avec son univers délicat et poétique, ne s'adaptait pas au pragmatisme de Ford. Ce chapitre nous rappelle que réinventer un héritage est un art complexe : le designer texan reste indubitablement un créatif révolutionnaire, mais Saint Laurent restera toujours l'enfant prodige de la mode.