A Guide to All Creative Directors

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L'intuition du chef espion de Carême est séduisante, mais pas totalement aboutie

Benjamin Voisin incarne le personnage réel revisité dans la série de l'AppleTV+

L'intuition du chef espion de Carême est séduisante, mais pas totalement aboutie Benjamin Voisin incarne le personnage réel revisité dans la série de l'AppleTV+

Dans la série Carême, le politicien Charles Maurice de Talleyrand-Périgord explique au jeune cuisinier protagoniste que seules deux pulsions motivent les individus. Pas trois, ni quatre, cinq ou dix. Seulement deux : la peur et le plaisir. Si le plaisir est compris comme un élan principalement sexuel, pour le personnage, il peut résider non seulement dans nos aspects les plus intimes, mais aussi dans notre estomac. Manger, surtout bien manger, peut être l'un des plus grands plaisirs de la vie, et savoir comment orienter ce goût, comment le produire et le réaliser, permet de détenir une véritable arme à utiliser à des fins plus élevées, parfois même pour diriger un pays. Même lorsqu'il s'agit de raconter des histoires, il suffit d'avoir deux bons ingrédients. D'abord, il faut construire un récit solide, clair, avec des personnages bien définis. Et, après avoir posé la première couche, on peut passer à la garniture. Carême agit sur les deux plans : dans la série originale d'AppleTV+, le cuisinier, qui a réellement existé, s'est frayé un chemin jusqu'à la cour de Napoléon Bonaparte, tandis que les créateurs Ian Kelly et Davide Serino prennent en main sa figure, ne la limitant pas à un simple biopic, mais l'agrémentant, justement, du genre espionnage.

La nourriture devient une ressource dans la série, composée de huit épisodes, montrant l'union de deux univers qui se révèlent pas si éloignés et permettant la réalisation d'une narration dans laquelle tous les artifices de la cuisine deviennent des instruments et des champs de bataille par lesquels le protagoniste peut et doit atteindre ses objectifs. Antonin Carême, interprété par Benjamin Voisin, est ainsi un espion qui n'a pas le choix dans la série d'AppleTV+, une personnalité qui ne peut absolument pas manquer à la cour, en particulier dans les années du XIXe siècle dans lesquelles la série est située, pouvant pénétrer dans les chambres et aux étages des plus hauts fonctionnaires du pays pour en déterminer les tournants, les décisions et, parfois, le destin d'une nation. Bien que Talleyrand ait bien expliqué que le plaisir peut être quelque chose qui transcende la composante sexuelle, les concepteurs de Carême n'ont pas pu s'empêcher d'utiliser le binôme dont ont souvent profité le cinéma et les séries télévisées, en ajoutant une touche d'érotisme à la série, rendant le protagoniste non seulement un as des fourneaux, mais un jeune homme séduisant dont le charme est envoûtant au même titre que les plats qu'il propose.

Un autre aspect de la cuisine, connu mais opposé à ce qui a été montré récemment à l'écran, est la vision d'un cuisinier qui est plutôt une rockstar - pardon, un espion, dans ce cas - laissant de côté le nervosité et les idiosyncrasies du stress du métier auxquelles nous avons assisté récemment avec Boiling Point et le plus connu The Bear. La cuisine de Carême, donc, est plus proche de la carnalité et de l'amour du La Passion de Dodin Bouffant de Trần Anh Hùng, où là aussi les plats n'étaient pas de simples plats mais un message à chaque fois différent que les personnages s'échangeaient. Loin de l'auteurisme du film et plus orientée vers le genre auquel il se réfère, la série va cependant jusqu'à l'os dans son exemplification de l'équation nourriture égale pouvoir et, bien qu'elle bénéficie de l'intuition d'espionnage qui donne vie au produit, elle ne le développe pas avec l'intrigue nécessaire ou la mise en scène digne des gimmicks culinaires fantasmagoriques auxquels le chef s'adonne. Si le protagoniste excelle dans son art, la série s'installe plutôt dans un périmètre suffisant, peu excitant, anonyme à certains égards et finissant ainsi par déprécier le gimmick même du chef sous couverture. Sans parler des performances réservées aux acteurs, qui sont aussi posthumaines que les costumes et les coiffures semblent l'être parfois, détournant l'attention de la période historique dans laquelle nous nous trouvons plutôt que d'immerger le spectateur. Puis tout s'éteint : le feu de la passion, le talent du protagoniste, sa mission secrète. Ce qui reste, c'est le nom et la curiosité de savoir qui était vraiment Marie-Antoine Carême, non pas un espion dans la vraie vie, mais l'inventeur de la haute cuisine telle que nous la connaissons.