
Après les Bakery rave, Paris adopte les Offline clubs
Moins de scroll, plus de (vraie) connexion
29 Avril 2025
Des soirées sans téléphone pour remplacer le doomscrolling par de vraies connexions humaines : c’est le pari des Offline Clubs, un concept en plein essor dans plusieurs capitales européennes, dont Paris. Lancé à Amsterdam l’année dernière, le mouvement a rapidement conquis les esprits, franchissant en un temps éclair les frontières néerlandaises. Ce succès fulgurant reflète sans doute le désir croissant d’une jeune génération de se déconnecter, dans un monde où le digital semble devenu omniprésent, presque indissociable de soi. Le concept est simple: lors de ces événements, les participants laissent leur téléphone dans des boîtes métalliques, qu'ils récupéreront deux heures plus tard. La soirée, coupée en deux parties, commence avec une heure de temps pour soi. Les invités s’occupent avec des activités de leur choix: crochet, lecture, aquarelle ou encore écriture pour se plonger dans un flux créatif en silence. Ensuite, vient la partie discussion, où les participants sont invités à sociabiliser avec leurs voisins de table. Ainsi, ces clubs de déconnexion offrent des moments sans écrans pour soi mais aussi pour potentiellement rencontrer de nouvelles personnes qui sont aussi à la recherche de connections réelles.
Ces soirées, dont le prix du billet varie entre 10 et 15 euros par personne, rassemblent entre 50 et 300 participants selon le lieu, qui peut aller d’un café à un musée, en passant par des églises. Fort de son succès notamment sur les réseaux sociaux, les soirées digitales affichent souvent complets. Pour les personnes qui souhaitent prolonger leurs heures de détox digital, le site officiel du Offline Club propose des retraites sans écrans en France et aux Pays-Bas. Ces derniers consistent à passer entre 2 et 5 jours dans une maison de campagne avec une vingtaine d’étrangers pour se redécouvrir et passer du temps sans dépendre de la technologie. Ilya Kneppelhout, cofondateur du premier Offline Club à Amsterdam explique: «L’épidémie de solitude et les troubles de la santé mentale sont en hausse. Les gens recherchent une connection authentique, loin des écrans». Et c’est bien vrai. Notre société est confrontée à la fatigue numérique, c’est-à-dire un épuisement physique et mental lié à une exposition excessive aux technologies digitales. Les réseaux sociaux donnent une fausse impression de connexion alors que les liens virtuels ne peuvent remplacer les relations dans la vraie vie. De plus, la dépendance aux écrans, surtout chez les jeunes, est un véritable problème de santé publique. L’addiction aux écrans comporte des risques sanitaires majeurs, en particulier chez les enfants et les plus jeunes : retards de langage, baisse de l’attention, troubles du comportement, et parfois même prise de poids.
@eloisedelhaye Et vous, c’est quoi votre temps écran ? #fyp #tempsecran #conseils #dopamine son original - Eloise Delhaye
En 2024, la moyenne de temps d'écran des Français par jour s'élève à 4h27 par personne, et ce chiffre peut monter jusqu'à plus de 7h par jour chez les adolescents selon France Info. Par ailleurs, les enfants sont également confrontés aux écrans de plus en plus tôt. Selon l’Autorité de régulation des communications (Baromètre du numérique « équipement et usages » (ARCEP), en 2021, 41% des filles contre 30% des garçons de moins de 25 ans ont eu leur premier téléphone mobile avant 12 ans. Des chiffres alarmants, qui viennent souligner l’urgence de repenser notre rapport au numérique. Face à cette saturation digitale, les Offline Clubs apparaissent comme une bouffée d’air, un espace-temps suspendu où l’on peut enfin se reconnecter à soi-même et aux autres. Plus qu’une simple tendance, ce mouvement traduit une aspiration profonde à ralentir, à se recentrer, et à retisser des liens humains dans un monde ultra-connecté mais souvent terriblement déconnecté de l’essentiel.