
Vincent Cassel est un DJ undercover dans Banger
Le film ne joue pas toujours la bonne note, mais quand il y parvient, il sait divertir
22 Avril 2025
Survêtement en acétate et chaîne autour du cou. Vincent Cassel est le DJ Scorpex dans le film Banger de So Me, qui, depuis le 2 avril, figure parmi les longs-métrages les plus vus sur la plateforme Netflix en France. Le personnage a un passé : après avoir réalisé une série en six épisodes en 2021 intitulée 6 X Confiné.e.s, le réalisateur fait appel à l’acteur parisien, apparu dans le même rôle, pour lui confier désormais toute une aventure : une mission d'infiltration dans le monde des soirées techno et de la célébrité des DJ, dont le protagoniste Scorpex semble avoir été oublié. Une carrière qui a commencé avec un tube intemporel sorti quinze ans plus tôt et qui, au fil du temps, l'a relégué à des apparitions mineures et à la gloire des jours passés - même si Scorpex aime rappeler qu’il n’y aura pas de grand retour pour lui puisqu’il n’est jamais parti, avec Cassel qui choisit de délaisser un moment son aura d’auteur pour se consacrer à un projet léger et bancal. Parfois bancal et drôle pour cette même raison, même si l’accueil du film sur Netflix n’a pas été particulièrement chaleureux, l’œuvre tente de dépasser toute critique à coups de beat et de mener à bien la mission du héros : démasquer un gangster criminel caché derrière la façade psychédélique et énergique de l’électro.
On ne peut pas vraiment dire que Banger soit une comédie innovante dans son genre ou que le personnage incarné par Cassel fasse partie de ceux qu’on aimerait revoir régulièrement, mais un jugement sévère semble excessif si l’on ne reconnaît pas dans ce film un ton volontairement et joyeusement désinvolte. Une opération de police dans laquelle Scorpex se retrouve empêtré et à laquelle il préférerait ne rien avoir à faire, mais qui pourrait lui permettre de mettre KO son jeune rival – le Vestax de Mister V, qui lui a même volé le X de son nom – et peut-être redonner un peu d’élan à sa vie, faite désormais de performances interrompues pour laisser place à la star du moment et de lives en streaming depuis son salon. Même si l’histoire ne passionne pas forcément, l’esthétique rend l’œuvre appréciable, agréable à l’œil, et reflète bien la personnalité des personnages ainsi que l’univers qu’elle dépeint. Inévitable compte tenu du passé de So Me, également graphiste et animateur, mais aussi directeur artistique du label Ed Banger Records, qui montre bien qu’il connaît le milieu dont il parle, entre querelles d’artistes et stratégies pour rendre son image aussi attirante que sa musique.
Mais si entre les lieux, les lumières, les couleurs et les costumes le film rend justice à une mise en scène soignée et adaptée, c’est dans le scénario coécrit avec Agnès Feuvre et Elias Belkeddar que l'on révèle des incertitudes. Les moments de comédie fonctionnent, sans être percutants, mais allègent le ton et sont bien incarnés par les protagonistes, avec Vincent Cassel en tête. C’est dans la résolution de l’intrigue que So Me semble ne pas savoir comment s’en sortir, un peu comme ses agents de police, et finit par s’appuyer plus sur des situations que sur une narration fluide. Sketchs et parenthèses humoristiques se succèdent pour former un récit bancal, qui parvient néanmoins à mener à bien la comédie pop. Banger résonne de bonnes intentions et tente de faire de son mieux comme Scorpex et, exactement comme son héros, parvient parfois à trouver le bon rythme et d’autres fois, malgré les efforts, a plus de mal.