
La nouvelle génération de pop francophone est féminine
Et elle est super badass
18 Avril 2025
Elles s’appellent Miki, Helena, Iliona ou encore Camille Yembe, et elles sont les nouveaux visages de la pop francophone qui défient les carcans du genre et en même temps le patriarcat. Elles osent des paroles crus qui évoquent autant la recherche de soi que la pression du summer body sur des beats tantôt dansants, tantôt nonchalants. Un "female gaze" qui apporte un vent de fraîcheur sur la scène musicale, redessinant les contours d’une pop sensible, poétique et libre. La première, Miki, chanteuse franco-coréenne est en pleine ascension depuis son tube accompagné de son clip Échec et mat sorti l’été 2024. La jeune femme de 26 ans qui écrit et produit ses propres chansons, ouvre son coeur sur des sujets forts, à ne pas prendre à la légère. Mikaela de son vrai nom, a sorti son premier EP Graou le 7 mars et enchaîne depuis les apparitions télévisées. On a pu la voir notamment dans Quotidien aux côtés de Yann Barthès où sa prestation de Scorpion ascendant scorpion a impressionné le public. Son air nonchalant, mêlant paroles crues et drôles sur des compositions addictives font de Miki une artiste à suivre.
Côté belge, Helena, une ancienne candidate de la Star Academy, fait du bruit depuis un petit temps. La jeune artiste s’est fait connaître grâce à son parcours dans le château emblématique où elle a été jusqu’aux portes de la finale. Ses prestations remplis d’émotion ont marqué les téléspectateurs qui la suivront même après la fin de son aventure dans le télé-crochet. À la grande joie de ses fans, la jeune femme originaire de Braine-l’Alleud a sorti son premier album intitulé Hélé il y a quelques semaines à peine. Les morceaux tels que Summer Body, qu’elle a co-écrit, ont fait un carton grâce aux paroles transparentes dans lesquelles les jeunes femmes peuvent se reconnaître. Une autre artiste venue du plat pays qui se fait remarquer est Camille Yembé. Son univers est un mélange de rock, rap, électro et pop. L’auteure-compositrice a frappé fort avec son premier solo Plastique, sorti en décembre dernier, où sa voix déchirante repose sur une prod léchante avec un message fort sur l’acceptation de soi. Cet été, elle sera à l’affiche de plusieurs festivals dont We Love Green à Paris le 8 juin.
Les nouvelles artistes féminines sont aussi celles qui sont révélées par les réseaux sociaux. C’est le cas d’Iliona, auteure-compositrice-productrice qui s’est fait repérer grâce à ses vidéos YouTube. Dans ces dernières, elle partageait ses compositions qu’elle réalisait de A à Z depuis sa chambre: texte, production musicale, montage vidéo. Par après, c’est son morceau Moins Joli, sorti en 2020 qui a permis à la jeune femme bruxelloise de se faire connaître auprès du grand public. Depuis, elle enchaîne les concerts, les apparitions télévisées et sort son premier album What If I Break Up With U? il y a un mois seulement. Son style épuré, accompagné de quelques accords simples continue de toucher le public. Une success story qui rappelle celle d’Angèle, qui a récemment dévoilé A Little More, une chanson écrite pour le lancement d’une nouvelle édition du parfum Chance de Chanel. La superstar belge s’était aussi faite connaître grâce à ses vidéos sur les réseaux sociaux, dans lesquelles elle postait des covers en acapella.
Aujourd’hui, l’artiste belge est non seulement ambassadrice de la maison Chanel, mais aussi une hitmaker confirmée, alignant les succès — dont un en duo avec Dua Lipa — et s’imposant comme une artiste incontournable de sa génération. Cette nouvelle génération féminine ne cherche pas à plaire — elle cherche à dire, à choquer parfois, à guérir souvent. En assumant leur vulnérabilité, leur colère, leur humour aussi, ces artistes redéfinissent les codes d’une pop francophone longtemps dominée par des regards masculins. Elles chantent la peur, le désir, la honte et la joie sans filtre, dans une langue décomplexée, métissée, moderne. Et c’est sans doute là que réside leur force : dans cette capacité à toucher l’intime tout en résonnant avec l’universel. La pop francophone n’est plus en train d’émerger : elle est là, puissante, vivante, et surtout, elle est féminine.