
À quoi ressemble la dating life parisienne concrètement ?
72 % des célibataires français cherchent l’amour — mais c’est compliqué
08 Avril 2025
À Paris, là où la romance est censée faire vibrer et presque représenter la ville, les rendez-vous amoureux peuvent facilement passer de magiques à merdiques. Amélie, 29 ans, se souvient de son pire rencard : « Il est arrivé en retard, m’a emmenée dans un bar bruyant avec du mauvais vin, et a parlé de son ex. Ensuite, il m’a demandé de toucher une cicatrice sur son cou, même après que j’aie dit non. » Réalisant que ce n’était pas un match, la soirée s’est terminée pour elle par une marche sous la pluie, seule. Timothée, 27 ans, producteur créatif, a vu ses espoirs s'écrouler après un premier rendez-vous prometteur avec un ami d’ami, suivi d'un second qui fut un flop complet : « C’était gênant, comme si toute la chimie qu’on avait eue auparavant ne comptait plus. Dix minutes après notre arrivée, il a invité un ami à nous rejoindre, puis il est parti avec lui, me laissant seul. » Le ghosting a rapidement suivi, accompagné d'un message : « Je suis trop occupé par le travail pour sortir avec quelqu’un. » La colocataire de Timothée, Pauline, 27 ans, cheffe pâtissière à Paris qui a fréquenté plus de 50 hommes, pense que beaucoup ne cherchent que des « sex friends ». Mais elle garde espoir : « Ironiquement, ma meilleure amie, après une relation de dix ans, ne rencontre plus que des gars qui veulent du sérieux. Peut-être que ce n’est pas la ville, mais l’énergie qu’on dégage ? » Même dans la soi-disant ville de l’amour, les histoires d’Amélie, Timothée et Pauline montrent à quel point c’est le bordel là-dehors.
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Malgré les défis des rencontres à Paris, les célibataires français semblent plus déterminés que jamais à trouver l’amour. Selon les tendances mondiales des rencontres 2025 de Bumble, 72 % sont activement en recherche de partenaires à long terme. Pourtant, l’avenir des relations reste incertain à cause de la situation socio-économique : 59 % des femmes évaluent désormais un partenaire selon sa stabilité financière, ses valeurs et sa santé mentale. Ces données résonnent fortement avec Amélie : « Regardez bien la personne que vous laissez entrer dans votre vie. Est-ce que cette personne m’apaise quand je suis à ses côtés ? » Née et élevée à Paris, elle revient aussi sur le stéréotype de l’homme français romantique, qu’elle juge inexact : « Les hommes français ont souvent peur de l’engagement et ne font généralement aucun effort. Il y a cette idée que les femmes doivent en faire autant pour les hommes, comme si l’égalité signifiait la fin de la romance ! Et en plus, on finit par faire tout le travail émotionnel sans s’en rendre compte. C’est épuisant. »
Dans ce même rapport de Bumble, 46 % des célibataires affirment qu’un amour du sport et de la culture crée des micro-communautés, offrant plus d’opportunités de rencontrer des personnes partageant les mêmes valeurs. Antoine, 38 ans, directeur artistique, se réjouit de voir beaucoup de Parisiens dans la trentaine s’investir dans des activités comme le sport, l’escalade ou les marathons. « On comprend tous, moi y compris, qu’il faut devenir la ‘meilleure version de soi-même’ pour réaliser son potentiel, » dit-il. S’il pense qu’il est encore possible de faire des rencontres dans les endroits branchés de Paris, comme les bars des 10e, 11e et 19e arrondissements, ou lors d’événements, il apprécie aussi les applications de rencontre qui élargissent les possibilités. « L’appli est intuitive, l’UX est bonne, et c’est une manière sympa de rencontrer des femmes, » dit-il. « J’ai réalisé que le monde est plein de possibilités, même si parfois on a l’impression d’être des produits. »
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Certes, Antoine a eu une expérience globalement positive avec les applications de rencontre, mais il pense aussi qu’elles ne sont pas parfaites. « Une personne fermée d’esprit peut facilement chercher un type de personne ou de relation précis. Parfois, cela signifie passer à côté de quelqu’un de génial qui ne correspond pas à ces critères. » C’est pourquoi Lenny, 29 ans, social media manager, trouve bien mieux de rencontrer les gens dans la vraie vie. Elle est directe : « Je déteste tout simplement les applis de rencontre. » Comme Amélie, Pauline et Timothée, elle croise souvent des ghosters, des mecs bizarres, et des hommes émotionnellement indisponibles. « Je prends aussi soin de mes matchs car je veux vraiment apprendre à les connaître, mais je trouve que les hommes sur ces applis cherchent juste la meilleure option suivante sans vraiment penser aux sentiments de la personne de l’autre côté de l’écran. » Originaire du Liban, ayant vécu aux Émirats et en Italie avant de venir en France, elle pense que la culture joue un rôle important : « Chez moi, les rencontres sont plus structurées et intentionnelles. La plupart des gens sortent ensemble en vue de se marier, et j’ai toujours cru en cela, et c’est toujours le cas. À Paris, les rendez-vous ressemblent souvent à un moyen de ne pas se sentir seul. » Travaillant dans le monde des réseaux sociaux, elle comprend aussi comment ces applis sont conçues pour générer du profit, ce qui l’encourage à « éviter encore plus ce piège. »
Fait surprenant, les sentiments de Lenny rejoignent probablement une lettre récente de Spencer Rascoff, nouveau PDG du Match Group, propriétaire de Tinder et Hinge. Dans cette lettre partagée il y a quelques semaines avec Fast Company, il admet que les applis de rencontre ont souvent ressemblé à un jeu de chiffres plutôt qu’à un espace pour créer des liens significatifs. Pour y remédier, le groupe mise sur de nouveaux développements. L’un d’eux est un jeu alimenté par l’IA sur Tinder, actuellement en phase de test aux États-Unis, permettant aux utilisateurs de s’entraîner à flirter avec un chatbot. En plus, le groupe prévoit de lancer un nouveau processus de vérification qui arrivera en France d’ici la fin de l’été. Timothée se souvient d’une époque où Tinder et Bumble étaient incontournables. « Tinder est plutôt pour les plans d’un soir, alors que Hinge est plus orienté ‘relations longues ou situationships courtes’, » dit-il. « Selon ce que vous recherchez, je recommanderais Hinge. On peut aussi y rencontrer plus de nationalités si on ne cherche pas spécifiquement un Français à Paris. » Meredith, 25 ans, jeune fille au pair américaine queer à Paris, donne aussi son avis : « J’ai rencontré trois de mes ex les plus importants, avec qui je suis encore amie, sur Bumble. Tinder est énervant, même quand on met l’option femmes uniquement, les hommes apparaissent. Hinge me donne envie de mourir. Les plus beaux sont sur OkCupid, mais aussi les plus bizarres. » Et même si elle continue à l’utiliser, elle rejoint Lenny : « Franchement, tout ça craint. C’est l’enfer. »
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Trouver une relation sérieuse à Paris est difficile, mais selon une nouvelle étude TimeOut sur les meilleures et pires villes pour les rencontres, c’est probablement le cas dans la plupart des grandes villes. Amélie explique : « Dans des villes comme Paris, New York ou Berlin, la stabilité financière est incertaine, et les applis permettent à tout le monde d’accéder à des gens incroyablement beaux venus du monde entier, même des mannequins ou des gens de la mode. » Elle pense aussi que ce défi est global. Aujourd’hui, les gens privilégient la liberté, le voyage, la flexibilité au travail, et leur bien-être — ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. « Je reste optimiste car je veux passer la majorité de ma vie à Paris, donc je ne veux pas abandonner l’amour, » confie Timothée, ajoutant : « Mais je ne recommanderais jamais à quelqu’un de déménager ici pour l’amour. Venez pour la culture, l’architecture, la cuisine, l’expérience, mais par pitié, ne venez pas chercher l’amour. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux ici. » Meredith conclut : « Si vous venez à Paris pour trouver l’amour, ne le faites pas. C’est une raison débile, et le processus pour obtenir son visa est un cauchemar. » Antoine, homme hétéro célibataire toujours en quête d’une relation significative, croit encore aux rencontres à Paris, via les applis ou en personne. « Mais je recommanderais aux gens de commencer par chercher l’amitié, sans se concentrer uniquement sur la drague, et voir où ça mène, » dit-il. Il conseille aussi de participer à des activités comme des cours de sport, d’art ou des groupes locaux. Après tout, quel est la pire chose qui puisse arriver ? Antoine conclut : « Parfois, on match avec une rédactrice, et on finit par répondre à des questions sur les rencontres à Paris pour nss. »