
"Ad Vitam" est le one-man-show d'action de Guillaume Canet
L'œuvre de Netflix suit le fil conducteur de la plateforme, cette fois-ci avec une petite touche frenchie
13 Janvier 2025
S'il y a une chose qu’on ne peut absolument pas reprocher à Ad Vitam, le nouveau film d’action de Netflix avec pour vedette Guillaume Canet, c’est qu’il ne fait pas les choses à moitié, peu importe le prix. Cinq minutes après le début du film, on sait déjà quelle est la profession de Franck Lazarev, que sa partenaire est enceinte, que quelqu’un a essayé d’entrer deux fois dans leur appartement en une semaine, et qu’il est la cible de tentatives de meurtre. Évidemment, à ce rythme-là, en dix minutes, les événements se multiplient : on apprend que Franck a un secret, que sa maison est envahie par un groupe d’hommes masqués, et qu’il doit défendre sa famille tout en mettant en danger la vie de la future mère de son enfant. Et c’est ainsi que tout le film se déroule : chaque scène mène exactement là où l’intrigue doit aller. Directe, précise, limpide. Tout comme le film réalisé par Rodolphe Lauga, co-écrit avec David Corona et son acteur principal.
Une œuvre qui tourne entièrement autour de la figure de Canet qui, mis à part un petit moment dans une séquence de moto, parvient à se glisser de manière convaincante dans le rôle d'un ancien membre de la gendarmerie française, relevé de ses fonctions après une opération ratée. Un événement qui a complètement changé le cours de sa vie, éloigné du métier pour lequel il s'est entraîné toute sa vie et rongé par la culpabilité de la mort d'un de ses camarades et meilleurs amis. C'est pour faire justice de ce meurtre et tenter d'apaiser la douleur d'en avoir été la cause qu'il se retrouve dans les coulisses d'un crime obscur, qui semble impliquer rien moins que l'Etat. Franck devient ainsi l'ennemi numéro un de la diplomatie française, acculé dans sa quête d'une justice privée qui l'amènera à de nouveaux sacrifices éprouvants.
Bien que les événements et le passé des personnages d'Ad Vitam s'étendent sur une période de dix ans, tout dans le film coule doucement, unissant les moments et les scènes, même lorsqu'il s'agit de faire des sauts dans le temps. Le récit n'est pas linéaire et c'est la seule anomalie réservée à un film par ailleurs dépourvu de fioritures ou d'embellissements. C'est un film d'action tendu et tranchant, qui risque peut-être de rester aseptisé, mais qui, comme son protagoniste, a une tâche à accomplir et le fait avec une synthèse et une clarté qui font souvent défaut au cinéma contemporain, à tel point qu'il s'agit presque d'une bouffée d'air frais, en particulier dans les produits ouvertement commerciaux. C'est un film fait et emballé pour Netflix, qui vit et meurt dans ce cadre de divertissement cuit et mangé, qui concentre toute son attention - et celle du spectateur - sur le one-man-show de l'un des acteurs européens les plus transformateurs et les plus appréciés du public.
L’année dernière, Canet incarnait le roi Louis XVI aux côtés de Marie-Antoinette dans la co-production italo-française Le Déluge, un traître dans le thriller policier Breaking Point, et l’année précédente, un acteur en crise dans le film d’auteur Les occasions de l’amour de Stéphane Brizé. Cette fois, pour Ad Vitam, il saute et s’élance des toits, combat comme si sa vie en dépendait (ce qui est le cas), s’évade en utilisant d’étranges parapentes, et fait preuve d’une agilité impressionnante, rendant son rôle de Franck crédible. Netflix continue ainsi sur sa lancée de productions d’action, avec un résultat modeste mais efficace. Moins explosif que Rebel Ridge, mais atteignant parfaitement ses objectifs.