La France remplace ses publicités par des oeuvres d'art

Le déjeuner sur l’herbe de Manet à la place d’un panneau publicitaire McDo ? Depuis une semaine, 32 communes françaises participent à l'initiative culturelle appelée La Beauté sauvera le monde, en référence à un passage de L’Idiot de Dostoievski. L’opération, née en pleine crise covid en 2021, dans la petite ville de Saint-Dizier, dans la Haute-Marne, avait initialement pour vocation de rendre l’art accessible à tous, en l’intégrant dans l’espace public alors que les lieux culturels tels que les musées étaient fermés en raison de la distance sociale. Fort de son succès, pour cette 4ème édition, 32 communes dont des petites entités comme Neuvy-sur-Barangeon avec 1 000 habitants, ou de grandes comme Aix-en-Provence avec 150 000 habitants ont rejoint la campagne. Béthune, Bourges, Châteauroux, Saint-Raphaël, Puteaux ou Meudon font également partie des communes participantes. 

Ces dernières s’engagent à remplacer les panneaux publicitaires - y compris des abribus, des transports en commun, des vitrines de magasins, des bâtiments publics et même des bâches de chantier - par des reproductions d’œuvres d’art en haute résolution pour transformer les rues en musées à ciel ouvert jusqu’au 8 décembre. Par exemple, à Laval, le maire a décidé d’abandonner les publicités sur les bus pour afficher des peintures de Monet, Van Gogh ou Renoir. « Ce sont des œuvres d'art itinérantes » se réjouit le maire Florian Bercault qui a décidé de prendre part à cette action. « Nous avons la chance d'être la ville de naissance du Douanier Rousseau donc on s'est plutôt concentrés sur les peintres de son époque, exposés au musée d'Orsay ou au musée de l'Orangerie » explique davantage l’élu de Laval. Le thème choisi pour cette année est « La Lumière dans l’Art ». Parmi les chefs-d'œuvre sélectionnés, nous retrouvons dans plusieurs rues La Nuit étoilée de Van Gogh, Arearea de Gauguin, ou encore Les Périssoires de Caillebotte. Cette action de grande envergure est réalisée grâce à un partenariat avec le Grand Palais Rmn, qui a mis à disposition ces reproductions photographiques. 

Les élus des communes participantes semblent enchantés par cette opération originale. « Ce projet permet de démocratiser l’accès à l’art sur notre territoire, de faire rayonner auprès de tous et sur un support original un patrimoine artistique majoritairement visible à Paris » a déclaré Lucie Saëz, adjointe au maire de Baulon, ville de 2.000 habitants. « Aubervilliers revendique son droit au beau. Que cette beauté, accessible à tous, soit le reflet de notre diversité et un puissant vecteur de lien social. » explique Karine Franclet, maire de cette commune de Seine-Saint-Denis. Le but de l’initiative, celui d’embellir les rues, mérite d’être mis en lumière dans une société où nous sommes constamment bombardés par les publicités. Il s’agit également d’une belle occasion pour découvrir des peintures classiques. Une association sera mise en place en 2025 afin d'assurer la pérennité du projet et de le développer dans d'autres communes.