Les mannequins mineures pourraient bientôt être interdites sur les podiums français Vers un encadrement renforcé du mannequinat dans l'hexagone

Au terme de l’enquête parlementaire sur les violences dans le secteur culturel, les députés français souhaitent imposer un encadrement plus strict du travail des mannequins mineurs. Ce rapport, rendu public en juillet, fait suite à plusieurs années de dénonciations de dérives et de maltraitances dans l’industrie de la mode et du spectacle, en particulier à l’encontre des jeunes. La commission d’enquête de l’Assemblée nationale, composée de députés de différentes sensibilités politiques, a auditionné des professionnels du secteur, des agents, mais aussi des associations de protection de l’enfance. Le constat dressé est sans appel : les mineurs sont exposés à des pressions physiques et psychologiques, à des horaires non adaptés à leur âge, et parfois à des situations de harcèlement voire d’abus. Le tout dans un environnement souvent mal régulé, où le prestige apparent masque des réalités plus sombres.

Parmi les mesures phares proposées, figure l’interdiction pure et simple pour les moins de 16 ans de participer à des défilés de mode. Cette proposition vise à protéger les enfants d’une exposition médiatique prématurée et des exigences du milieu, notamment en matière d’apparence physique, de disponibilité et de déplacements. Pendant l’enquête, Cyril Brulé, directeur de Viva Model Management, agence de mannequinat basée notamment à Paris, a souligné que Kering n’emploie plus de mannequins de moins de 18 ans. En ce qui concerne LVMH, il a expliqué qu’il est en constante négociation avec eux pour qu’ils adaptent cette même limite d’âge. Cependant, le directeur a rappelé que de nombreuses autres marques refusent encore de travailler avec des mannequins de 18 ans. Il assure qu' au sein de ses agences, le nombre de mannequins âgés de seize à dix-huit ans diminue. L’encadrement du travail des mannequins âgés de 16 à 18 ans est également au cœur des recommandations. Les parlementaires suggèrent un renforcement des autorisations administratives nécessaires, la présence obligatoire d’un accompagnant adulte lors des missions professionnelles, ainsi qu’un contrôle médical renforcé. Des sanctions plus sévères sont aussi envisagées pour les agences ou les marques qui ne respecteraient pas ces règles.

Les députés estiment qu’avant cet âge, les mineurs ne sont pas en mesure de consentir de manière éclairée aux contraintes de cette profession et qu’ils doivent être préservés d’un univers souvent toxique. Erwan Balanant, député MoDem et rapporteur de cette commission, propose également de prohiber la représentation sexualisée des mineurs à l’écran et dans les photographies de mode. Cette commission parlementaire a mis en lumière les pratiques noires de l’industrie de la mode. Car la question des conditions de travail des mannequins mineurs ne constitue qu’une partie infime de l’enquête: l’endettement presque systématisé des mannequins et les violences physiques et psychologiques à leur encontre faisaient partie d’une longue liste de sujets abordés. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement, qui devra décider s’il transforme ces propositions en projet de loi. Une réforme du code du travail applicable aux mineurs dans les métiers artistiques et culturels pourrait voir le jour dans les prochains mois.

nss magazine srls - P.IVA 12275110968
©2025 journal nss magazine enregistré auprès du tribunal de Milan. Aut. n° 77 du 13/5/2022