Cet été, les débardeurs se portent superposés La chaleur ne peut rien contre le pouvoir du layering

Quoi de mieux qu’un débardeur en été ? Facile : deux débardeurs. Ou un débardeur et un t-shirt, mais aussi un débardeur et un pull transparent. Au cours des deux dernières saisons précédant l’été, l’idée de raviver la nécessaire simplicité des tops de saison, que le besoin de légèreté condamne souvent à être trop basiques, a circulé entre les podiums et les collections de créateurs très différents. Près d’une vingtaine de marques différentes, en effet, ont proposé dans des styles aussi bien masculins que féminins, formels ou sportifs, la même idée : porter un débardeur avec une autre couche en dessous ou par-dessus mais sans cacher la forme même du débardeur, dont la silhouette et les couleurs créent en contraste avec cette autre couche. À jouer un rôle dans l’émergence (encore à peine esquissée) de cette tendance, on retrouve un certain charme que, surfant sur la longue vague du macro-trend Y2K, suscite la superposition de vêtements qui crée cette sensation de « désordre authentique » mettant en valeur textures et drapés plus que l’apparence effective des habits eux-mêmes – pensez, pour le menswear, au Brad Pitt du début des années 2000 avec ses combos de t-shirts manches longues et courtes ou de gilets sur les t-shirts, avec lunettes rapides et mega-cargo pants. Un sens du désordre étudié qui voudrait cependant communiquer spontanéité alors qu’il relève d’une étude très précise. Mais comment les marques de mode ont-elles interprété cette tendance ?

Il y a assurément une grande différence entre les marques, ainsi qu’entre les solutions pour menswear et womenswear. Dans les collections féminines, par exemple, on va de la sophistication extrême du SS25 de Fendi, où le débardeur couvert d’appliques est porté sur un chemisier du même chiffon, à la combinaison débardeur à découpes et serafina moulante ouverte de Prabal Gurung ; jusqu’à la grande simplicité de Miu Miu, un des grands relanceurs de la marque, et de MM6 Maison Margiela où le débardeur froissé semblait fixé sur un second débardeur transparent, ou encore Sandro où l’association est très simple et réalisée avec des pièces ordinaires et quotidiennes. Fidèle à sa poétique de l’usé, Marco Rambaldi a mis le débardeur sous un pull transparent dont les manches étaient nouées autour de la poitrine – solution similaire et peut-être encore plus naturelle chez Marques’Almeida tandis que The Row a superposé à un t-shirt noir deux autres couches progressivement sans manches, terminées par un mix entre débardeur et top halter. Les plus originaux ont cependant été Natasha Zinko, qui a largement employé ce concept en superposant un débardeur gris à un vêtement d’extérieur (qui ressemblait à une chemise mais n’en était pas une), et surtout Wiederhoeft qui a créé une sorte de corset sportif porté sur le débardeur classique.

Le menswear a été plus simple : si Dries Van Noten a mis, dans son défilé final SS25, une sorte de cape en tissu transparent impalpable sur le débardeur noir ; la plus inventive a été Simone Rocha qui a décoré son débardeur de rubans irisés en forme de fleurs stylisées. Et si Songzio, Blumarble et Pronounce ont interprété le thème sans exagérations, tout comme Maximilian Davis pour Ferragamo avec même trois couches, le plus original fut sans doute Heliot Emil où le débardeur blanc était la dernière couche d’une architecture entière de fines couches blanches se terminant par une rain jacket très légère. Les solutions adoptées sont nombreuses, et quand la vraie chaleur arrivera, porter plus d’une seule couche sera assurément insupportable pour les plus sensibles à la température – mais pour le style, on est ok avec l'idée de souffrir. Comme si, en le doublant ou triplant, le débardeur perdait ses connotations les plus brutes et, si l’on veut, objectifiantes, pour prendre littéralement la dimension d’une tenue : seul c’est un débardeur, doublé ou triplé, il se transforme assurément en un look complet. Une autre difficulté non négligeable sera de trouver deux débardeurs pouvant se superposer sans dissonances de style majeures – gérer les coupes et les matières ne sera pas simple car tout dépend de cela. En revanche, le messy look estival 2025 ne pourrait rêver meilleure solution de style que cette option relativement simple.