
Marvel revient en force avec « Thunderbolts » Une équipe dirigée par Florence Pugh s'attaque à des problèmes tels que la dépression et la solitude.
C’est quand on pense que c’est terminé que Marvel sort toujours la grosse artillerie. Cela s’était déjà produit en 2023, dernière année marquée par un titre mémorable pour l’univers partagé des super-héros, lorsque, après le décevant Ant-Man and the Wasp: Quantumania et avant le désastreux The Marvels, le studio avait réussi à offrir une conclusion digne de ce nom à l’équipe des Gardiens de la Galaxie avec son Vol. 3. Et ce n’était pas prévisible, pas maintenant, avec une année 2025 entamée par le chancelant Captain America: Brave New World et sur le point de clôturer la Phase Cinq du MCU avec une idée qui semblait déjà recyclée avant même sa production et qui pourrait pourtant se transformer en cheval blanc pour relancer l’intérêt envers son univers, au moins jusqu’à la fin de l’année. Thunderbolts, en effet, n’est pas seulement la réponse des méchants de Kevin Feige à l’équipe de super-vilains de la DC – ironique d’ailleurs que le meilleur des deux proposés à ce sujet, à savoir The Suicide Squad - Mission Suicide de 2016, soit réalisé par le même réalisateur des Gardiens de la Galaxie, et futur co-directeur créatif de la DC, James Gunn. Mais c’est aussi un de ces films que Marvel ne semblait plus savoir faire et qui, au contraire, marche parfaitement tout seul.
Dans Thunderbolts, il y a tout : l’écriture et l’évolution des personnages, l’action comme principal vecteur pour attirer l’attention du public et le divertir une fois en salle, la bonne dose d’humour qui doit toujours savoir s’équilibrer avec l’âme badass qu’on attend des titres Marvel. Mais ce sont deux points clés sur lesquels Thunderbolts réussit là où le MCU échouait progressivement. Deux tournants qu’il aurait été judicieux d’exploiter pendant toutes ces années de lassitude super-héroïque et qui sont la formule que tout film, qu’il soit un blockbuster ou non, devrait garder en tête. Il faut toujours une bonne histoire et des personnages auxquels le public doit finir par s’attacher. Cela semble la chose la plus facile au monde, mais les échecs récents du MCU ont prouvé que ce n’est pas le cas. Cela révèle aussi que Marvel a peut-être un problème de co-dépendance, car les meilleurs titres de sa filmographie récente ne sont jamais des stand-alone, mais suivent la règle du team-up – ce qui est de bon augure pour les prochains films comme Les Quatre Fantastiques - Les débuts (prévu pour juillet 2025) et Avengers: Doomsday (calendrier marqué pour mai 2026).
@zaytaju Here is my out-of-theater reaction to Marvel Studios’ THUNDERBOLTS*. The experience I had watching these amazing actors on screen is something we will never forget! This movie has everything! Great action, drama, humor. You name it. The standout for us was Florence Pugh and she puts on her most memorable performance as Yelena Belova! That doesn’t stop there though because David Harbour, Wyatt Russell, and Hannah John-Kamen really get to shine in key moments as well. There are two post-credit scenes and one is the probably the most important one of the entire saga. Seriously, a fun time and I cannot wait to see it again next week! #Thunderbolts* #MarvelStudios #Phase5 #Review #IMAX #Fandango original sound - zaytaju
En attendant, Thunderbolts atteint l’un des deux objectifs que tout film devrait viser en partant d’une position désavantageuse. Les anti-héros du blockbuster ne laissaient rien présager de bon pour le sort de l’opération, trop anonymes et peu acclamés après leurs diverses apparitions dans différents produits Marvel, du cinéma à la télévision, toujours secondaires sans avoir le suivi d’un vilain charismatique comme Loki ou un bon acolyte comme Bucky (qui revient d’ailleurs ici, toujours interprété par Sebastian Stan). Même Yelena de Florence Pugh ne pouvait être considérée comme une garantie, il suffit de voir ce qui s’est passé au box-office du film sur sa sœur Black Widow interprétée par Scarlett Johansson, avec une performance influencée par la pandémie de Covid et le peu d’intérêt qu’un public pouvait avoir pour un des personnages secondaires des Avengers. Pas le meilleur CV pour la parente du personnage connu sur grand écran depuis 2010 avec Iron Man 2 et qui rapporta quand même en 2021 379,7 millions dans le monde, ce qui n’est pas un échec total, mais inférieur aux performances des titres Marvel jusqu’alors.
#Thunderbolts is one of the best mcu films by a landslide. Brilliant story and character moments. This is made with love. It setups up for BIG things to come in the most exciting way I seen since 2012. Bring your tissues but not because it’s a sad movie. pic.twitter.com/2tS8QtUb0P
— deo (@frickyuu) April 22, 2025
Et pourtant, dans Thunderbolts, Yelena/Pugh mène un groupe de personnages qui, bien que marginalisés jusqu’à présent, révèlent leurs capacités et, de ce sentiment d’infériorité et d’échec, savent offrir une histoire qui s’aventure dans des territoires adultes et inexplorés pour le MCU. Un vide dans lequel Yelena plonge dès l’ouverture du film – cascade réalisée par Pugh elle-même sur le deuxième plus haut gratte-ciel du monde, le Merdeka 118 à Kuala Lumpur – qui est le saut que chacun d’entre eux pourrait vouloir tenter au moins une fois dans sa vie et qui est placé là, au début du film, pour indiquer la direction d’un récit fait de solitude et d’isolement. D’une tristesse qui plonge ses griffes dans une dépression abordée de manière étonnamment mature par Marvel. Le thème même est surprenant dans un contexte aussi inhabituel, alors qu’on voit les personnages se battre, chacun avec un traumatisme source de déception et de souffrance dans leur existence. Réunir ce groupe de marginaux fonctionne parce que c’est la caractérisation de chaque protagoniste qui canalise ce sentiment d’exclusion qui sera le plus grand ennemi du film. Traité avec une simplicité déstabilisante, une clarté sans détours et un emballage action qui n’a rien à envier à une Marvel retrouvant une certaine vigueur technique.
La métaphore de la famille, du sentiment d’unité et de la capacité à vaincre le “mal”, quel qu’il soit, n’est pas seulement (justement) une métaphore, c’est même la théorie sur laquelle repose tout Thunderbolts et à laquelle le film croit autant que le public croira aux paroles des protagonistes. Il montre le combat intérieur de Yelena, qui compatit au sort malheureux de John Walker alias U.S. Agent joué par Wyatt Russell, connu dans The Falcon and the Winter Soldier, et intrigue sur ces personnages encore peu explorés comme Ghost (Hannah John-Kamen) et surtout le nouveau venu Bob, incarné par un remarquable Lewis Pullman. Les trajectoires de Thunderbolts sont raisonnées et inattendues, avec une profondeur qui n’engloutit pas le divertissement et vice versa, dans un équilibre qui voit Marvel revenir, du moins cette fois, à la fois à divertir et à émouvoir son public. La revanche des perdants qui, en réalité, ne le sont pas du tout. Mais c’est la manière dont nous nous sentons et nous voyons qui détermine nos vies, et il faut faire attention à l’obscurité qui parfois s’approche. Avec un cinéma grand public qui peut nous venir en aide, nous rappelant qu’il y a toujours un moyen de garder la lumière allumée, la sienne et la nôtre.






















