
Chanel répond au gaspillage textile avec un nouveau projet circulaire La Maison de la Rue Cambon réutilise les fils d’hier pour tisser la mode de demain
Face à un secteur du luxe toujours plus lent, des frais de douane américains confus mais toujours à l’ordre du jour, des ventes en chute libre et du gaspillage textile toujours plus abondant, Chanel lance un nouveau projet : Nevold (pour "never old"), un nouveau pilier d’économie circulaire axé sur la récupération et le recyclage des chutes de textile, tissus inutilisés et produits invendus. Mis en oeuvre à travers le rachat de sociétés de gestion des déchets et de recyclage, le nouvel investissement de la Maison de la rue Cambon promet déjà monts et merveilles, mais sommes-nous sûrs qu’il ne s’agit pas là d’un greenwashing auquel le secteur de la mode nous a désormais habitués ? Si on ne sait pas à combien s’élève ce nouvel investissement, on sait qu’il risque bien de rassurer la Maison Chanel quant à sa préoccupation principale : le manque de ressources, l’insuffisance de matières nobles telles que le cachemire, la soie, ou encore le cuir de qualités, indispensables à la réalisation de ses collections mais tous trois menacés par les changements climatiques et autres crises diverses et variées en cours.
Burberry burned $36,500,000 of clothes in one year.
— Hosun (@hosun_chung) November 11, 2024
Not because they couldn't sell them.
Because they didn't want YOU to have them.
The disturbing truth about luxury's dirtiest secret pic.twitter.com/jdvgFiRQPE
Bien que l’industrie du luxe soit placée haut dans le classement des acteurs du gaspillage textile, après bien sûr l’imbattable fast-fashion, le nouveau projet de la maison Chanel ne se limitera pas à la haute couture et aux pièces de luxe, mais s’étendra également aux secteurs du sport et de l’hospitalité. La Maison de la Rue Cambon n’est pas la seule actrice du luxe à se pencher sur la problématique du gaspillage et à chercher activement des solutions : l’année dernière, LVMH a dépensé pas moins de 200 000 euros afin de soutenir le développement de systèmes de recyclage en boucle fermée, capables de transformer les vieux matériaux et stocks inutilisés en nouveaux tissus et fils pour les maisons appartenant à son portefeuille. Cette année, le géant du luxe prévoit même d’augmenter son niveau d'investissement à 300 000 euros. Son concurrent, le groupe Kering, a quant à lui investi dans Revalorem, entreprise française de recyclage, ainsi que dans Vestiaire Collective.
LVMH announces an ambitious water efficiency plan to reduce the Group’s overall water footprint by 30%.
— LVMH (@LVMH) July 10, 2023
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Même l’Europe s’en mêle, en mettant en place des législations toujours plus strictes et structurées concernant le gaspillage textile. « Cela devient de plus en plus important et de plus en plus stratégique pour nous », a déclaré Bruno Pavlovsky, président du département de la mode de Chanel. « Si nous voulons continuer à exister et à faire ce que nous faisons, nous devons anticiper et voir comment nous pouvons repenser cette idée de matériaux et de matières premières » a-t-il ajouté. Si les critiques considèrent que cet intérêt soudain du monde de la mode et du luxe pour le recyclage ne contribuera que très peu à réduire son impact environnemental négatif, avec certaines entreprises qui faute de diminuer leur empreinte carbone créent encore plus de gaspillage pour redorer leur image, ce nouvel investissement de Chanel est un peu comme un point de lumière au bout du tunnel sombre à travers lequel le luxe est en train de passer. Espérons qu’il ne s’agisse pas de green washing et que les efforts mis en place apporteront des résultats tangibles et concrets. « Nous devons encore investir de l'argent, c'est une nouvelle activité. Ce n'est pas une grande entreprise, mais je pense que nous en parlerons de plus en plus. » conclut M. Pavlovsky.
























