La tendance des pois était attendue depuis longtemps Cette fois on ne la doit pas à Miu Miu, c'est la Gen-Z que l'on doit remercier

Nous l’avons remarquée pour la première fois en janvier, sur les ongles de certaines clientes des instituts de beauté de Paris. Ensuite, elle a commencé à apparaître sur Vinted sous forme de vieilles jupes en satin bleu à pois blancs, de combinaisons et de chemises à la Bob Dylan (ceux qui ont vu Un Parfait Inconnu se souviendront sûrement de la tenue du protagoniste dans les dernières scènes du film). Bref, après le workwear, les bottes texanes, les accessoires Y2K et l’esthétique office-siren, la Gen Z a remis sous les projecteurs une autre tendance du passé : les pois. Ils rappellent les années 50, Minnie Mouse et les pin-up de cette époque, un monde que la Gen Z n’a jamais connu, mais qui, d’une certaine manière, transmet un sentiment de confort et de sécurité par sa simplicité et sa gaieté. Il est intéressant de noter que tous les pois ne sont pas à la mode : sur les podiums, le fond blanc à pois noirs prédomine, tandis que dans le street style des principales capitales de la mode, l’option à fond noir se propage à grande vitesse. Porté par tous les genres, sans les mêmes attaches au sexe féminin qu’au siècle dernier, ce motif en dit long sur notre société qui, dans le désordre, trouve refuge dans les jupes de maman.

Sur les podiums, les pois ont commencé à se faire remarquer lors des premières présentations des collections SS25. Cependant, un designer a su en capter la pertinence avant tout le monde : Marc Jacobs, directeur créatif de la marque éponyme, qui a toujours eu le talent de recevoir et d’interpréter les besoins des nouvelles générations. Pour la FW24, Jacobs s’est inspiré des icônes de Disney et de Marilyn Monroe, affirmant ensuite en coulisses que le défilé était une ode à la liberté d’expression. « I believe in living with authenticity - free from validation and permission of absurd conservatism and societal norms », a-t-il déclaré à Vogue Runway, une remarque qui renvoie sûrement à sa passion dévorante pour les manucures et accessoires délicieusement exagérés. Par la suite, Moschino, Balmain, Valentino et Acne Studios ont eux aussi emprunté un peu du charme des pois pour leurs défilés : curieusement, toutes des marques qui parlent habituellement de nostalgie, soit par ironie, soit par romantisme. Grâce à sa popularité, le motif a fini par s’infiltrer aussi dans les défilés de maisons qui ne cèdent d’ordinaire pas aussi facilement aux tendances passagères. C’est le cas de Fendi, Altuzzarra, Vivienne Westwood et Dries Van Noten, ce qui pourrait indiquer que, malgré une augmentation explosive de 185 % de pois sur les podiums enregistrée par le moteur de recherche Tagwalk, la tendance pourrait avoir de l’avenir.

Bien que l’industrie de la haute couture ait décidé d’exprimer sa passion pour les pois à travers des vêtements frivoles, faits de volants et de plissés, de tulle et de satin, de microshorts et de robes de soirée, dans la rue, la situation est bien différente. Car il est vrai que la Gen Z aime les modes d’antan, mais il est aussi vrai que pour un motif nostalgique, ils veulent voir associés des silhouettes et des matériaux nouveaux. C’est pourquoi, alors que chez Valentino, Jacquemus et Gucci ils apparaissent sur des robes de cocktail, des chemises, des vestes années 80 et des jupes ballon, sur les podiums des marques plus jeunes, les pois étaient bien plus expressifs. Acne Studios a joué avec les proportions et les a mélangés à d’autres motifs, Vaillant a misé sur la texture d’une fourrure oversize, Charles Jeffrey Loverboy les a agrandis de manière humoristique et Rokh les a utilisés pour créer un adorable nouveau tailleur qui marie le bon ton français au punk anglais. Dans les rues de Milan, entre-temps, les pois apparaissent sur les ongles, les sweats, les pantalons capri et les accessoires, des sacs aux ceintures. Pour les chanceux qui ont réussi à dénicher un Mombasa ou un Corset Ring à pois de Yves Saint Laurent du début des années 2000, ce sera un été magnifique. Et vous avez toute l’envie de celle qui vient de l’écrire.