L’esthétique du macabre dans les intérieurs de "Frankenstein" Le nouveau film de Guillermo del Toro est une étude sur l’opulence et l’émotion dans l’architecture

Le Frankenstein de Guillermo del Toro n’est pas seulement la énième relecture du mythe de Mary Shelley, mais un véritable manifeste visuel où l’architecture cesse d’être un décor pour devenir un langage. La production a construit un univers sartorial, cousant ensemble l’opulence historique du Royaume-Uni avec l’immensité désolée de l’Amérique du Nord, créant une atmosphère à la fois claustrophobe et sublime, intime et monumentale.

La tour néogothique

Le pivot narratif et visuel est évidemment la Tour de Frankenstein, le lieu de la création et de la ruine. Son esthétique est un mash-up génial : la base, imposante et tangible, a été construite sur un plateau de plus de 5 000 mètres carrés dans le parc des expositions de Markham, près de Toronto. Mais c’est au sommet que se manifeste son hybris : le profil néogothique est directement inspiré du National Wallace Monument de Stirling, en Écosse. Un choix qui n’est pas seulement une citation, mais une déclaration d’intentions : l’isolement mégalomane du scientifique est inscrit dans l’ADN même de la structure, un phare gothique qui tranche l’horizon comme un cri.

L’espace comme luxe

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Les intérieurs de la Tour, reconstruits dans les studios de Toronto en huit plateaux différents, sont une véritable œuvre d’art. Oubliez le laboratoire en désordre, ici il est question de dark science couture : escaliers en colimaçon vertigineux, salles d’expérimentation dominées par une obsession de l’ordre scientifique, tout est pensé pour suggérer que le vrai luxe de Victor n’est pas la richesse économique, mais de disposer de l’espace nécessaire pour sa plus grande obsession.

Les demeures prodige dans Frankenstein

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En contraste avec le chaos contrôlé de la tour, il y a les demeures de l’élite, l’environnement que Victor abandonne sans jamais réussir à s’en détacher. La production a puisé dans le meilleur de l’architecture historique : la maison et galerie d’art anglaise Burghley House, qui avec ses murs en bois et ses tapisseries saturées devient la demeure d’Heinrich Harlander (Christoph Waltz), et une combinaison de la Gosford House en Écosse et de la Wilton House en Angleterre pour Victor.

Ce mélange méticuleux offre des intérieurs d’une beauté froide et inquiétante, caractérisés par des planchers en bois foncé, des murs peints dans de profondes nuances de vert émeraude et des détails en marbre. C’est l’esthétique de la richesse décadente, où l’élégance est si parfaite qu’elle en devient étouffante. L’opulence s’étend également à Dunecht House à Aberdeen, une autre somptueuse résidence écossaise dont les vastes jardins et l’architecture classique renforcent le ton dramatique et raffiné du film. Toujours en Écosse, à Arbroath, la Hospitalfield House historique a apporté son aura dix-neuviémiste imposante et mélancolique, parfaite pour les scènes les plus sombres.

Édimbourg, Glasgow et Londres

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Mais le Royaume-Uni a aussi offert son âme urbaine la plus trouble et gothique. Édimbourg a mis à disposition ses ruelles et ses vieilles rues, en particulier la suggestive Royal Mile. Des lieux comme Bakehouse Close, avec ses galets et ses passages étroits, ou l’isolé Lady Stair’s Close, ont donné au film ce ton mystérieux et intemporel, idéal pour les scènes de poursuite ou d’introspection.

En se déplaçant à Glasgow, la majestueuse Cathédrale médiévale de la ville a été utilisée pour ses hautes nefs et son style gothique, offrant au film une empreinte solennelle et puissante, un lieu sacré témoin muet d’un acte blasphématoire. Même Londres, la grande capitale britannique, a été recréée non seulement avec des prises de vues extérieures, mais aussi grâce à l’utilisation ingénieuse de miniatures et de modèles réduits pour les édifices monumentaux et les panoramas complexes, une technique old-school qui garantit un impact visuel presque pictural dans des scènes autrement impossibles à réaliser.

Le froid canadien comme métaphore

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Enfin, l’élément le plus crucial pour définir l’émotivité de la Créature : la nature sauvage. Les scènes situées dans des paysages inhospitaliers, qu’il s’agisse de séquences arctiques ou de fuites désespérées, ont été capturées dans la majesté de Glencoe (Écosse), avec ses panoramas dramatiques et brumeux, et dans les séquences enneigées de Fortress Mountain (Alberta, Canada). Pour recréer au mieux l’environnement glacial, la production est allée jusqu’à North Bay, Ontario, où le climat rigoureux a fourni le décor idéal pour les séquences arctiques et désolées dans lesquelles évoluent les protagonistes.

Dans le Frankenstein de del Toro, les extérieurs ne sont pas de simples décors, mais le reflet de l’âme tourmentée et indomptée de la Créature. La tension visuelle du film réside justement dans ce clash esthétique : l’opulence gothico-victorienne face à l’immensité primordiale, la civilisation qui crée le monstre et la nature qui l’accueille.

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©2025 journal nss magazine enregistré auprès du tribunal de Milan. Aut. n° 77 du 13/5/2022