
Jean Dujardin se fait de plus en plus petit dans "L'homme qui rétrécit" L’œuvre est le remake du film de science-fiction "The Incredible Shrinking Man" de 1957
Depuis le 22 octobre, dans les salles françaises, est arrivé L'homme qui rétrécit, qui circule également dans le monde entier, notamment au Trieste Science+Fiction en Italie, où il a été présenté comme film d’ouverture. Un film de science-fiction qui permet de redécouvrir le classique de 1957 The Incredible Shrinking Man de Jack Arnold, lui-même adaptation du récit de Richard Matheson publié seulement un an plus tôt. Les deux versions du même titre, dans sa variante contemporaine réalisée par Jan Kounen, voient pour protagoniste un homme qui, à cause d’événements surnaturels et inexplicables, commence soudainement à rétrécir. Dans le film des années cinquante, le malheur arrivait à Grant Williams, tandis que son successeur est Jean Dujardin, qui a fortement soutenu l’idée de réaliser un remake du classique de la science-fiction, s’assurant à la fois les droits du livre et ceux du film. L’acteur a ainsi exprimé la volonté de se glisser dans les (minuscules) chaussures du protagoniste, cette fois nommé Paul. Et il est impossible de ne pas imaginer et percevoir des similitudes entre cet interprète qui en 2012 remportait l’Oscar du meilleur acteur pour une œuvre comme The Artist et le désir de revenir une fois encore au cinéma des origines. Une œuvre, celle de Michel Hazanavicius, en noir et blanc qui reprend l’époque du muet, avec le récent L'homme qui rétrécit qui laisse entrevoir le désir du comédien de continuer à communiquer avec un art qui a su magnifier les divers genres au fil de son histoire.
The Incredible Shrinking Man est en effet l’expression la plus naturelle du courant de science-fiction, qui s’accorde parfaitement avec un cinéma d’attractions se mêlant à l’analyse humaine et universelle du thème traité, utilisant justement les outils fantastiques du cinéma. Dans l’œuvre, où la conclusion amène le protagoniste à des réflexions existentielles et métaphysiques, le divertissement est dû précisément au rétrécissement de l’homme et aux possibilités de la septième art de l’insérer dans des contextes physiques et spectaculaires comme un chat, pour l’homme géant, qui tente de l’attraper, et une araignée qui devient son ennemi juré dans sa tentative de transformer une cave en royaume. L’absence de nombreux dialogues, le choix de montrer plutôt que de dire, fait du film de Jack Arnold un exemple du cinéma à son apogée, qui met en valeur le genre de référence sans besoin de trop de mots et exploitant sa capacité fantastique de réaliser l’inimaginable (le rétrécissement d’un homme) et d’en faire un spectacle pur et essentiel, malgré toutes les introspections sur le sujet en question.
The Incredible Shrinking Man présente les caractéristiques de nombreux films qui ont marqué et fait la grandeur du Hollywood classique, montrant les possibilités infinies du cinéma, captivant ainsi des milliers et des milliers de spectateurs. Pour cette raison, l’équivalent français L'homme qui rétrécit ne peut que ressentir non seulement un passé glorieux, mais aussi la capacité du cinéma de science-fiction des années cinquante à surprendre avec très peu. L’œuvre de Kounen a le mérite de vouloir revisiter le texte de Matheson et le film d’Arnold. Elle souhaite se distinguer comme quelque chose de nouveau tout en rendant hommage avec admiration et respect au film en noir et blanc. Mais elle n’ajoute guère à la merveille de l’œuvre passée, la revoit mais n’en tire rien qui n’ait déjà été dit, qui n’ait déjà été montré, arrivant aux mêmes conclusions que l’original et se contentant du mérite de donner envie de redécouvrir le film de 1957. La rencontre entre l’infini et l’infiniment petit se conjugue une fois de plus, mettant désormais au centre les deux titres. Ceux-ci s’accordent en cherchant à faire perdurer le mythe de cet homme rétréci auprès du public d’hier et d’aujourd’hui, mais avec un passé qui démontre être, du moins pour le moment, inaccessible.





















