
French Lover est la pâle copie de Coup de foudre à Notting Hill La comédie romantique avec Omar Sy et Sara Giraudeau est disponible sur Netflix
Depuis quelques années, Netflix est devenue la maison des comédies romantiques, ce genre qui a fait la grandeur du cinéma lui-même et qui les a ensuite abandonnées, leur réservant principalement les écrans domestiques. Pendant un temps, cela a bien fonctionné, même avec des sagas plus ou moins réussies allant de À tous les garçons que j’ai aimés à The Kissing Booth, mais ce sont avec les titres isolés que la plateforme a su donner le meilleur d’elle-même, comme les adorables Petits coups montés avec Zoey Deutch et Glen Powell, et Isn’t It Romantic avec le trio Rebel Wilson, Adam DeVine et Liam Hemsworth. Comme cela s’est vite produit avec le streaming, les genres n’ont pas tardé à ne plus rester l’apanage de l’industrie hollywoodienne. En misant beaucoup sur le « local », Netflix a commencé à élargir les types de ses productions en les répliquant avec des créations venues de divers pays, permettant – d’un point de vue créatif – une liberté qui n’est pas toujours accordée à tous les marchés. C’est ainsi que des comédies romantiques ont commencé à arriver de toutes parts, auxquelles s’ajoute French Lovers (devenue l’une des plus regardées dès sa sortie), œuvre française écrite par Hugo Gélin, Noémie Saglio et Nina Rives, cette dernière faisant ses débuts à la réalisation en dirigeant les protagonistes Omar Sy et Sara Giraudeau.
Grâce à ses multiples facettes et à l’audace de son secteur, le paysage français a su offrir au fil du temps certaines comédies romantiques dignes de ce nom. Un mérite dont French Lovers ne peut se prévaloir, version affaiblie et irritante de Coup de foudre à Notting Hill, qui ne présente rien de spécial sinon, justement, le lien que l’on peut faire avec le classique de Roger Michell, et auquel n’ajoute même rien l’inversion des rôles avec lui acteur célèbre et elle simple serveuse (au moins au début du film). Abel (Sy) est une star égoïste et égocentrique qui court après le César (la plus haute distinction du cinéma français) et tente d’oublier son ex qui l’a trompé. Marion (Giraudeau), elle, traverse un divorce et ne croit absolument pas qu’une star puisse s’intéresser à elle, devant se raviser et essayant de donner une chance à cette union improbable.
Les problèmes de French Lovers sont multiples et se retrouvent à plusieurs niveaux. Dans la mise en scène, parfois tape-à-l’œil et sans goût, avec des moments musicaux atroces et un mélange de coupes et d’idées de mise en scène médiocres. La photographie quant-à-elle est perpétuellement nuageuse et couleur sépia même quand il fait soleil. Mais c'est surtout dans l’écriture, qui alourdit les personnages de Marion et d’Abel, les rendant même insupportables, de simples coquilles servant uniquement à porter la thèse du film selon laquelle un acteur connu et une femme ordinaire peuvent être ensemble s’il y a de l’amour et si l’on comprend ce qui est vraiment important dans la vie. Une rhétorique assénée de façon tellement grossière que l’on finit par attribuer aux deux les torts de comportements absurdes, et qui ne laisse pas forcément espérer un happy end. On reste trop agacés par les faux pas narratifs (comme le casting improbable d’une actrice censée incarner la fiancée d’Abel, qui n’a ensuite aucune utilité dans l’économie de l’histoire) et par la caractérisation des protagonistes, qui rejaillit inévitablement sur leurs performances. De plus, il y a un détail qui appartient désormais à presque tous les films, mais qui pèse davantage lorsque le résultat est celui-ci : une durée excessive (deux heures) pour une comédie romantique, qui paraît même étirée au vu du manque de rythme du récit, et qui met encore plus en évidence à quel point les choses que French Lovers essaie de dire sont ressassées et rabâchées. Au fond, nous ne sommes que des spectateurs assis devant un film romantique et lui demandant de nous dorloter. Dommage que, cette fois, il n’y parvienne pas.






















