L'appartement futuriste de Karl Lagarfeld a enfin trouvé preneur

Karl Lagerfeld, célèbre couturier et directeur artistique emblématique de la maison Chanel, a laissé derrière lui un héritage impressionnant non seulement dans le domaine de la mode, mais aussi dans celui de l'immobilier et de la collection d'objets d'art. Connu pour son esthétique avant-gardiste et son influence indéniable sur l'industrie de la mode, il était également un investisseur avisé. Outre ses créations de mode révolutionnaires, Le Kaiser de la mode possédait un vaste patrimoine comprenant une impressionnante collection de meubles contemporains, des tenues de créateur par armoires entières, des œuvres d'art, une collection de montres de luxe et de bijoux, ainsi que plusieurs propriétés immobilières. Parmi celles-ci figuraient un pavillon à Louveciennes, une villa et un studio à Monaco, ainsi que quatre appartements à Paris. Ces appartements étaient situés au 8 rue des Saints-Pères, rue de Lille, rue de Verneuil et au 17 quai de Voltaire. Mardi dernier s'est déroulée la vente aux enchères de l'appartement dans lequel il passa ses dernières années, situé au 17 quai Voltaire dans le VIIe arrondissement. La vente, qui a débuté à 10 heures, a duré environ 19 minutes. Le prix de départ de l'appartement était de 5,3 millions d'euros. Cependant, il a été vendu pour un montant impressionnant de 10 millions d'euros, soit presque le double du prix initial.

Dans cet appartement acquis dans les années 2000, le créateur avait réussi à créer un espace reflétant parfaitement son esthétique avant-gardiste et son amour pour le design contemporain. Ces 260 mètres carrés ont été transformé en un sanctuaire de lumière, de verre et de métal au cours des deux années et demie de rénovation. Dès l'entrée, l'atmosphère futuriste y est palpable, avec un sol en silicone et ciment et de grandes parois de verre dépoli qui permettent à la lumière de circuler librement. Ses pièces principales telles que le salon monumental et la chambre principale, sont imprégnées de l'essence même de son propriétaire. Le mobilier blanc, gris ou argent, aux lignes épurées et organiques, créait une esthétique minimaliste mais sophistiquée. Chaque élément, qu'il s'agisse du fauteuil chromé de Marc Newson ou du sofa en cuir futuriste d'Amanda Levete, avait été soigneusement sélectionné pour correspondre à l'atmosphère imaginée par le couturier. Pour lui, cet appartement n'était pas seulement un lieu de vie, mais aussi un espace de travail. Il y passait la plupart de son temps, travaillant sur ses créations avec passion et dévouement. L'appartement était équipé pour répondre à ses besoins créatifs, avec des stations iPod dispersées dans tout l'espace, ainsi qu'une abondance de livres d'art et de magazines pour nourrir son inspiration.

Il n’a pas fallu attendre longtemps après son décès, en février 2019, pour qu’il soit mis en vente. La vente faisait suite à plusieurs enchères sur des biens ayant appartenu au couturier en 2021 et 2022. Thomas Jousselin, notaire associé de l'étude Althémis chargée de la vente, a souligné l'exceptionnalité de la propriété en déclarant : «C'est un bien hors normes, tant par sa localisation, sa taille que par la personnalité qui y vivait». Les enchères sur cette propriété représentaient un événement très attendu. "La vente n'a duré que dix-neuf minutes et ce bien a été cédé à 10 millions d'euros, soit deux fois plus que la mise à prix de départ fixée à 5,3 millions d'euros", a rapporté Le Parisien. La vente s'est déroulée à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, attirant une foule d'enchérisseurs déterminés. Pour y participer, les acheteurs potentiels devaient verser une consignation de plus d'un million d'euros, soit 20 % du montant de la mise à prix. Les enchères ont été menées à la fois en personne, par téléphone et en ligne, permettant à un large éventail de prétendants de participer à l'événement. Bertrand Savouré, notaire associé fondateur de l'étude Althémis, a commenté : «C'est un bon prix. Compte tenu de la situation du bien, de ses caractéristiques et de la personne qui l'habitait, on s'attendait à ce que ça marche, mais ça n'est pas fréquent qu'on quasi double le prix de départ. C'est exceptionnel.» La compétition était intense, avec des enchères rapides et des offres montant rapidement. L'avocat de l'acquéreur final a décrit le moment où le prix a dépassé les 9 millions d'euros : «Yes, it's ok», signifiant ainsi l'approbation de son client pour continuer les enchères. 

Bien que l'étude Althémis ait choisi de garder confidentiels les détails concernant l'identité et la nationalité de l'acheteur, on ne peut s'empêcher de se demander qui aura le privilège de profiter du colossal dressing de 50 mètres carrés du regretté créateur. Si certains considèrent que ce bien a des airs d'hôpital moche mais très bien situé, le succès massif de sa vente témoigne néanmoins de l'héritage durable de Lagerfeld, qui continuera à inspirer et à captiver les passionnés de mode et de design pour les années à venir.