
Il n'y a plus d'épisodes pilotes comme celui de « Pluribus » Vince Gilligan, créateur de « Breaking Bad », revient à l'écran
Le papa de Breaking Bad est de retour. Vince Gilligan, qui de 2008 à 2022 a vu sa vie professionnelle osciller entre l’univers du professeur Walter White et le spin-off Better Call Saul, arrive sur AppleTV+ avec Pluribus, une nouvelle histoire qui remonte dans le temps jusqu’aux années où il travaillait sur X-Files. Trente épisodes écrits, deux réalisés et plus de quatre-vingts co-produits en un peu moins d’une décennie de collaboration avec la série créée par Chris Carter. Pour Gilligan, Pluribus est presque un retour aux origines de sa carrière, ensuite envahie par les dealers, les avocats et la méthamphétamine.
La série, comme le dit sa protagoniste Carole (Rhea Seehorn), ressemble à un film de science-fiction déjà vu, même si pour les spectateurs elle représente une bouffée d’air frais dans un paysage audiovisuel (et en particulier sériel) qui risque souvent de proposer toujours les mêmes choses. Ou, du moins, c’est ce que laissent présager ses deux premiers épisodes.
First two episodes of Pluribus pic.twitter.com/Mpfo9wk9a4
— better call saul out of context (@nocontextbcs) November 7, 2025
À en juger par la diffusion des premiers épisodes, le sentiment que l’on éprouve en regardant Pluribus est celui d’avoir été catapulté en arrière, replongé à l’époque de l’âge d’or de la télévision. Celle de Breaking Bad et de toutes les grandes œuvres sérielles qui ont contribué à légitimer les productions télévisuelles. La même que le streaming a vu dépérir, en raison de la frénésie des productions actuelles ou de l’introduction du binge-watching, dont Gilligan ne veut pas se passer et dont il s’inspire largement.
Ce qui est magistral dans Pluribus, c’est l’épisode pilote, de ceux qu’on ne fait plus. Et aussi l’une des rares choses dont on puisse vraiment parler pour l’instant, en attendant de voir comment le récit se développera au fil de ses neuf épisodes. Mais il donne un parfait exemple de ce que la télévision a perdu et de ce que Vince Gilligan, du moins dans ce premier moment, nous a rendu.
the entire world conspiring together to find the woman on the planet you’d be most attracted to is crazy work #pluribus pic.twitter.com/SugjpZJHYD
— Cris (@lionesspike) November 7, 2025
Il faut dire que le projet Pluribus est resté pour la plupart secret jusqu’à la sortie de la bande-annonce officielle, deux semaines avant la diffusion des premiers épisodes. Ce qui a contribué à accroître la curiosité autour d’un projet dont on pouvait deviner le potentiel, mais qui a surtout laissé les spectateurs avec le désir d’enquêter sur ce que Vince Gilligan avait imaginé.
Avec la participation de Rhea Seehorn de Better Call Saul, le showrunner imagine l’arrivée d’une espèce extraterrestre qui, « comme un seul Ultracorps », envahit la planète en éradiquant l’humanité et en utilisant les corps des personnes comme enveloppes. Une conscience collective qui commence à habiter la Terre tout en cherchant à maintenir la paix. À ne pas en faire partie, cependant, se trouve l’écrivaine de romans à l’eau de rose Carole, immunisée contre la contagion ayant provoqué la transformation radicale des habitants du monde entier, et à qui il ne restera que deux options : accepter ce qui s’est passé ou tenter d’inverser le cours des choses.
Ce que l’on ressent dans Pluribus, c’est une calme que les séries télévisées ne semblent plus pouvoir se permettre aujourd’hui. Gilligan n’a pas l’empressement de tout dire tout de suite, il ne cherche pas à donner immédiatement au public tous les éléments pour déchiffrer l’énigme derrière l’occupation de l’espèce humaine. Avec le premier épisode, il fait quelque chose d’impensable de nos jours : il prend son temps.
Il nous raconte qui est la protagoniste, sans trop en dévoiler. Il la décrit dans son environnement professionnel, dans sa relation avec sa manageuse Helen (Miriam Shor), que l’on devine être plus qu’une simple collègue. Il nous montre un contact avec un signal apparemment étranger, un code sur lequel elle mène des expériences en laboratoire et qui finit par se propager à travers tout le continent, de l’Amérique au reste du monde. Et surtout, il donne à Pluribus une atmosphère. Une impression. Il laisse au public un sentiment de confusion et de panique, le même que ressent Carole, et ainsi, une immense envie d’en savoir plus.
@appletv Jarmell Gurky says it's okay. Pluribus — Now Streaming #Pluribus #RheaSeehorn #KarolinaWydra #VinceGilligan #AppleTV Pluribus - Apple TV
Dans tout cela, il ne néglige pas l’aspect visuel. La mise en scène contribue à cette finesse d’écriture : les cadrages ne sont pas seulement au service de l’histoire, comme c’est souvent le cas dans les productions en streaming (notamment au niveau de la photographie), mais ils racontent à leur tour un univers. Ils effraient et troublent, attirent et fascinent à la fois. Et surtout, ils montrent la volonté de Gilligan d’apposer sa signature sur cette nouvelle production AppleTV+, faisant une fois encore d’Albuquerque le théâtre de son récit.
L’architecture dialogue avec les fans du créateur, leur rappelle d’où il vient (artistiquement parlant) et crée un pont de connexion entre les précédents travaux de Vince Gilligan, même si, dès le deuxième épisode, la série se déplace ailleurs – et qui sait jusqu’où elle ira encore. Ce qui est sûr, c’est que nous avons hâte de le découvrir, en gardant à l’esprit la devise de la série : le bonheur est un état d’esprit.
























