
Le thiller Soleil noir a une formule gagnante, mais inattendue Une histoire de meurtres, de secrets et d’héritage, avec Isabelle Adjani au casting
Le mérite de Soleil noir est aussi son plus grand défaut, et vice-versa. La série disponible sur Netflix depuis le 9 juillet, qui au cours du mois est entrée dans le classement des dix séries les plus regardées de la plateforme, est le classique thriller déguisé en mélodrame – et aussi, selon la loi des contraires, le classique mélodrame déguisé en thriller. Une histoire dans laquelle la protagoniste doit découvrir quel est l’intrigue qui se cache derrière le meurtre dans lequel elle a évidemment été piégée. Une histoire de terrains, d’argent, de propriétés et d’un héritage qui dévoile les secrets les plus enfouis, et dans laquelle sera impliqué beaucoup, beaucoup trop de monde. Une affaire de meurtre d’où jaillit une avalanche de révélations et de doubles jeux qui se poursuivent tout au long des six épisodes composant ce titre imaginé par Nils-Antoine Sambuc, et dans lequel on retrouve l’actrice emblématique d’un film culte comme Possession, Isabelle Adjani, dans le rôle de la matriarche d’une famille où tous ont porté trop longtemps un masque qu’il est enfin temps de retirer.
Dès le premier épisode de Soleil noir, le déroulement du show montre qu’il a soigneusement mis en place tous les éléments nécessaires pour construire sa propre forteresse faite de mystère, de violence et de plans laborieusement élaborés, dans le but de mettre à nu l’avenir d’une entreprise familiale fortunée, au bord du déclin financier, et donc déterminée à s’en sortir avant de se retrouver au pied du mur. Ce fragile équilibre est encore davantage bouleversé par l’arrivée de la jeune Alba (Ava Baya), vingt-cinq ans, et son enfant, fuyant ses parents pour ne pas perdre la garde de celui-ci, et qui semble avoir trouvé un emploi précisément sur le domaine du patriarche Arnaud (Thibault de Montalembert). Tout bascule du jour au lendemain lorsque l’homme est brutalement assassiné, qu’Alba est accusée du meurtre, avec très peu de chances de pouvoir se disculper.
La multitude d’histoires, de personnages et d’énigmes que Soleil noir met en jeu est si importante dès le départ qu’on imagine difficilement que la narration puisse encore se remplir de davantage de récits, de personnages et de mystère. Chaque récit devrait avoir sa propre limite, une frontière à respecter ; ce n’est pas ce que fait la série Netflix qui, bien qu’elle devienne rapidement chargée d’un point de vue narratif, laisse transparaître de bonnes intentions, lesquelles parviennent heureusement à être mises en scène avec ordre tout au long des épisodes. Sans jamais alourdir excessivement l’enquête, elle réussit même à augmenter la soif de découverte du spectateur. On commence ainsi avec Alba qui fuit la maison familiale, une embauche inattendue et une mort prématurée, et avec un passé qui frappe si fort à la porte de la vie non seulement de la protagoniste, mais de tous les personnages, qu’il fait un vacarme assourdissant.
Avec ce bagage de secousses et de tourments, il est évident que le drame prend un virage massif, que les surprises et les rebondissements paraissent démesurés par rapport à ce qu’une seule histoire pourrait contenir. Et pourtant, grâce à une capacité d’écriture non négligeable – pas excellente mais au moins habile –, la série parvient à emboîter chaque pièce du puzzle, finissant non seulement par déconstruire chaque énigme, mais même à les démêler. Elle atteint le sommet de son intrigue à la fin de son récit, ayant su captiver et divertir le public, qui s’est laissé entraîner avec plaisir dans un thriller/mélodrame ordinaire mais pas médiocre, avec le risque d’être excessivement imprévisible tout en sachant gérer et jouer avec ses propres limites.
























