
Une seule Adèle Exarchopoulos, mille vies Du succès de La Vie d’Adèle au caméo irrésistible dans Too Much
Difficile à croire, mais Adèle Exarchopoulos a trente et un ans. Seulement trente et un ans. « Seulement » parce que l’actrice française née en 1993 est déjà l’un des visages et des talents les plus marquants du paysage cinématographique, aussi bien francophone qu’international. Et cela ne date pas d’hier, mais de plusieurs années déjà, en tout cas depuis 2013, lorsqu’elle a partagé l’affiche avec Léa Seydoux dans La Vie d’Adèle, écrit (avec Ghalia Lacroix) et réalisé par Abdellatif Kechiche. Depuis ses débuts au cinéma en 2007 sous la direction de Jane Birkin et après près de vingt ans de carrière intense, Exarchopoulos a constamment changé de registre, a incarné toutes sortes de personnages et a toujours su rester avant tout, et de manière emblématique, elle-même.
Dotée d’une présence rassurante, d’une intensité capable de se nourrir de la douleur du drame, du mystère du thriller ou même de l’ironie de la comédie, Exarchopoulos s’est assurée de ne jamais rester figée — et pas seulement en termes de production : rien qu’en 2023, elle apparaissait dans cinq films, sans compter le doublage français du film d’animation Vice Versa de Pixar. Elle a exploré toutes les nuances possibles qu’un récit peut offrir, ne s’est jamais imposé de limites face à de nouveaux défis, et a ainsi su s’imposer comme une valeur sûre pour les cinéastes français comme internationaux. Une muse également, ou en tout cas une actrice fétiche, si l’on pense à sa collaboration avec un auteur aussi singulier que Quentin Dupieux, avec qui elle s’est plongée dans l’absurde à travers trois films depuis 2020, dont le dernier, L'Accident de piano, sorti en 2025.
Mais Exarchopoulos, ce n’est pas que du cinéma d’auteur au sens strict. Il y a en effet un titre qui, en 2024, l’a propulsée sur le devant de la scène aux côtés de ses partenaires de jeu, au cœur des passions et des tourments criminels d’un succès au box-office comme L’Amour Ouf. Présenté en avant-première au Festival de Cannes, mal reçu par la critique, mais acclamé par le public avec un total de 4,9 millions de spectateurs en France, ce film voit l’actrice, aux côtés de François Civil, s’aventurer encore une fois dans un nouveau genre. Pas un simple film criminel, qu’elle avait déjà pu explorer sous d’autres formes, mais un mélange avec la comédie musicale, où la bande-son est aussi centrale que les personnages, un moment de suspension où, au lieu de parler, on se laisse emporter par la danse.
En débutant avec le théâtre pour surmonter sa timidité, et encouragée par ses parents à se consacrer à ce qui deviendrait finalement sa vocation, ce qui amuse chez Adèle Exarchopoulos, c’est le caméo qu’elle s’est offert — et que Lena Dunham lui a offert — dans la série Too Much sur Netflix. Dans le rôle de Polly, l’amie de Félix, provocante et flamboyante, l’actrice s’amuse avant tout avec sa « françaisité », pour confirmer, exagérer ou ridiculiser avec humour son appartenance au pays de l’amour libre et du fromage. Elle arrive en milieu de saison, s’amuse avec l’écriture brillante de Dunham et y ajoute son pétillant savoir-faire. Elle renverse l’image de sex-symbol qu’on lui a attribuée très tôt, dès La Vie d’Adèle. Elle est d’ailleurs apparue nue dans d’autres projets postérieurs à la Palme d’or, comme Le Fidèle (2017), avant de déclarer quelques années plus tard qu’elle en avait fini avec la nudité — plus parce qu’elle est devenue maman d’un petit Ismaël que pour des raisons professionnelles.
Mais avec Too Much, c’est justement avec sa sensualité qu’elle joue, l’utilise pour rire de cette Polly si belle, si fascinante (et si française), utilisant l’humour pour détourner ce qui l’a longtemps sexualisée. Et elle confirme ce que l’on savait déjà : c’est une actrice magnétique, polyvalente et nuancée. Capable même d’exceller dans une production très américaine comme la série de Lena Dunham, située au cœur de l’Angleterre. D’ailleurs, si l’on parle de rire, elle a aussi participé à la version française de LOL – Qui rit, sort ! en 2023, même si elle n’a pas gagné, éliminée en troisième position. Un talent, des surprises constantes. Nous attendons donc avec impatience de découvrir ce qu’elle nous réserve encore dans les années à venir. Ou à la Mostra de Venise, avec le film de science-fiction Chien 51.























