
Le bal blanc de Dior pour sa collection Croisière 2026 Dans un hommage à la Ville Éternelle, aux racines de sa directrice créative mais aussi à la mode du 17ème siècle
Même si les paysages féériques d’Édimbourg font rêver, que les bâtiments antiques d’Athènes offrent le cadre parfait pour un storytelling réussi, et que la chaleur enfermée dans les murs de Séville est idéale pour accueillir des invités venus des quatre coins du monde observer un défilé, aucune destination lointaine, aussi idyllique soit-elle, ne peut surpasser le confort de sa propre maison. Surtout lorsque cette maison est Rome, l’une des plus belles villes d’Europe, voire du monde. Maria Grazia Chiuri ne nous contredirait pas : après avoir fait faire le tour du globe à la Maison Dior en présentant ses collections croisières du Mexique à l’Écosse, la directrice créative de la Maison française a choisi pour la présentation de sa Cruise 2026 de jouer à domicile, en présentant son show dans sa ville natale: la Ville Éternelle. C’est en effet dans le cadre féérique de la Villa Albani, un édifice néoclassique du XVIIIe siècle aux portes habituellement bien gardées et presque toujours closes, que Dior donnait hier soir son tout premier bal blanc, dévoilant une ribambelle de princesses (presque) monochromes.
Parmi les quatre-vingts looks qui s’enchaînaient hier au rythme lent et maîtrisé des pas des danseurs de ballet locaux, également vêtus de blanc et habillés par les costumiers du film romain Toricelli, 31 appartenaient à la collection Haute Couture de la Maison. Déclinées dans des matières nobles, allant de la soie brillante à la dentelle transparente, on retrouvait dans cette collection des gilets tantôt courts, tantôt à queue-de-pie, semblant tout droit sortis du dressing des incroyables de la Belle Époque, des longues robes tantôt transparentes et sculptées de broderies éclatantes, tantôt ornées de volants, mais aussi des trenchs et vestes en cuir plus modernes, le tout nous emmenant dans un voyage à travers plusieurs époques, à la fois lointaines et pourtant si proches. Outre des robes rappelant une version moins volumineuse mais tout aussi structurée des paniers de l’époque de Marie-Antoinette, certaines tenues, notamment le look numéro 50, évoquent étrangement la tant controversée Chemise à la reine, qui avait choqué la population française de l’époque, scandalisée de voir une souveraine dépeinte en « petite tenue ».
La collection s’inspire en effet du fameux « Bal blanc », le premier grand bal au dress code monochrome, donné à Paris en 1930 par Mimi Pecci-Blunt, aristocrate collectionneuse romaine et ancienne propriétaire du Teatro della Cometa de Rome, actuellement rénové par Maria Grazia Chiuri elle-même. C’est donc autour de cette figure romaine, de son grand bal et de ses accomplissements, que s’articule cette cruise 26 qui rend hommage par procuration à la Belle Époque qui l’a vue naître et grandir. « Elle travaillait pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut un moment terrible, et elle était obsédée — en tout cas — par l’organisation de concerts, de représentations théâtrales, d’expositions d’art. M. Dior avait aussi une galerie à Paris pendant cette période », explique Maria Grazia Chiuri. « Ils avaient de l’espoir dans leur cœur pour l’avenir. Je pense que c’est ce qu’est l’art : il donne de l’espoir pour le futur », continue-t-elle. De l’espoir, en effet, c’est ce que l’on ressent en regardant les quatre-vingts looks de cette collection, bien moins dramatiques et incomprhensibles que les précédentes créations de la directrice artistique romaine. Bien que son avenir chez Dior ne soit pas encore confirmé — on murmure même qu’elle pourrait rejoindre Fendi, une rumeur renforcée par la présence hier au défilé de Silvia Venturini Fendi —, Maria Grazia Chiuri signe avec ce défilé un retour aux sources qui fait du bien, et qui ne fut pas pour nous déplaire.







































































































