Que devons nous attendre du Balenciaga de Pierpaolo Piccioli? Vers une renaissance couture pour Balenciaga
Hier soir, à 18 heures tapantes, alors que les initiés de la fashion sphère étaient déjà en train de réfléchir au bar dans lequel se rendre pour leur apéro chic et avaient complètement oublié le mercato de la mode qui s'est un peu calmé ces dernières semaines, Balenciaga mettait fin à de longues et intenses sessions de gossip et spéculations en annonçant enfin le nom de son nouveau directeur créatif. Le successeur de Demna n’est autre que le couturier italien Pierpaolo Piccioli, qui prendra officiellement ses fonctions chez Balenciaga le 10 juillet prochain. Fort de ses 16 années de bons et loyaux services chez Valentino, avec un passé riche en créations de qualité, innovantes et mémorables, mais surtout avec une carrière pauvre en drama qui suit son cours sans encombre depuis près de deux décennies, on peut dire que son arrivée chez Balenciaga a été acclamée par le milieu de la mode et le reste du monde. En effet, la maison Balenciaga, sous l’égide de Demna, avait quelque peu perdu de son éclat mais surtout sa bonne réputation ces dernières années. Entre scandale, créations jugées trop streetwear, trop tape-à-l’œil et pas assez couture, et éloignement profond du Balenciaga originel de monsieur Cristobal, il est temps pour le navire Balenciaga de cesser de foncer la tête la première vers le fond et de remonter à la surface. Mais pour ce faire, elle aura besoin d’un bon capitaine. Que peut-on donc attendre du Balenciaga piloté par PPP?
Des couleurs vives et un color block maîtrisé
S’il y a bien un art que Pierpaolo Piccioli maîtrise, c’est celui de l’association de couleurs. Les collections qu’il a présenté chez Valentino pendant plus d’une décennie et demie nous ont prouvé qu’il ne faut pas nécessairement être habillé en noir pour être chic, et que même les couleurs les plus criardes peuvent être élégantes. En plus du fameux “rosso Valentino” envoûtant et devenu très vite iconique, Pierpaolo Picciolo n’a pas eu peur d’aller puiser dans les couleurs les plus flashy de l’arc-en-ciel, et encore moins de les associer l’une et l’autre. Deux couleurs qui sont d’ailleurs souvent revenues dans ses créations sont notamment le rose et le vert fluo, des couleurs souvent utilisées par Balenciaga et ses directeurs créatifs précédents. Une chose est donc sûre: le nouveau Balenciaga dira au revoir à ses fulls looks logotés noirs et gris, et bonjour aux combinaisons de rose, vert, rouge, bleu et jaune.
De la 3D et des volumes repensés, contrôlés
Un autre élément que PPP n’a pas peur d’utiliser à outrance sans craindre de tomber dans le trop est la 3D. Qu'elle se manifeste à travers des robes en forme de rose, des tops qui prennent vie grâce à d’immenses et poétiques pétales de fleurs, de longues traines en plumes, ou encore des jupes fermées délicatement grâce à un joli noeud encombrant, le créateur italien a fait de la création en 3D son ADN. S’il est également friand de motifs, d’impression sur tissu, et de broderie, la prédominance de la 3D dans ses collections laisse toutefois penser qu’il a un petit penchant pour le tridimensionnel. Un élément qui aurait également sa place chez Balenciaga, qui surtout dans ses chaussures et accessoires, n’a pas peur non plus de quitter la planiéité pour gagner en volume. Le volume et l’opulence sont justement d'autres éléments que l’on retrouvera sans aucun doute dans le Balenciaga de PPP. Couvre-chefs encombrants, manches bouffantes, traines interminables et jupes gonflées font également partie intégrante du paysage visuel et de l’ADN créatif de PPP. Une chose qui définit également l’essence de Balenciaga (le vrai, pas sa version streetwear faite de pièces logotées, déchirées).
Un retour à l’essence de Balenciaga, celui de Cristobal et de Nicolas Ghesquière
En parlant de l’essence de Balenciaga, c’est d’ailleurs l’élément que nous attendons le plus pour cette nouvelle ère de la marque. Lorsque Cristobal Balenciaga fonda sa marque en 1917, son idée était de créer des pièces élégantes, de qualité et bien coupées. Une essence qui a été reprise par Nicolas Ghesquière, mais soyons honnête, pas totalement respectée par Demna. Avec l’arrivée de PPP, son goût et son talent pour la couture, le chic et le bien fait, espérons que Balenciaga retrouvera son ADN couture et son chic originel, qu’elle incarnera à nouveau l’élégance à la française, qu’elle respectera son histoire et son passé sans avoir peur d’aller vers le futur. Tant que Pier Paolo Piccioli ne propose pas de paquets de chips en tant que sac à main et des ensembles de survêtements sur le runway, tout devrait bien se passer.
