Guide des oeuvres à ne pas manquer à Paris Photo 2025 De la nature au hammam turc en passant par les rues de New York

Après un Art Basel 2025 couronné de succès, le Grand Palais ouvre ses portes à une autre grande foire : Paris Photo. Pour sa 28e édition, l’événement revient cette semaine avec 220 exposants, provenant de 33 pays différents. Au-delà de son secteur Principal, composé de 139 galeries participantes, la foire enrichit son offre avec plusieurs sections curatoriales. Voices est dédiée aux nouvelles perspectives curatoriales et est organisée cette année par Devika Singh et Nadine Wietlisbach, le secteur Digital met en lumière 13 galeries contemporaines représentant des artistes intégrant les nouvelles technologies dans leur pratique, Emergence présente des œuvres contemporaines à travers 20 projets monographiques ; et enfin, Editions, qui réunit le meilleur du livre photo grâce à 43 maisons d’édition et libraires. Ouvert au public du 13 au 16 novembre, Paris Photo rassemble une fois de plus le meilleur de l’art basé sur l’image. nss y a fait un tour, voici donc quelques-unes de nos découvertes préférées.

The secret life of flowers de Julieta Tarraubella

Tarraubella fusionne nature et technologie avec La vida secreta de las flores, un travail en cours initié en 2018. Combinant images en mouvement et technologie, le projet donne vie à un jardin cyborg qui documente la vie des fleurs en time-lapse. Dans les notes d’exposition écrites par Kim Knoppers, elle décrit avec justesse que « nous voyons non seulement la fleur, mais le seuil de la perception elle-même ». Vous pouvez découvrir la série au stand Rolf Art & Tomas Redrado Art (Stand E28) dans le cadre de la section Digital.


Self-portraits de Mari Katayama

L’artiste japonaise Mari Katayama compare son processus à la construction d’un décor. Pour ses autoportraits présentés, elle nous a expliqué avoir commencé par créer et imprimer 88 images au format A4, qu’elle a ensuite assemblées en un seul « tissu ». Cette pièce devient l’élément central de ses deux œuvres, toutes deux réalisées en argentique, et toutes deux engageant un dialogue autour du corps, de l’intimité et de la beauté trouvée dans le quotidien. « Je commence toujours par dessiner et esquisser, puis je construis la scène. J’utilise des matériaux liés à la vie quotidienne, tout est fait maison, tout provient de nos vies. Ce n’est pas fait pour être exceptionnel, mais pour transformer le banal en quelque chose d’ouvert, un art auquel tout le monde peut se connecter », dit-elle. Les autoportraits de Katayama sont présentés à la Galerie Suzanne Sieve (Stand C38).

Les débuts de Nora Alissa & Hafez Gallery

Après avoir présenté son travail lors de la première Biennale des Arts Islamiques en Arabie Saoudite, la photographe basée à Riyad Nora Alissa vient d’entrer dans l’histoire en devenant la première artiste saoudienne à être présentée à Paris Photo. Cela a été rendu possible grâce à la Hafez Gallery (Stand C18), qui marque également sa première participation à la foire. Une présentation de la série « Li’b » (« jeu ») d’Alissa est désormais visible à la foire. La série reflète l’énergie et le rythme des mouvements, ainsi que des thèmes universels d’aspiration, à travers des flous intentionnels poétiques, des éclats de lumière et des scènes superposées. Elle raconte le riche héritage de la danse folklorique saoudienne, dont certaines formes sont aujourd’hui reconnues par l’UNESCO.

Father de Diana Markosian chez Les Filles du calvaire

Markosian a reçu le Prix Photo Madame Figaro aux Rencontres d’Arles 2025 pour son projet profondément personnel, Father. Lorsqu’elle était enfant, sa mère l’a emmenée, elle et ses frères et sœurs, de Moscou aux États-Unis, laissant leur père derrière eux sans dire au revoir. Des années plus tard, Markosian a renoué avec lui. Ces retrouvailles ont donné naissance à ce corpus d’œuvres poignant, explorant les fils complexes des relations familiales, de l’éloignement et de la reconnexion. La série tisse ensemble photographies documentaires, images familiales vernaculaires et un livre photo. Découvrez son travail au stand des Filles du Calvaire (Stand C31).

This happened to you d’Atong Atem


Pour les débuts de MARS à Paris Photo, la galerie basée à Melbourne présente This happened to you d’Atong Atem, une artiste et écrivaine australienne originaire du Soudan du Sud. La série constitue l’exploration continue de l’artiste autour de la famille, des relations et des mythes coloniaux, qu’elle tisse dans des portraits intimes, mêlant souvent photographie et textile. Quatre œuvres en particulier datant de 2025 — 3 of Cups, 10 of Swords, The Empress (Santa Monica) et The Hierophant — sont inspirées du tarot, des images numériques à base d’eau imprimées sur du velours commercial, représentant des scènes superposées et des récits migrants au sein de la diaspora africaine. Toutes ont été imprimées en Australie. Les œuvres sont présentées à la MARS Gallery (Stand G02).

Happy Clouds de Rachel De Joode

C’est la 15e année que la Galerie Christophe Gaillard (Stand C29) participe à Paris Photo. Pour l’occasion, le galeriste Christophe Gaillard a sélectionné des œuvres spécialement présentées pour marquer cette étape. Parmi elles figurent les œuvres de l’artiste néerlandaise Rachel de Joode, qui vit et travaille actuellement à Berlin. Selon Gaillard, « j’apprécie le travail de Rachel de Joode pour sa capacité à naviguer entre la sculpture, la photographie et l’installation. » Pour *Middle happy cloud 2* (2022), l’œuvre combine une peinture numérique montée sur aluminium, de la peinture acrylique et de la pâte à modeler. Alors que nos vies deviennent de plus en plus numériques, l’artiste réfléchit à ce qui reste tactile, qu’elle explore dans cette œuvre qui imite à la fois un collage et une sculpture en une seule pièce.

Paraboles par Hida Baddou

Hiba Baddou est une artiste originaire de Rabat, au Maroc, dotée d’un instinct aiguisé pour le remix culturel dans un langage visuel rétro-futuriste. Dans Paraboles, elle puise dans les paysages urbains du Maroc, transformant les paraboles, antennes ouvertes sur le monde, en quelque chose de plus poétique. Elle traite la technologie comme un lieu à la fois de rupture et de reconnexion, explorant comment les images et transmissions venues de loin façonnent nos identités spirituelles et culturelles, et comment ce que nous absorbons à distance finit par influencer ce dont nous nous souvenons, ce que nous croyons et la manière dont nous nous situons dans le monde.

Dear Past par Takahiro Kudo

Un autre artiste basé à Berlin, Takahiro Kudo, présente sa série avec la Gallery Archiraar (Stand A12). Dans Dear Past, il explore des questions d’identité, d’histoire collective et l’évolution du paysage de la visibilité. Il utilise des visuels d’après-guerre et des photographies d’archives, certaines provenant de premières publications homosexuelles telles que Der Eigene, un magazine berlinois publié de 1896 à 1932 et considéré comme le premier journal gay au monde. Pour créer ses œuvres, il utilise une méthode unique de décoloration au soleil permettant aux images d’émerger sur des plaques de bois, qu’il finit ensuite avec un vernis anti-UV. C’est un processus en couches, porteur de sens multiples, reflétant la nature stratifiée de nos histoires et de nos identités. Kudo note : « Sans exception, nous sommes forcés de questionner la standardisation de nos êtres dans une société de plus en plus diversifiée. »

Impositions #6 par Susa Templin

Une sculpture photographique moderne est exposée au Parrotta Contemporary (Stand A38) par l’artiste Susa Templin. Combinant photographie et sculpture, l’artiste s’est inspirée des structures en fer et en verre des jardins de palmiers du XIXe siècle. Deux éléments entrent en jeu : elle imprime les éléments architecturaux sur les surfaces en acier et en aluminium, et les éléments végétaux sur une feuille transparente. Elle assemble ensuite le métal et la feuille transparente dans une seule forme sculpturale, une rencontre entre l’organique et l’inorganique, qu’elle plie pour imiter les gestes d’une plante et sa croissance. Elle explique : « Je n’ai jamais voulu devenir une photographe typique. Je voulais créer des visuels avec des aspects picturaux et sculpturaux, combinant peinture, sculpture et photographie dans mon travail. »


Hardened par Jeff Mermelstein


À la Galerie Bene Taschen, les visiteurs peuvent découvrir des tirages de Jeff Mermelstein issus de son livre Hardened. Photographiées sur un iPhone dans les rues de New York entre 2016 et 2018, les images révèlent comment nos vies quotidiennes, nos rues et même des appareils courants comme nos téléphones portables peuvent produire une forme d’art audacieuse.

La forêt de Natalie Berhmer

Natalie Brehmer est une jeune artiste dont le dernier travail capture les mystères d’une forêt. Une forêt bavaroise, pour être précis. Elle nous confie qu’elle passe beaucoup de temps dans la forêt, et que la majorité de son œuvre est centrée sur la nature. Dans Two Trees Make A Forest, elle présente l’image troublante de ce qu’on appelle en allemand un zweisel, deux troncs entremêlés ne formant plus qu’un. L’image est imprimée sur aluminium Dibond et encadrée de granit Fürstensteiner issu de la forêt. Elle présente également 19 œuvres sculpturales semblables à de la glace, exposées seules ou intégrées dans deux photographies comme une forme d’art terrestre temporaire.

Le Hammam de Sabiha Çimen

Les thèmes du genre, de la foi et de l’identité apparaissent dans le travail de la photographe turque Çimen. À Paris Photo, vous pouvez voir son œuvre intitulée Hammam (2020) chez LOOCK (Stand A19). Réalisées pour le New York Times, les images documentent des scènes du hammam de Cemberlitas à Istanbul, montrant des femmes qui se détendent près d’oranges, et des hommes rassemblés autour d’une pierre centrale. Les photos offrent une fenêtre poétique sur quelque chose de privé, permettant au spectateur de pénétrer dans un espace intime et presque sacré. Née en 1986 à Istanbul, Cimen est photographe chez Magnum.

Eve Arnold chez Magnum

Eve Arnold est la toute première femme à rejoindre Magnum Photos. Arnold est une légende du monde photographique, ayant photographié Marilyn Monroe, la reine Élisabeth II, Jackie Kennedy et Malcolm X pour n’en citer que quelques-uns. Dans le cadre de l’initiative Elles x Paris Photo, mettant en valeur le travail des artistes féminines, la curatrice Devrim Bayar a choisi Bar girl in the red light district comme l’un des temps forts de cette édition. Réalisée à La Havane, Cuba, l’image montre une femme, les bras posés sur un bar devant une bouteille et quelques verres, presque en contemplation. Elle fut prise en 1954 lors d’une mission pour Magnum, et demeure l’une des images les plus iconiques et reconnaissables du portfolio de l’agence.

nss magazine srls - P.IVA 12275110968
©2025 journal nss magazine enregistré auprès du tribunal de Milan. Aut. n° 77 du 13/5/2022