Paris sera-t-elle bientôt privée de ses étudiants ? Cette année encore, rentrée rime avec précarité pour nombreux d'entre eux

La rentrée approche à grands pas et comme chaque année, les futurs étudiants galèrent à trouver un logement dans la capitale. La crise de logement est depuis longtemps la norme à Paris. Le problème reste le même: trop peu d’offres pour une demande croissante. Ainsi, trouver un studio à Paris relève de l’exploit. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il n’est pas rare qu’une annonce attire près de mille demandes pour un seul studio d’après Particulier à Particulier, un site d’annonce immobilière. Le marché locatif est saturé et les propriétaires, face à une telle demande, peuvent se permettre d’être extrêmement sélectifs, voire de pratiquer des loyers prohibitifs. Pour un étudiant, même avec une bourse ou une aide familiale, la mission devient quasi impossible.

Le prix moyen d’un studio parisien dépasse aujourd’hui allègrement les 900 euros par mois, un montant qui absorbe presque la totalité du budget d’un jeune. À cela s’ajoutent les charges, les abonnements et le coût global de la vie dans la capitale, notoirement plus élevé que dans le reste de la France. Résultat : beaucoup d’étudiants renoncent, préférant chercher ailleurs.

Au-delà du prix, les conditions de logement proposées sont souvent indignes : chambres de 9 m² sans véritable cuisine, logements insalubres, colocation surchargée… Pour beaucoup, vivre à Paris devient synonyme de sacrifices quotidiens. Certains doivent cumuler plusieurs petits boulots pour payer leur loyer, au détriment de leurs études. D’autres s’entassent à plusieurs dans des appartements trop petits. Cette précarité résidentielle accentue le malaise et pousse de plus en plus d’étudiants à fuir la capitale.

Face à cette situation, de nombreux jeunes se tournent vers la Seine-Saint-Denis. Département longtemps stigmatisé, il attire désormais les étudiants par son accessibilité et ses loyers plus raisonnables. Les communes de Saint-Denis, Montreuil, Pantin ou Aubervilliers, bien desservies par les lignes de métro, RER et bus, apparaissent comme des alternatives crédibles.

Dans ces villes, un studio peut se louer pour 30 à 40 % de moins qu’à Paris, ce qui change radicalement la donne. Les colocs sont plus spacieuses, les commerces moins chers, et l’ambiance parfois plus conviviale que dans les quartiers saturés de la capitale. La Seine-Saint-Denis profite aussi des grands projets d’aménagement liés au Grand Paris et aux Jeux Olympiques de 2024, qui ont dynamisé les infrastructures et amélioré la qualité de vie.

La tendance semble appelée à durer. Les étudiants, contraints par leur budget, inventent de nouvelles géographies universitaires. Si les campus parisiens restent attractifs, beaucoup préfèrent loger en périphérie pour mieux vivre au quotidien. Le phénomène dépasse même la Seine-Saint-Denis : certaines villes de banlieue plus éloignées, mais bien reliées aux transports, connaissent un afflux similaire. En réalité, cet exode révèle une transformation plus profonde : Paris n’est plus la ville des jeunes. Les prix, la rareté des logements et la précarité généralisée ont fait fuir ceux qui devraient pourtant incarner son avenir. L’attractivité de la capitale, si forte sur le plan académique et culturel, se heurte désormais à une barrière financière infranchissable.

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