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La tendance grandissante des “no kids zone”

La demande existe depuis longtemps, mais, ces dix dernières années, elle s’est totalement décomplexée

La tendance grandissante des “no kids zone” La demande existe depuis longtemps, mais, ces dix dernières années, elle s’est totalement décomplexée

Après la montée en popularité des laisses pour enfants, voici que le marché des activités  leur étant interdites connaît à son tour une croissance exponentielle. Les enfants sont-ils considérés comme les nouveaux animaux de compagnie? Dans un contexte global de baisse du taux de natalité, cette tendance s’inscrit comme un symptôme d’un mal bien plus grand. Initialement, l'idée a vu le jour aux États-Unis, propulsée par le besoin croissant d'adultes de trouver refuge au milieu de leurs activités sociales. Cette formule a connu une évolution notable, se propageant au-delà des frontières américaines pour trouver une place prépondérante en Corée du Sud, où la société a favorablement accueilli des zones excluant les enfants. Un phénomène qui suscite des réflexions sur les dynamiques évolutives de nos sociétés contemporaines.

@priscillakwon Current controversy on the growing number of the no kids zone policy in Korea where children are not allowed to enter. What are your thoughts on this? #controversy #korea top is from #yesstyle (PRISCILLA10) #debate original sound - priscilla kwon

Alors que nous naviguons dans une ère de self-care intensifié, les espaces "no kids" émergent comme des havres pour adultes, une réponse à la recherche incessante de tranquillité. Ces espaces s'inscrivent dans la lignée des tendances axées sur le bien-être, offrant une échappatoire à l'agitation parfois inhérente à la présence d'enfants. Chose qui pourrait aussi bien être traduite comme de l'égoïsme pur et dur, en effet, «l'individu se replie de plus en plus sur son nombril et devient allergique à toute forme d'altérité.» À l'heure où les adultes jonglent avec mille responsabilités, la quête de tranquillité devient une obsession. De phénomène de niche à incontournable, certains prédisent même que les zones interdites aux enfants pourraient bien devenir  «une prestation comme une autre que tout le monde devra être capable de proposer.»

 

Ces espaces s'étendent, transformant la manière dont les adultes conçoivent leurs moments de loisirs. Les compagnies de transport se positionnent avec prudence sur ce terrain. Le concept d’ “Espace famille" dans les trains et les wagons "Silencieux" démontrent une tentative d'équilibre entre les besoins des familles et nous autres. Alors que, les hôtels, leaders de cette révolution, créent des zones exclusives réservées aux adultes et plus que hermétiques, laissant miroiter «des vacances reposantes dans un cadre de rêve réservé aux plus de 16 ans.» De même, les restaurants "no kids" émergent comme des sanctuaires pour gastronomes en quête de quiétude. Des établissements étoilés aux bistrots branchés y promettent des dîners sans l'accompagnement bruyant des plus jeunes. Plus surprenant , les mariages se transforment également en terrains de débat. On constate une hausse des demandes pour des mariages "adults only", plutôt paradoxal pour des festivités célébrant l’amour et les liens familiaux.


Malgré l’enthousiasme de certains, le débat sur la légitimité des "no-kids zone" s'inscrit dans un contexte légal délicat. En effet, En France cette pratique est punie par la loi car la législation protège les individus contre toute forme de discrimination, y compris celle basée sur des critères tels que l'âge. Au cœur des discussions, les critiques soulèvent des questions éthiques et sociales. Certains dénoncent une "crise de la parentalité" attribuant le phénomène à un relâchement des liens familiaux et à la montée de l'individualisme. Des chercheurs combattent  l'idée d'une dégradation du comportement des jeunes générations, affirmant que «l'infantisme obsessionnel voit les enfants comme un fardeau.» mais aussi que «le comportement de certains enfants en société pose problème, mais le problème est d'abord celui des parents.» Les espaces "no kids" reflètent ainsi les évolutions sociétales, témoignant de l'équilibre délicat entre les besoins individuels et le droit à l'inclusion de tous les membres de la société. Les implications sur la parentalité et l'équilibre entre les générations restent des sujets brûlants alors que nous tendons à évoluer vers un schéma où «les autres, en dehors de notre cercle familial, risquent d'être de moins en moins nombreux à bénéficier du privilège de notre empathie.»