La vie tumultueuse de La Joconde

Si on a tendance à penser que le quotidien des œuvres d’art est monotone, en voici une qui en a vu des vertes et des pas mûres. Depuis le week-end dernier, La Joconde est au centre de toutes les conversations. Bien qu’elle soit l’une des œuvres les plus protégées au monde, elle ne cesse d’essuyer, au sens propre, les attaques en tout genre de détracteurs, détraqués et militants venus des quatres coins du monde. Dimanche 28 Janvier, le célèbre tableau de Léonard de Vinci peint en 1503 et mettant en scène Mona Lisa a été victime d’une énième attaque. Une partie de l’histoire qui aurait pu disparaître faute de quelques litres de soupe, sous le regard amusé des internautes. Heureusement, cet épisode a fait plus de bruit que de mal, en comparaison à d’autres qui eux auraient pu lui être fatals. Depuis son célèbre vol en 1911, événement qui a grandement contribué à sa renommée actuelle, le tableau le plus précieux au monde, estimé entre 1 et 2 milliards d'euros, a été la cible d'attaques régulières. En voici quelques-unes, pouvant être considérées comme particulièrement marquantes.

1956 : Un jeune homme abîme le coude gauche de la Joconde en lançant une pierre sur le tableau

En 1956, La Joconde a connu deux épisodes troublants qui ont ébranlé sa quiétude. Dans un premier acte, un individu a projeté de la peinture acide sur la toile, infligeant des dégâts significatifs à l'œuvre. Puis quelques mois plus tard, le 30 décembre 1956, un jeune Bolivien nouvellement installé en France a lancé une pierre en direction du tableau. Un acte de protestation contre l’Etat dans la mesure où il venait de se faire refuser un titre de séjour permanent. Le projectile a brisé le verre de protection, provoquant des éclats qui ont endommagé le bras gauche de la Mona Lisa, nécessitant une restauration ultérieure. En réponse à ces actes de vandalisme, des mesures de protection renforcée ont été mises en place. Désormais, La Joconde réside dans un caisson sécurisé, bénéficiant d'une protection supplémentaire grâce à une vitrine blindée, afin de prévenir tout risque de dégradation future. Ces événements ont souligné la nécessité de renforcer la sécurité autour de ce chef-d'œuvre emblématique, démontrant que même l'art n'est pas à l'abri des aléas du temps et des actions humaines.

1974 : Une femme attaque le tableau avec un spray de couleur rouge lors de son exposition au musée national de Tokyo

En dépit des épreuves antérieures, La Joconde a continué son tour du monde en prêtant son charme à diverses expositions, dont celle qui s'est déroulée à Tokyo en 1974. Cependant, l'événement a pris une tournure inattendue lorsqu'une visiteuse en fauteuil roulant a décidé de faire entendre sa voix. Au cœur de l'exposition tokyoïte, cette femme a choisi La Joconde comme toile de ses revendications, lançant un éclat de peinture rouge en direction de ll'œuvre. Son geste, audacieux, visait à attirer l'attention sur l'absence de rampes d'accès pour les personnes en situation de handicap dans le musée. Bien que la substance n'ait pas touché la précieuse toile, l'incident a résonné comme un écho dans le débat sur l'accessibilité et a mis en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes en situation de handicap lorsqu'elles explorent les lieux culturels.

2009 : Une visiteuse russe armée d'un mug lance son projectile sur la vitre de protection, laissant une légère trace d'impact

En 2005, une nouvelle ère de protection a été inaugurée pour La Joconde, avec un investissement colossal de 5 millions d'euros dédié à sa sécurité. L'icône de Léonard de Vinci a été enveloppée dans un bouclier moderne, une vitre blindée imposante mesurant quatre mètres de hauteur sur deux mètres de large, érigeant ainsi une barrière infranchissable entre l'œuvre et d'éventuels actes de vandalisme. Cette précaution prévoyante a révélé toute son utilité lors d'un incident en août 2009 au Louvre. Une femme, originaire de Russie, en proie à la frustration de ne pas avoir obtenu la nationalité française, a décidé de faire résonner son mécontentement d'une manière pour le moins inattendue. Elle a lancé une tasse vide en direction de La Joconde, un geste empreint de désespoir et de revendication. La vaisselle a violemment percuté la vitre blindée, laissant une légère éraflure comme un témoignage du geste de frustration. Heureusement, grâce à cette protection renforcée, la Joconde est ressortie indemne de cette  nouvelle attaque symbolique.

2022 : Un homme tente d'entarter la Joconde avec un gâteau à la crème au nom de la cause écologiste

Le 29 mai 2022, La Joconde a été la cible d'une scène aussi surprenante qu'inédite. Un jeune homme, déguisé en vieille dame et se présentant comme un fervent défenseur de la cause environnementale, a pris l’oeuvre pour cible  avec une tarte à la crème. Déployant une mise en scène déconcertante, il s'est levé de son fauteuil roulant, déguisé de la tête aux pieds avec une perruque et une casquette. Son geste, au-delà de l'aspect loufoque, était accompagné d'un appel passionné en faveur de la protection de la planète. "Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre (...) Tous les artistes, pensez à la Terre. C'est pour ça que j'ai fait ça", a-t-il clamé, évoquant ainsi un acte de protestation artistique. Son tir de tarte à la crème et sa tentative de briser le verre protecteur de la toile, ont créé un moment d'intrigue et de confusion au cœur du musée.

2024 : Deux militantes écologistes aspergent la Joconde de soupe

La dernière attaque en date contre La Joconde s'est déroulée hier, le 28 janvier 2024, orchestrée par deux militantes écologistes. Dans un geste à la fois audacieux et irrévérencieux, elles ont aspergé le chef-d'œuvre de Léonard de Vinci de soupe, à la plus grande surprise des visiteurs. Arborant des tee-shirts affichant le logo du collectif écologiste "Riposte alimentaire", les activistes ont profité de l'attention médiatique pour afficher leur message : « Qu'est-ce qu'il y a de plus important ? L'art ou le droit à une alimentation saine et durable ? ». À travers cette mise en scène, elles ont mis en lumière les enjeux cruciaux liés à la faim et à la durabilité alimentaire, dénonçant avec véhémence les dérives du système agricole actuel. Une situation qui, cependant, a été gérée par le personnel du Louvre avec une remarquable sérénité, démontrant la mise en place d'un protocole bien rodé. Malgré les efforts du Louvre pour la protéger, il est évident que La Joconde n'en finit pas de servir de défouloir. Son statut emblématique en a fait une muse involontaire pour des protestations variées, soulignant la capacité de l'art à transcender son propre cadre pour devenir une plateforme d'expression et de changement. En espérant que les prochains activistes lui seront un peu plus respectueux.