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17 ans après la sortie de "Marie Antoinette", Sofia Coppola modernise la cour française

Près de vingt ans après la sortie du film culte, la garde-robe de la reine était bien plus qu'un choix de production

17 ans après la sortie de Marie Antoinette, Sofia Coppola modernise la cour française Près de vingt ans après la sortie du film culte, la garde-robe de la reine était bien plus qu'un choix de production

Une fusion sans effort entre le modernisme post-punk et le rococo du 18e siècle caractérise le film de Sofia Coppola, Marie Antoinette, sorti en 2006. Inspiré de la biographie d'Antonia Fraser, Marie Antoinette: The Journey, un récit intense et bien documenté de la vie de la reine de France, l'interprétation de Sofia Coppola s'éloigne de la rigidité souvent associée aux drames d'époque. « Mon objectif principal n'était pas de créer une grande épopée historique... Je voulais vraiment me concentrer sur une approche plus impressionniste, en racontant son point de vue... », explique la réalisatrice dans un extrait du DVD consacré aux coulisses du film. À seulement 14 ans, Marie-Antoinette, née Maria Antonia, a été envoyée pour épouser le Dauphin de France. Sofia Coppola s'est intéressée à l'esprit adolescent de la nouvelle Dauphine, créant ainsi un mélange audacieux de MTV et de la Cour de Versailles. La bande-son est tout simplement exceptionnelle, mettant en avant des groupes tels que The Cure et New Order ainsi que des artistes plus contemporains comme Aphex Twin. Le choix des chansons dicte l'humeur, le sentiment et le style du film. Peut-être en clin d'œil au mouvement post-punk, qui a réintroduit l'appréciation de la mode, à l'opposé du mouvement punk original, Coppola a inclus des morceaux de Bow Wow Wow. Ce groupe créé par Malcolm McLaren en 1980 visait à mettre en valeur les créations de Vivienne Westwood, offrant une réinterprétation du maximalisme et de la costumerie.

L'un des aspects les plus captivants et accrocheurs du film réside dans son style et sa mode. L'approche audacieuse de Coppola envers ce récit historique a permis une modernisation audacieuse de la cour de France, injectant une nouvelle vie dans les codes vestimentaires classiques à travers les couleurs, les formes et les accessoires. En réalité, Coppola a réussi à réécrire l'histoire, présentant Marie-Antoinette, souvent appelée la "reine du déficit", comme une jeune fille influençable cherchant sa place dans un monde étranger. Pour donner vie à son interprétation, Coppola s'est associée à la célèbre costumière italienne Milena Canonero, réputée pour son travail sur des films emblématiques tels que 'A Clockwork Orange' de Stanley Kubrick, 'The Cotton Club' de Francis Ford Coppola et 'The Life Aquatic with Steve Zissou' de Wes Anderson. Selon Canonero, Coppola avait une vision précise : «Elle ne voulait pas d'un look classique. Elle m'a demandé de trouver une autre solution, ce que j'appelle la stylisation. Certains éléments sont symboliques, d'autres sont stylisés, mais d'autres encore sont très physiologiques». Les sources d'inspiration étaient nombreuses. À la fin du XVIIIe siècle, un engouement pour la mode émergeait, avec Versailles comme épicentre. Rose Bertin, couturière et styliste de la reine, était souvent tournée en dérision par le public français, bien qu'elle ne soit pas présente dans le film, son influence sur Marie-Antoinette est palpable. Ainsi, il existait déjà une abondance de matériel inspirant. Sous l'apparence de l'opulence, à travers des tissus rares et des couleurs riches, les costumes du film illustrent la raison pour laquelle la Bastille a été prise d'assaut. Valant des millions d'euros en comparaison des habits de campagne traditionnels portés par les citoyens français de l'époque, la Dauphine, puis plus tard la Reine, ont fièrement exposé le talent des couturiers français. N'oubliez pas que ce choix vestimentaire a valu à Milena Canonero l'Oscar de la meilleure création de costumes.

 

Couleurs qui évoquent l'innocence

 

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Coppola a offert à sa costumière une boîte de macarons Ladurée, chacun conçu dans une couleur qu'elle souhaitait mettre en avant, un clin d'œil ironique à la célèbre phrase attribuée à la Reine pendant le déclin économique du pays : "Qu'ils mangent de la brioche" (un fait vivement contesté). Les historiens soulignent que la cour française adoptait facilement la couleur dans sa garde-robe, mais l'interprétation de Coppola a marqué une nouvelle ère. La garde-robe de Marie-Antoinette (interprétée par Kirsten Dunst) est un mélange de délice et de décadence, avec une palette de couleurs sucrées, allant des roses champagne aux crèmes pâtissières. La scène emblématique de shopping en est l'exemple parfait, un festin visuel où l'on voit Marie-Antoinette et ses proches aristocrates se délecter des plus beaux tissus, robes et chaussures que la France avait à offrir, le tout sur l'air de "I Want Candy" de Bow Wow Wow. Coppola fait un clin d'œil malicieux à la culture contemporaine dans cette scène, en montrant rapidement des chaussures de style XVIIIe siècle avec une paire de Converse violet lavande en arrière-plan. Tout en conservant certains éléments historiques, l'une des premières scènes du film présente Marie-Antoinette lors de sa première apparition à la cour de France. Pour ce look, Canonero s'est inspirée du célèbre portrait de la dauphine réalisé par Joseph Ducreux et Jean-Baptiste Charpentier le Vieux. Dans l'interprétation du film, la tenue est réimaginée dans un bleu plus clair, presque enfantin, soulignant ainsi sa jeunesse. Plus tard, l'actrice est vue à l'église vêtue d'un ensemble rose barbe à papa, une couleur sans aucun doute novatrice en France à l'époque. En opposition aux tenues vibrantes de Marie-Antoinette, celles de ses manipulateurs se déclinent souvent dans des tons sourds tels que le noir ou le rouge bordeaux profond, illustrant davantage le point de vue de Coppola sur la Reine, ostracisée par sa communauté. Cette technique est particulièrement frappante lorsque le personnage principal est en confrontation avec Madame du Barry (interprétée par Asia Argento), la maîtresse du roi de l'époque. Qu'il s'agisse de son propre choix ou de celui des autres, cela reste à l'appréciation du spectateur.

 

Des formes qui évoquent le vieillissement et le temps

 

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Conformément aux récits historiques, de nombreuses robes étaient dotées de paniers, une caractéristique emblématique de l'époque. Les hanches étaient fortement galbées, compensées par le corset serré porté par presque toutes les courtisanes à cette époque, particulièrement lors des événements de la Cour. C'est particulièrement notable dans les scènes dépeignant le mariage entre la jeune Autrichienne et Louis XVI de France. Une crinoline spécifique exagérait la largeur des hanches, conférant une ampleur particulière à la robe. D'un point de vue avant-gardiste et moderne, la ligne de buste des robes de la reine semble devenir de plus en plus basse au fil du film, peut-être pour la faire paraître plus âgée. À mi-parcours du film, des changements significatifs sont observables. Lorsque la reine se retire dans son Petit Trianon, les robes adoptent un style plus campagnard. Elles se résument à des tenues blanches et crème simples, représentatives d'une vie champêtre modeste. Dans ce contexte, la forme est moins structurée, tout reposant sur le travail artisanal. Bien que cette approche diffère des couleurs vives et des vêtements ajustés portés par l'actrice principale dans la première moitié du film, le spectateur est confronté à l'idée de la reine et à celle de la jeune fille. Cela fait écho à l'opinion de Canonero selon laquelle certains choix vestimentaires ont une dimension psychologique.

 

Des accessoires qui évoquent la décadence

 

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Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention des spectateurs, ce sont les accessoires opulents choisis pour le film. Les chaussures, conçues par Manolo Blahnik et Pompei, sont soigneusement mises en avant à l'écran lors de la célèbre scène de shopping mentionnée précédemment. Qu'il s'agisse d'escarpins ou de talons ornés de boucles et de plumes incrustées de bijoux, les chaussures occupent une place de choix lors de l'analyse de la garde-robe. Le choix des coiffures représente un défi historique encore plus grand. Les portraits d'époque montrent que la reine et ses comparses portaient souvent leurs cheveux en hauteur, dans ce que l'on appelait des "poufs". Ces coiffures élevées étaient composées de gaze et de faux cheveux insérés entre les mèches. Souvent agrémentées d'accessoires, comme en témoigne la scène de shopping où l'une des stylistes de la reine fixe de petits oiseaux ornés sur ce qui semble être un pouf d'une trentaine de centimètres de long. Cependant, les coiffures des actrices principales varient entre ces poufs élaborés et des looks plus sobres, où leurs boucles tombent en cascade au lieu d'être relevées. Il s'agit là encore d'une manière subtile de souligner l'âge de la reine plutôt que sa stature. En ce qui concerne les bijoux, Fred Leighton a été sollicité par la production, se concentrant principalement sur les boucles d'oreilles. Kirsten Dunst porte rarement des colliers, un écart par rapport à l'exactitude historique.

Depuis sa sortie, bien qu'il n'ait pas connu un grand succès au box-office, le film a acquis un statut culte. Il séduit tant les passionnés de mode que les amateurs d'histoire. L'histoire de cette jeune fille envoyée d'Autriche en France pour aider à gouverner le pays est et sera toujours scrutée attentivement. Mais ce que nous apprenons peut-être le plus du film et de ses choix vestimentaires, c'est le portrait d'une jeune fille plutôt perdue. Dans ce qui est peut-être l'une des meilleures réussites marquant l'union entre histoire et modernité, ce film est un paradis pour les passionnés de mode, laissant derrière lui un coffre aux trésors rempli de références à décortiquer et à réinterpréter.